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Affaire des 27 milliards de Soumaïla Cissé bloqués par l’Agence française de développement : Vérité ou cabale contre le chef de file de l’opposition malienne ?
Publié le samedi 7 mai 2016  |  Aujourd’hui
Conférence
© aBamako.com par A.S
Conférence de presse de Soumaila Cissé
Bamako, le 30 juillet 2015. Le chef de file de l’opposition malienne, honorable Soumaila Cissé était face à la presse à la Maison de la presse. Objectif : échanger avec les hommes de media sur le statut de l’opposition, le rôle du chef de file et donner son point de vue sur l’actualité au Mali




Depuis exactement une semaine, les projecteurs sont braqués sur l’ex-président de la commission de l’Uemoa et non moins chef de file de l’opposition politique, l’honorable Soumaïla Cissé, député élu à Niafunké. L’actualité nationale est en effet orientée vers un ancien dossier de détournement de fonds réchauffé par le journal sénégalais “L’Observateur”. Info ou intox ?

Depuis que le quotidien sénégalais, “L’Observateur” en a fait la révélation vendredi dernier, l’affaire dite des forages fictifs et qui porte sur un détournement de 2,5 milliards de Fcfa par le chef de file de l’opposition malienne, Soumaïla Cissé (à l’époque président de la commission de l’Uemoa), fait des vagues. Elle occupe les discussions de grins et fait l’objet d’analyses diverses et variées entre ceux y voient une part de réalité et ceux qui pensent que c’est une cabale contre le président de l’Urd qui prend de plus en plus du galon. L’affaire a déjà pris les allures de règlements de compte politiques avec le parti majoritaire, le Rpm, qui demande à Soumaïla Cissé de s’expliquer devant le peuple malien et l’opinion publique internationale. L’intéressé reste imperturbable depuis Johannesburg où il participe à une session du Parlement panafricain. Heureusement que le directeur national de la Bceao, Konzon Traoré, précise qu’il n’est pas au courant de cette affaire, dans un entretien accordé à un journal de la place.



Il s’agit d’une enquête sur le financement de 300 forages de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) par l’Agence française de développement (Afd) d’un coût de 2,5 milliards de Fcfa pour le compte du Sénégal. Selon le confrère sénégalais, l’enquête conduite par la Cour des comptes de l’Union, révèle que plusieurs puits n’ont pas vu le jour et d’autres ont été jugés fictifs. Par conséquent, l’Afd bloque un transfert, de la Bceao vers Ecobank, de 27 milliards de Fcfa de Soumaïla Cissé. Ça, ce sont les faits tels que relatés par le journal sénégalais. Quelle est la part de vérité dans ce dossier ? L’opposant malien a-t-il réellement été mouillé dans le détournement ou la gestion opaque de ce fonds de 2,5 milliards libérés par l’Afd pour soulager les populations sénégalaises en manque d’eau potable ? A-t-il essayé de transférer 27 milliards de la Bceao vers Ecobank ? Qu’en est-il du blocage de ce transfert par l’Afd ? Autant de questions que plusieurs personnes se posent à nouveau avec l’affaire qui revient au-devant de la scène sous régionale, après avoir été déjà suffisamment ébruitée en fin 2011-début 2012.

Pourtant à l’époque, une bonne partie de ces interrogations semblait avoir trouvé réponse. En effet, selon un membre du Bureau politique national de l’Urd (le parti de Soumaïla Cissé), un double audit commandité par l’Uemoa avait produit des rapports non accablants. D’où l’abandon du dossier qui était quasiment classé sans suite. Pourquoi ressurgit-il près de cinq ans après ? C’est justement ce qui fait penser à une cabale contre l’opposant malien, de l’avis de plusieurs observateurs et analystes politiques.

Dans tous les cas, aujourd’hui l’affaire a pris des implications politiques au plan national. Aussitôt annoncée, le Rpm, parti présidentiel, en fait ses choux gras et dénonce un scandale d’Etat qui est “loin de constituer un motif de fierté” pour le Mali. En conséquence, le parti du Président IBK interpelle vivement Soumaïla Cissé pour qu’il donne, à l’opinion publique nationale et internationale, les explications attendues sur cette gestion. Notamment en ce qui concerne l’objet du transfert de 27 milliards de Fcfa de la Bceao vers Ecobank ; et le caractère fictif des forages.

C’est la loi du talion : “Œil pour œil, dent pour dent”. Parce que, depuis l’arrivée du Président IBK à la tête du pays, Soumaïla Cissé, sous le double manteau de leader politique et de chef de file de l’opposition politique, n’a manqué aucune occasion pour dénoncer les dérives du pouvoir et les nombreux scandales qui ont émaillé sa gestion. Entre autres, l’achat de l’avion présidentiel (entre 16 et 21 milliards de Fcfa), le marché du contrat de fourniture d’équipements militaires (69 milliards porté à 108 milliards), les affaires de l’engrais frelaté (60 milliards) et des 1000 tracteurs (13 millions l’unité au lieu de 6 millions), les relations entre IBK et Michel Tomi, le parrain des parrains corse, l’application de l’Accord pour la paix et la réconciliation.

En protestation à toutes ces dérives, Soumaïla Cissé s’apprête à organiser, le 21 mai prochain, une grande marche populaire avec ses camarades et militants de l’opposition.

Le Rpm a donc logiquement bondi sur l’aubaine qu’offre cette affaire de puits fictifs qui salit son principal rival. Sinon, c’est l’occasion pour tous les fils de la nation, toutes sensibilités confondues, de s’unir autour de Soumaïla pour redorer son image. C’est ce qui fait d’ailleurs qu’aucun parti, même de la Majorité, ne s’est encore réjoui de la situation; hormis le Rpm.

Quant au camp de Soumaïla Cissé (lui-même actuellement en mission au Parlement panafricain en Afrique du Sud), il dénonce des accusations mensongères proférées dans le seul but de ternir l’image du président de l’Urd.

A.B. HAÏDARA
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