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Dr. Moussa Sissoko, président de l’association pour le développement économique, social et culturel du cercle de Bafoulabe : « Nous avons des potentialités naturelles qui sont sous –exploitées » « Il faut de l’agressivité de la part de l’Etat pour me
Publié le jeudi 12 mai 2016  |  MALI sadio




Selon le Dr Moussa Sissoko, le cercle de Bafoulabé regorge de potentialités naturelles, mais sous--exploitées. Les sites touristiques ne sont pas valorisés, ils sont voire méconnus par le grand public. Pourtant, c’est l’un des plus vieux cercles en République du Mali créé en 1887, plus ancien que le palais de Koulouba. Le problème scolaire est un sujet préoccupant pour le premier responsable de l’association, surtout en ce qui concerne le lycée de Bafoulabé dont l’effectif ne fait que chuter d’année en année. En outre, malgré la présence d’usines, il n’y a pas d’impact sur le plan économique dans le cercle. Dans cette interview, le président de l’ADB fait le diagnostic du développement du cercle.
MS : Qui êtes –vous ?
Dr. MS : Je m’appelle Dr. Moussa Sissoko, Président de l’Association pour le Développement Economique, Social et Culturel du Cercle de Bafoulabé (ADB) non moins Directeur de recherche.
MS : Pouvez-vous nous parler un peu de l’ADB?
Dr. MS : L’Association pour le Développement Economique, Social et Culturel du Cercle de Bafoulabé est une ancienne association. Sa création remonte de très loin. Elle est fonctionnelle depuis les années 1990. Bien avant cela, l’ADB est un peu la composition de l’ensemble des associations communales. En effet, chaque commune a une association de ressortissants. Ce sont les 13 associations qui forment l’ADB et toutes les communes sont représentées dans le bureau, pour permettre aux uns et aux autres d’apporter les informations au niveau de leurs communes respectives. Ce bureau comprend 82 membres.
Les objectifs de l’ADB sont entre autres de : permettre aux ressortissants du cercle de mieux se connaître ; s’atteler au développement du cercle de Bafoulabé, en quelque sorte promouvoir le développement du cercle; favoriser l’entraide entre ses adhérents ; apporter son appui qui est multifonctionnel aux différentes structures au niveau du cercle.
L’ADB vient en appui aux structures locales. C’est l’interface que l’association joue entre le cercle et les autorités nationales.
MS : Peut-on savoir quelques-unes de vos actions ?
Dr. MS : Les actions réalisées sont multiformes. De sa création à maintenant, l’ADB s’est beaucoup investie dans le règlement des conflits, par exemple. Les bureaux passés se sont investis dans le règlement des conflits au niveau local. L’association appuie également les structures locales chaque fois qu’il y a une délégation de haut niveau se rendant à Bafoulabé.
Avec le bureau actuel, l’ADB a effectué une visite dans toutes les 13 communes et rencontré l’ensemble des responsables locaux des 13 communes du cercle, pour expliquer les objectifs de l’association et s’imprégner des problèmes du cercle. Pour mieux connaître la situation des services et des différents partenaires sur place (les services étatiques, les autres partenaires au développement). L’association peut aider la base à élaborer certains projets de développement.
Nous sommes dits qu’étant composée des différentes expertises, que par exemple l’ADB peut concevoir pour le cercle des projets. C’est ainsi que la dernière action est venue suite à un appel à candidatures de l’Union Européenne. L’ADB s’est mise en consortium avec deux associations du cercle, pour présenter un projet sur l’appui à la sensibilisation sur l’émigration clandestine.
Ce projet a été agréé, dont le lancement officiel des activités du projet a eu lieu le 23 avril dernier à Bafoulabé. Les activités phares de ce projet sont un peu le plaidoyer, pour sensibiliser les populations sur l’émigration clandestine, des assemblées villageoises au moins dans 13 localités, aussi les ateliers communaux ; une caravane pour mieux sensibiliser la population ; les conférences-débats, même les tables rondes. D’ailleurs, une première table ronde a eu lieu à Bafoulabé-ville.
MS : Quelles sont les difficultés auxquelles l’association est confrontée ?
Dr MS : Vous savez que les associations n’ont pas de ressources en général. Les ressources sont les cotisations des membres. Il y a un léger mieux dans le paiement des cotisations, mais vu le niveau de cotisation, cela ne peut pas faire tourner à 100% une association. C’est toujours ce problème financier auquel nous sommes confrontés. Un autre problème, c’est qu’il n’y a pas une affluence massive pendant les rencontres. En dehors de cela, il n’y a pas d’autres difficultés majeures.
MS : Le cercle de Bafoulabé est l’un des plus vieux cercles en République du Mali créé depuis 1887 mais le comble, c’est qu’ il n’est pas développé. Malgré l’existence des usines, du barrage de Manantali dans ce cercle. Pourquoi ce déséquilibre ?
Dr MS : Le développement, c’est un sujet à débat. Mais, ce qui est sûr, Bafoulabé n’a pas atteint le niveau de développement souhaité. Le retard dans le développement a différentes causes. Présentement, si nous prenons les usines et autres que vous avez citées qui sont quand même des signes de développement, la question que l’on se pose est : Qu’est-ce que ces usines rapportent à Bafoulabé ?
Même au niveau micro, est-ce que les populations sentent la présence de ces usines-là ? Ce n’est pas évident du tout. Le retard de Bafoulabé, c’est à plusieurs ordres. Nous avons des potentialités naturelles qui sont sous–exploitées. Voici une zone où nous avons pleins des bas-fonds. Nous avons effectivement procédé au recensement de ces bas-fonds. Vous ne trouverez pas une seule commune dans le cercle où il n’y a pas deux ou trois plaines aménageables, mais qui ne sont pas aménagées. Du coup, c’est un frein au développement rural de la zone.
Mais, en fait qui doit aménager ? Ce ne sont pas les populations qui doivent aménager. Il faut de l’agressivité de la part de l’Etat, pour mettre en valeur ces différents espaces agricoles qui sont là. Puisque ce n’est pas le cas, il y a un retard dans le développement rural au niveau du cercle. Il y a les efforts qui sont en train de se faire.
Nous avons entendu parler de l’aménagement de l’OMVS si nous prenons le PDIAM, l’ADRS et au niveau de Manantali, un périmètre ‘’B’’ a été aménagé ce qui fait 680 ha. Ce périmètre n’est pas exploité à souhait, pour des difficultés souvent d’ordre technique. Au niveau de Mahinading, il y a un autre périmètre ‘’ périmètre GH’’. Sur 880 ha, 200 hectares sont aménagés qui sont exploités à fond et les 680 ha restent non aménagés, alors qu’il y a eu des fonds déjà engloutis là-dedans.
Le problème de Bafoulabé est dû à la non maîtrise de l’eau. On ne maîtrise pas l’eau, dans le cadre de l’agriculture de semi production agricole. Tout le monde sait que la pluviométrie ne suffit plus.
La première difficulté est la sous exploitation des potentialités naturelles agricoles qui freine le développement du cercle. Pour lever ces contraintes, il faut des aménagements. Avec les potentialités naturelles que nous avons, Bafoulabé peut s’auto suffire avec les différents bas-fonds si on les aménage au niveau du cercle.
Sur un autre plan, quand vous prenez le secteur touristique, le cercle regorge de sites touristiques, mais qui ne sont pas valorisés et du coup cela fait qu’il y a un autre trésor qui dort. Pour ce faire, il va falloir le réveiller. Nous devons tous nous investir dans ce domaine, puisque le tourisme peut faire vivre une zone.
Il y a des sites historiques dans le cercle de Bafoulabé ( le Tata de Koundian, la première école de Bafoulabé qui a été construite à Babaroto par les colonisateurs, des cimetières des colons ; le Rapide de Douly ; la chute d’eau de Oualia appelée Dioutouma, la légende de Mali Sadio ; la rencontre de deux fleuves à Bafoulabé (Bafing et Bakoye) ; la Légende de Siranguédé à Tomora où tout son cortège de mariage a été transformé en pierre et sa statuette existe aujourd’hu ;; la légende de Samboutouba à Tambaféto ; le fameux arbre sous lequel Samory Touré attendit le train à Dioubéba) . Tous ces sites touristiques méritent d’être valorisés et peuvent attirer les touristes, mais nous ne faisons rien dans ce domaine.
Sur le plan artisanal, c’est la même chose, car il n’ y a même pas de maison des artisans dans le cercle de Bafoulabé. Selon les spécialistes, il y a d’ores et déjà 34 corps de métiers qui sont sous-exploités. Du coup, Bafoulabé souffre de la non valorisation de ces ressources-là.
Les causes du sous- développement sont diverses. L’autre plan de développement, c’est Que c’est une zone de forte émigration. L’émigration a ses avantages et a ses inconvénients. Quand elle n’est pas bien organisée, cela peut conduire à des effets pervers. Malgré tout, ce sont ces migrants qui font vivre les parents restés aux villages. L’autre effet pervers, cela peut démobiliser sur le plan travail car ces derniers n’attendent que le mandat.
Du coup ça peut jouer sur la production. Les gens sont devenus des consommateurs et non producteurs et cela n’est pas du tout bon. Selon les statistiques, on s’est rendu compte que dans les montants que les émigrants envoient, seulement 10% sont injectés dans l’investissement. On doit inverser cette tendance, si l’on veut que Bafoulabé profite de la manne financière, en leur donnant une autre orientation.
Dans le domaine scolaire, à ce niveau, voici une zone qui a formé beaucoup de cadres. Mais il n’y a pas de visibilité des actions posées par des natifs du cercle de Bafoulabé, qui ont fait des études intéressantes. Du coup, on sent comme si Bafoulabé avait été un peu délaissé par ces cadres-là. Il faut que chacun revienne et apporte sa pierre à l’édifice.
Le taux de scolarisation du cercle est un peu à l’image du pays. Ce qui me semble maintenant préoccupant, c’est le Lycée de Bafoulabé, dont l’effectif ne fait que chuter. Chaque année çà diminue. C’est un lycée qui est à moins de 200 élèves. Depuis sa création, l’effectif du lycée ne fait que baisser. L’Etat ne peut pas continuer à entretenir des lycées pareils. Il faut réfléchir à cela. A ce rythme, dans 10, 15 ans, ce lycée va fermer ses portes. Voilà un peu Bafoulabé confronté à ce problème.
M S : Quelles solutions préconisez-vous pour transformer en produits palpables et pour que le développement économique, social et culturel du cercle de Bafoulabé soit une réalité ?
Dr. MS : L’enjeu majeur est de transformer ces potentialités en produits palpables. Si l’on aménageait toutes ces plaines, ne serait-ce que les 50%, nous pourrions atteindre l’autosuffisance alimentaire. A partir du moment où nous avions une politique agricole, nous avons opté pour la maîtrise de l’eau. Peut-être, c’est à nous aussi de faire un lobbying, pour faire mieux connaître ces potentialités du cercle. Pour pousser les autorités à s’investir davantage dans la valorisation de ces potentialités.
Tant que nous ne changions pas de pratiques agricoles, surtout liées à la pluviométrie, nous n’allions jamais trouver des difficultés dans ce secteur. Ce n’est pas normal, les potentialités sont là. Avec une bonne politique agricole de mise en œuvre des actions agricoles, nous pouvons faire un bon en avant. Le cercle aura son autosuffisance alimentaire et même exportera vers d’autres régions du pays.
C’est un enjeu majeur qui est là. Notre rôle, en tant qu’association, est de mettre ces informations à la connaissance des décideurs. Chacun doit jouer son rôle dans ce sens–là. Nous ne pouvons pas continuer à ignorer ces différents sites touristiques. Le tourisme est un secteur porteur. A Bafoulabé, deux fleuves se rencontrent.
Si nous avions des opérateurs économiques avisés qui ont de l’argent, le site de Babaroto est site idéal pour développer le tourisme et faire des installations hôtelières. Si nous valorisons ce site, nous pourrions drainer au niveau de Bafoulabé le monde entier pour le tourisme. Nous croyons que c’est faisable et ce rêve peut être réalisé.
M S :Votre mot de la fin ?
Dr MS : Je ne fais que vous remercier pour l’initiative.
J’invite les cadres du cercle de Bafoulabé à la cohésion sociale, à l’unité. Nous avons tous intérêt à dépolitiser nos visions et nos actions en direction de Bafoulabé. Je lance un appel pressant à tous les ressortissants du cercle de Bafoulabé : Que chacun apporte sa pierre à l’édifice.
Entretien réalisé par David Keita
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