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Nord du Mali : un air de vengeance à Gao après le départ des "terroristes"
Publié le jeudi 31 janvier 2013  |  AFP


Djihadistes
© AFP
Djihadistes d`Ansar Dine dans le Nord du Mali


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GAO (Mali) - "Les Arabes sont partis. Ils ont eu de la chance car nous leur réservions un triste sort", lâche Ousmane, un petit commerçant. Un climat de vengeance règne à Gao, dans le nord du Mali, où les Arabes mais aussi les Touareg sont vus comme les complices des "terroristes" d`hier.

Portes et fenêtres ont été arrachées: le grand magasin a été pillé par des habitants après la prise de la ville (1.200 km au nord-est de Bamako) par les armées française et malienne le 26 janvier. D`innombrables sacs de farine ont été emportés, selon des riverains. Il ne reste plus rien, seulement une couche de farine par terre.

Ce magasin du sud-est de Gao était la propriété d`un membre de la communauté arabe, très puissante dans le commerce local. Vers le grand marché, des boutiques appartenant à des Arabes ont aussi été mises à sac ou fermées à la hâte.

Après le départ des jihadistes du Mouvement pour l`unicité et le jihad en Afrique de l`Ouest (Mujao), qui contrôlaient la ville depuis l`an dernier, de présumés "complices" des islamistes ont aussi été tabassés, faisant craindre, comme dans les autres villes libérées du Nord, des règlements de comptes généralisés.

Après les autorités maliennes et la France, les Etats-Unis et les Européens ont exprimé mercredi leurs craintes de représailles contre les Touareg ou les autres minorités ethniques accusées d`avoir soutenu les islamistes.

Dans les rues de Gao, on ne croise plus de Maliens à la "peau blanche", Arabes ou Touareg, deux communautés dont était issu le gros des effectifs jihadistes.

Terrés chez eux

"Beaucoup d`entre eux sont partis en brousse dans les campements nomades", explique à l`AFP Mahamadou Moussa, peintre en bâtiment. "Ceux qui ne se reprochent rien se terrent chez eux".

Parmi les populations noires, essentiellement songhaï et peul, l`hostilité déborde à l`égard de ceux qui sont considérés comme des "collaborateurs" des jihadistes.

"Si on les avait attrapés, c`en était fini pour eux", assure Ibrahim, un marchand.

"Dans l`immédiat, vivre ensemble ne sera pas possible, nous portons encore les stigmates des exactions", confirme Alassane Mamane sur la place de l`indépendance, rebaptisée "place de la charia" (loi islamique) par les hommes du Mujao, qui y pratiquaient les châtiments au nom de leur vision de l`islam.

Ce grand gaillard d`une bonne quarantaine d`années s`était fait appeler "le résistant" parce qu`il avait, un temps, tenu tête à ce groupe issu d`Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

"Ce qui a le plus choqué", selon Alassane Mamane, c`est que les jihadistes n`ont jamais "coupé la main ou le pied d`un Arabe ou d`un Touareg à peau blanche". "Une dizaine de personnes ont été amputées d`une main, cinq autres personnes ont eu un bras et un pied coupés et des prisonniers ont été égorgés", toujours des Noirs, affirme-t-il.

Dans un tel climat, les pouvoirs publics doivent d`urgence reprendre pied.
"Il faut que le plus rapidement possible la justice puisse s`installer" pour "éviter que les populations se fassent justice", reconnaît le gouverneur de Gao, le général Adama Diallo, de retour depuis mardi.

Les radios locales délivrent des messages d`apaisement, de même que des associations de jeunes et des responsables communautaires et religieux.

Assis devant sa maison dans une ruelle poussiéreuse, El Hadj Ibrahim, l`imam d`une mosquée du quartier de Sarkila (nord), raconte qu`"après chaque prière" il prône la "tolérance". "Ressaisissez-vous, ressaisissez-vous, restons soudés et unis", lance-t-il comme s`il s`adressait à ses fidèles. "Ne vous laissez pas emporter par la haine et la vengeance".
"Il ne faut pas qu`il y ait d`amalgame", souligne Bilal, un jeune. Pour lui, "ceux qui ont collaboré avec les islamistes doivent être arrêtés et jugés, mais les innocents doivent vivre tranquillement".

Et d`ajouter, à propos des Arabes: "ce sont nos frères malgré tout, et de riches commerçants. Sans eux l`économie de la région n`est rien".

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