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Au rythme de la vedette : Recrudescence de conflits intercommunautaires : Qui veut embraser le Mali ?
Publié le mardi 10 mai 2016  |  le temoin
MNLA
© Autre presse par DR
MNLA (Mouvement National pour la Libération de l`Azawad)




A peine les accrochages intertribales se sont estompés dans le septentrion que le phénomène des clivages intercommunautaires rebondit à nouveau avec l’éclatement d’un autre conflit dans le Delta du fleuve Niger. Depuis semaines, en effet, la communauté peuhle de cette partie du Mali n’en finit pas de compter ses morts. On en dénombre plus d’une trentaine selon des sources officielles, mais des proches de victimes font état d’au moins d’une centaine d’origines et de de mobiles divers. On distingue par exemple les morts par des exécutions imputées à des porteurs d’uniforme, puis d’autres citoyens victimes des affrontement intercommunautaires qui gagnent en vigueur à un point tel que d’aucuns se croient autorisés à assimiler les dérapages à un pogrom. Et pour cause, il suffit d’afficher les apparences d’un croyant orthodoxe pour se trouver dans le collimateur de meutes sédentaires aux trousses de la moindre différence ethnique, au détour d’une soi-disant contribution à la lutte contre le terrorisme. En clair, tout ce qui dégage les relents d’Amadou Kouffa (ou qui en a simplement l’air) est systématiquement considéré comme une menace terroriste et risque d’être châtié comme tel. C’est ainsi qu’il y eut des arrestations massives dans la foulée au point que les prisons de la capitale regorgent de plus en plus de détenus de cet ordre au nombre desquels certains, faute de preuves tangibles, ont été finalement élargis par les juridictions appropriées.

En tout état de cause, le phénomène prend une ampleur d’autant plus considérable et préoccupante que, par-delà les morts, il produit déjà son lot de conséquences humanitaires, avec notamment des réfugiés qui commencent à affluer vers les pays voisins les plus proches au motif d’échapper à la sentence ultime. Et les médias internationaux en font naturellement leurs choux gras à travers des commentaires suffisamment alarmistes pour procéder d’une exacerbation des sentiments et du repli communautaristes. Car, en définitive, on ne saurait mieux jeter la communauté peuhle du Delta du Niger dans les bras du djihadiste Amadou Kouffa qu’en mettant le curseur sur le fond identitaire des clivages entre sédentaires Bambana et nomades – dont les divergences, pour séculaires qu’elles soient, n’ont jamais atteint les proportions de naguère.



Face à cette autre dimension que prend la crise malienne – au moment où on pense l’avoir résolue -, il nous revient que des enquêtes ont été ouvertes par les autorités maliennes qui, sur la question, paraissent toutefois moins actives que les différentes composantes de la communauté internationale présentes sur le terrain. MINUSMA et BARKHAN sont à pied d’œuvre, depuis quelques jours, pour prendre en compte les nouvelles évolutions dans la résolution de l’équation malienne. Des cadres et notoriétés de la communauté peuhle auraient même été approchés pour ce faire et il ne sera étonnant de voir les démarches se conclure par une Intégration de la dimension peuhle dans le règlement de la crise malienne, au risque de faire admettre que la problématique à les mêmes taille et profondeur que la question touarègue.

Est-ce une simple coïncidence que ce rebondissement des clivages intercommunautaires dans la ville de Tombouctou ? Au même moment où l’étiquette djihadistes faisaient des dizaines de victimes dans le Delta du Niger, la stigmatisation battait son plein dans la capitale de la 6 ème Région du Mali où les enlèvements et vols de véhicules ont soudainement agacé la population. De là à leur attribuer une couleur arabe ? en tout cas, le feu s’est rallumé suite à l’arrestation d’un jeune arabe pour tentative de rapt ratée et il n’en fallait pas plus pour occasionner un lever de boucliers d’une rare intensité entre habitants de Tombouctou : d’un côté les autochtones et de l’autre les commerçants arabes qui ont dû recourir aux armes pour protéger leurs commerces contre les menaces de saccage brandis par la meute sédentaire. Au bout de plusieurs jours d’hostilités, les parties ont finalement consenti à prendre langue dans les locaux de la Mairie, dans le cadre d’une concertation ayant débouché sur une reprise du cours normal des activités et de la cohabitation pacifique entre deux communautés qui se regardaient déjà en chiens de faïences.

Les hostilités se sont ainsi apaisées, mais elles en disent déjà long sur la nature des péripéties qui vont émailler le voisinage entre une région de Tombouctou essentiellement peuplée de Sonrais et celle de Taoudéni composée d’Arabes. Il y a lieu de se poser les mêmes questions quant aux problèmes susceptibles de résulter d’une proximité similaires entre d’autres régions, en cas d’effectivité du nouveau schéma de décentralisation préconisé dans l’Accord. Lequel accord semble pour le moins se résumer en un schéma de balkanisation qui comporte tout au moins les germes d’un éclatement apparemment programmé.

A KEITA
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