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Mali: à Tombouctou, pénuries et haines ethniques dans l`ex-"perle du désert"
Publié le vendredi 1 fevrier 2013  |  AFP




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TOMBOUCTOU (Mali) - Réseaux d'eau et d'électricité sabotés, flambée des prix alimentaires et de l'essence, chômage: la vie à Tombouctou, la "perle du désert" malienne qui ne mérite plus guère son nom, est rude. Et avec les haines ethniques qui couvent, l'avenir s'annonce sombre.

Tombouctou avait été prise en avril 2012 par les Touareg indépendantistes
du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), supplantés par les
groupes armés liés à Al-Qaïda en juin.

Aujourd'hui, les rues en partie ensablées restent souvent vides, hormis
quelques artères commerçantes, et presque aucune voiture ne circule: beaucoup
ont été réquisitionnées par les islamistes qui se sont enfuis le week-end
dernier, et l'essence est chère.

"Economiquement c'est une catastrophe. Nous vivons dans la misère. On vient
juste de reprendre nos activités", résume Baba Abdou Touré, dit "Bat", un
restaurateur.

Même l'argent liquide se fait rare: les "fous de Dieu" avaient fermé toutes
les banques, interrompant les flux financiers. Ils avaient fermé aussi les
hôtels pour touristes, lieux de perdition, selon eux, ainsi que les bars, les
écoles...

Toutes ces interdictions ont mis au chômage des milliers d'habitants.
A l'hôpital local, le docteur Ibrahim Maïga est désabusé: "On manque de
tout, médicaments, médecins, infirmières". Selon ses dossiers, 10 des 21
centres de santé du district de Tombouctou n'ont plus aucun personnel.

Le désastre touche aussi les infrastructures: avant leur fuite le week-end
dernier, les islamistes ont détruit les réseaux électriques (même si le
courant revient par intermittence) et ceux d'eau courante (le prix de la
bouteille d'eau minérale atteint 700 FCFA soit 1,10 euro).

Arabes et Touareg "partis vers le Nord"

Le prix du pain est resté stable mais "depuis le 1er avril, il y a un
problème avec la viande. Les bergers qui amènent le bétail ont peur des
islamistes" et ne viennent plus, raconte Bat, le restaurateur.

Les prix ont donc flambé: le mouton est passé de 1.200 à 2.600 francs CFA
le kilo (de 1,85 à 4 euros), le poulet de 1.500 à 3.000 (2,30 à 4,60 euros).

Trop cher pour beaucoup, qui préfèrent le poisson. Le plus consommé
localement, le gros "capitaine", se fait rarissime dans le fleuve Niger,
forçant les plus modestes à se rabattre sur d'autres poissons.

Mais avec ceux-là, "on peut tomber malade, on a un peu peur de ça", confie
une mère de famille qui en achète une poignée, présentés sur une bâche
poussiéreuse à même le sol devant une boutique.

Pas de famine, mais de manière générale, un approvisionnement compliqué et
des étals clairsemés. D'autant que le bac rouillé traversant le fleuve Niger,
crucial pour l'arrivée des marchandises, a été saboté par les islamistes.

"Le moteur est gâté (cassé) et il n'y a aucune pièce pour le réparer", se
désole son gérant Ibrahim Moussah. "On tire le bac avec des pinasses à moteurs
de hors-bord, mais c'est très lent et coûteux, quatre fois plus que
d'habitude".

Tombouctou comptait 35.000 habitants au recensement de 2005, beaucoup moins
aujourd'hui, après l'occupation par les groupes islamistes et leur cortège
d'exactions (amputation, châtiments corporels, destruction de mausolées).

"Beaucoup de gens ont fui à cause des rebelles. Et quand on a appris que
les Français arrivaient, tous les Touareg (près de la moitié de la population)
et les Arabes sont partis vers le Nord", craignant des représailles de la
population noire majoritaire, explique Bat.

Et elles n'ont pas tardé: mardi, des dizaines de magasins ont été pillés
par une foule ivre de colère voulant "tuer" Arabes et Touareg "terroristes",
considérés comme des collaborateurs des islamistes.

Un retour à la vie en communauté semble bien lointain, malgré les appels au
calme et à la réconciliation, qui devraient être réitérés lors du prêche du
vendredi à la mosquée.

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