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Placement profond des engrais : Meilleure production agricole, couts et pollution des sols moindres
Publié le mercredi 11 mai 2016  |  L’Essor




Cette technique permet de réduire les importations de riz et d’engrais azotés et de diminuer leurs effets néfastes sur l’environnement Un atelier national sur le placement profond des engrais (PPE) s’est ouvert hier au Grand hôtel sous la présidence du ministre de l’Agriculture, Kassoum Dénon, et en présence de l’ambassadeur des Etats-Unis au Mali, Paul Folmsbee, du directeur national de l’agriculture, Moussa Camara, du président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, et de nombreux producteurs de riz.
Le placement profond des engrais dont l’IFDC est chargé de faire la promotion, consiste à placer un granule d’engrais compacté entre 4 plants de riz à 7-10 cm de profondeur. Le granule est placé 7 jours après le repiquage. La pratique du PPE donne les meilleurs résultats en conditions de sols lourds argileux avec une disponibilité permanente d’eau. Cette technique va fortement réduire les dépenses de l’Etat en matière de subvention des engrais et protéger l’environnement.

Dans notre pays, le projet est financé par l’USAID avec une enveloppe de 1,7 milliard de Fcfa. L’atelier, de deux jours, va permettre de partager les réalisations des deux premières années du projet dans les zones « Feed the Future » de Ségou, Sikasso et Mopti. Il va également donner l’occasion d’évaluer les obstacles à la vulgarisation du placement profond des engrais et de réfléchir aux stratégies et mesures de facilitation pour une diffusion à grande échelle de la technologie dans les périmètres rizicoles avec maîtrise de l’eau.

Fort de ses 2.200.000 ha de terres cultivables, dont plus de 1.800.000 ha dans la seule vallée du fleuve Niger, le Mali pourrait être le grenier à riz de l’Afrique de l’Ouest. Mais cette potentialité est contrariée par une faible utilisation des engrais. Pour le ministre de l’Agriculture, « l’utilisation des engrais en Afrique sub-saharienne est estimée à moins de 12 kg à l’hectare et les modes d’épandage inadaptés contribuent à réduire l’efficacité agronomique du peu d’engrais ». Kassoum Dénon a estimé que l’Afrique devait relever le défi de l’autosuffisance alimentaire et nutritionnelle, face à une population toujours grandissante et à un accès de plus en plus difficile aux ressources naturelles.

« Pour y parvenir, le seul moyen demeure la rationalisation de l’utilisation des ressources naturelles à travers une intensification judicieuse de l’agriculture, devant permettre d’augmenter les rendements agricoles sans empiéter les terres fragiles », a-t-il résumé. Les outils d’une telle intensification durable de la production agricole sont, de son point de vue, l’utilisation des variétés améliorées, la promotion des amendements organiques pour le maintien du taux d’humus du sol, l’augmentation de la qualité des engrais utilisés mais aussi une utilisation plus efficiente de ces engrais pour améliorer leur profitabilité et minimiser les effets négatifs de leur utilisation sur l’environnement.

La technologie du placement profond des engrais permet à terme de réduire à l’échelle nationale les importations de riz et d’engrais azotés, l’urée notamment, tout comme les effets néfastes des engrais azotés sur l’environnement, a souligné le ministre Denon. A ce propos, a-t-il indiqué, cette technique a permis à des pays comme le Bangladesh d’enregistrer une forte expansion des superficies cultivées en riz, une augmentation significative de la production rizicole, une réduction des importations aussi bien d’engrais que de riz et la protection de l’environnement.

L’ambassadeur des Etats-Unis au Mali, Paul Folmsbee, confirmant l’importance de cette technologie, a rappelé les défis que doit surmonter la profession agricole. « La pression démographique en Afrique force les producteurs à cultiver des terres qui ne sont susceptibles de donner de bons rendements que si l’on y pratique une agriculture intensive raisonnée. La faible capacité financière des producteurs et le coût élevé des intrants agricoles font que l’utilisation des engrais en Afrique est l’une des plus faibles au monde. Comme conséquence de cette faible utilisation des engrais, les rendements des cultures sont faibles et la production alimentaire n’est pas à la hauteur de la croissance démographique dans de nombreux pays africains », a constaté Paul Folmsbee. Le diplomate a conseillé une « utilisation efficiente des engrais » car, prévient-il, « une utilisation non raisonnée des engrais non seulement entraîne une pollution des nappes phréatiques, des eaux de surface et de l’atmosphère, mais également réduit la rentabilité et la profitabilité des investissements des producteurs ».

Pour l’ambassadeur américain, l’utilisation des PPE constitue un espoir pour les producteurs. « Les premiers résultats obtenus auprès de 11.400 producteurs sont très encourageants et enregistrent une baisse d’environ 40% de la quantité d’engrais utilisée sur le riz irrigué, et une augmentation de production de riz paddy de 30 à 40% par rapport à la pratique d’épandage de l’engrais à la volée», a-t-il précisé.

Paul Folmsbee a donc salué la tenue du présent atelier organisé pour réfléchir aux stratégies efficaces de promotion de la technologie du PPE à Sikasso, Mopti, Ségou et bientôt Tombouctou.

Le développement économique en Afrique repose sur les performances du secteur agricole qui emploie la majeure partie de la population active. Les ressources naturelles y sont fragiles et leur gestion précaire, de sorte que la productivité agricole reste parmi les plus faibles au monde. La baisse de la productivité des sols s’explique essentiellement par la gestion inadéquate de la fertilité de ces sols et la non maitrise de facteurs de production comme l’eau.

K. DIAKITE
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