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Mali-niaiserie: Que faire pour éviter de parler de la maladie du Président IBK ?
Publié le jeudi 12 mai 2016  |  Le Reporter
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© aBamako.com par Momo
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA




Le président IBK est-il gravement malade ? Le Mali entrera-t-il dans l’après-IBK ? Ces questions sont sur toutes les lèvres et dans les esprits des citoyens maliens. Mais nos convenances sociales aidant tout le monde feint de ne rien comprendre. Le pays est inquiet, car toutes les explications qu’on a données sur une opération bénigne, n’ont convaincu que les plus crédules d’entre nous. Le président est malade, s’il n’est pas en capacité de réfléchir et d’agir, cela joue sur notre destin commun ainsi que la situation générale du pays l’atteste.

En effet, le 13 avril 2016, un communiqué de la présidence de la République informe la nation que «le mardi 12 avril 2016, le Président Ibrahim Boubacar KEITA a été opéré, dans un hôpital à Paris, de l’adenome de la parathyroïde… une tumeur bénigne dont le traitement fait l’objet d’une routine médicale bien maîtrisée.»
Le président a quitté Bamako, le mardi 5 avril dans la matinée, son fils président de la Commission Défense de l'Assemblée nationale maintient sa tournée des camps militaires en particulier ceux dans les régions nord du Mali. Il y découvre malgré la loi de programmation militaire votée et ressassée à longueur de journée, l’état de délabrement de notre armée.
Quant à son épouse au même moment, elle continue à inaugurer des activités caritatives ainsi que l’attestaient les images diffusées par l’ORTM.
Au regard des activités débordantes des proches du chef de l’Etat, tout laisse croire que les rumeurs qui enflaient autour de la santé du président ne sont pas fondées. Puis vint le communiqué du gouvernement.
Du départ du président, le mardi 5 au 12 avril, aucune annonce, aucune explication n’était donnée sur cette absence. Le Conseil des ministres qui s’est tenu entre-temps a été présidé par le Premier ministre sans qu’aucune communication ne fasse cas d’un déplacement du président hors du Mali. Une atmosphère de flottement règne sur la République.
Il a fallu une semaine après, pour que le gouvernement daigne informer la nation sur l’état de la santé du chef de l’Etat. Le président IBK était-il encore dans la capacité de diriger les affaires de la nation pour raison de santé ?
En tout état de cause, les Maliens ont été privé de leur droit d'être informés sur l’absence de l'homme qui préside aux destinées de leur pays. Deux hospitalisations plus tôt en Turquie, en l’espace de quelques mois en 2015 avaient relancé les rumeurs sur la santé du président. Bien avant les écoutes qui ont, semble-t-il, établi que son ami Tomi, lui-même, veille sur lui, en Papa poule pour s’assurer de l’administration correcte et régulière des médicaments qu’il lui procure. Alors, le président IBK se porte-t-il bien ? Sur ce point son entourage se veut rassurant. Le communiqué du gouvernement aussi.
Il n’empêche, personne en observateur n’imagine que le chef de l’Etat se porte vraiment très bien. Qu’importe s’il dit lui-même le contraire dès son retour de l’hôpital parisien : «par la grâce du Tout-Puissant, je suis en très bonne forme». Des rumeurs et les agitations dans la cour qui parviennent aux oreilles indiquent une bataille de positionnement inhabituelle. Pourquoi ? En privé des responsables du Rassemblement Pour le Mali (RPM), son parti politique s’inquiètent. Le fils aîné du président est le point de départ de toutes les rivalités au sein de ce parti où sans avoir un mandat dans les instances dirigeantes, il s’est imposé comme le nouvel homme fort de l’Etat et du parti.
De même, dépassant largement ses attributions constitutionnelles de président de la commission de défense à l’Assemblée nationale, le fils du père apparaît de plus en plus comme le patron de notre armée nationale. Même des partis membres de l’actuelle majorité présidentielle en privé s’inquiètent d’une éventuelle «velléité de second mandat du président». Mieux, certains organisent leurs nouvelles migrations vers des pâturages lointaines face aux incertitudes. Mais, le temps n’est pas encore venu de «tuer le Roi» comme le dit si bien en privé certains des princes régnants du landerneau politique du pays.
Dans tous les cas, l’entourage du président veut par tous les moyens gagner du temps, le statu quo. Il n’envisage aucune perspective de mobilité ou d’ouverture interne face à l’orage ainsi que les déclarations du président à son retour le suggéraient ou le laissaient croire à son arrivée de Paris, pour donner un nouveau souffle à l’action gouvernementale.

Si l’on en croit à ce qui était écrit dans la presse lors du voyage du président en Turquie en 2015, les rumeurs sur l’état de santé du président seraient l’œuvre de ses proches. On sait désormais, ce que la fausse alerte de l’époque avait causé de dégâts collatéraux à notre pays. Il urge à tout prix d’éviter la réédition d’une telle situation. Mais que constatons ?
Au-delà de la maladie qui peut arriver à tout être humain, c’est l’immobilisme accentué du président depuis son retour parisien, le déficit de communication et l’excommunication d’une partie des Maliens qui inquiètent.
La stagnation dans laquelle baigne la gouvernance devient le ferment de toutes les dérives, le RPM, voire certains segments de la majorité présidentielle en panne d’action politique continue à accuser l’opposition de fomenter la déstabilisation du pouvoir.
Le parti présidentiel tombe dans la politique politicienne pendant que la nation sombre dans l’abîme à vue d’œil dans les localités de Koroguiri et de Maleimana. Il se fend d’un communiqué validant le faux. Peu lui importe l’incongruité du message pourvu que la finalité soit de salir un opposant. En oubliant l’adage selon lequel les vulgarités salissent autant ceux qui les écoutent que celui qui les vomit, le RPM a incarné toute la petitesse d’une certaine façon de faire de la politique dans notre pays.
Pour un parti qui a soutenu et encouragé l’Affaire de l’avion présidentiel, la surfacturation du marché d’équipements de nos forces armées et de sécurité, la corruption à ciel ouvert dans la résolution de la crise du Nord, pour un parti dont l’un des premiers responsables au moins est fortement impliqué dans l’affaire de l’engrais frelaté et le projet des 1000 tracteurs etc., plus personne dans la sous-région ne le respectera, après cette sortie qui prend le visage d’un hommage du vice à la vertu.

Pire, le président à son retour parisien, la rancune tenace, s’empresse de recevoir en audience sa majorité, la remercie de son soutien avant d’indiquer à certains triés sur le volet que l’opposition prépare contre lui un complot de l’extérieur. Rien de nouveau diriez-vous, le RPM l’avait déjà dit. Venant du président, on peut toujours parler d’un syndrome post-opératoire, la nation n’en sera pas pour autant rassurée. La manœuvre vise manifestement à maintenir celle-ci dans un immobilisme asymétrique.
Le centre du pays est au bord de la guerre civile. Les affrontements entre éleveurs et agriculteurs, phénomènes aussi vieux que les récits de la Bible, font l’objet de toutes les manipulations politiciennes de la part du gouvernement et du parti présidentiel.
Le RPM, le parti présidentiel, se fend d’un communiqué totalement inutile et incompréhensible au regard des enjeux et de la responsabilité du gouvernement qui a totalement délaissé la zone concernée entre les mains des hommes de Amadou Koufa, créant ainsi dans l’esprit de toutes les populations, le sentiment d’abandon.
C’est ce sentiment d’abandon qui est à la base de toutes les velléités d’autodéfense des différentes communautés. Les affrontements intercommunautaires depuis le 3 mai dans la région de Mopti relèvent de la seule responsabilité du gouvernement qui a continuellement dégarni la défense et la sécurité dans les cercles de Tenenkou et Macina. La nation est en danger !
Comment s’étonner dans un tel climat qu’à Bamako désormais tout le monde veuille marcher ou partir en grève. L’opposition se décide finalement à battre le macadam le 21 mai prochain, tous les syndicats menacent, réchauffent les revendications, l’université sombre dans la violence manipulée par les différentes factions du parti présidentiel.
Après trois années blanches dans l’inaction et en matière de réalisations, on peut soutenir que la présidence de la République et le gouvernement, sur l’ensemble du territoire, sont en grève d’initiatives depuis fort longtemps. La Maladie du président ne vient qu’alourdir le silence et le sentiment d’abandon de toutes les contrées du Mali.
En tout état de cause, la rumeur qui a envahi Bamako lors du départ à Paris, pose sérieusement la question du droit du peuple à être informé sur l’état de la santé réelle de son président.
Dans une démocratie qui se veut moderne, le président se doit d’informer la nation sur l’état de sa santé, cette obligation est encore double pour celui qui avait placé son mandat sous le sceau de la transparence, une électorale, on le sait déjà non tenue.
Souleymane KONE
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