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Intrigues politiques-ingratitude-mea culpa-confession : Les excuses d’un ancien ministre à ATT
Publié le lundi 16 mai 2016  |  L’aube
Amadou
© Autre presse
Amadou Toumani Toure
Le président déchu du mali




« J’ai décidé de te présenter mes excuses pour être tranquille avec ma conscience ». Ce passage de la lettre d’excuses du 12 mai 2016 de l’ancien ministre Lanceni Balla Kéïta à (son cousin) Amadou Toumani Touré confirme que « le temps est le meilleur juge ». Et, il en a fallu moins de temps pour que l’histoire donne raison à l’ancien président, victime de l’aveuglement d’une bande de putschistes en mission ; vilipendé par certains compatriotes qui ont partagé sa table dix ans durant ; et honni par d’autres tout aussi invités autour du gâteau. Un dernier groupe lui collait toutes sortes de mensonges, de dénigrement et de diffamation le rendant responsable de tout ce qui arrive au Mali. Aujourd’hui, les âmes sont attendries et les consciences meurtries, déliant les langues et libérant les plumes. Dans sa missive à ATT, Lanceni Balla Kéïta se confesse et avoue tout dans un déballage qui n’épargne ni lui-même, ni les hommes politiques d’hier et d’aujourd’hui, ni les anciens amis d’ATT, ni les autorités. Pour finir, l’auteur remercie ATT pour tout ce qu’il a fait pour le Mali et lui demande un pardon franc.

Avant Lanceni, d’autres Maliens l’ont fait, discrètement ou ouvertement. Le 25 juillet 2015, dans une lettre adressée au président Touré depuis son exil à Dakar, le président de la Coordination des patriotes du Mali (Copa), Makan Konaté, a, au nom des responsables, militantes et militants de cette association, a demandé très sincèrement, humblement (et au nom de la réconciliation nationale) pardon à celui que lui et ses camarades ainsi que leurs amis putschistes avaient qualifié d’apatride en son temps.



Il nous revient aussi que certains hommes politiques influents du pays sont allés à Dakar pour libérer leur conscience et reconnaître s’être lourdement trompés. A l’image de Lanceni Balla Kéïta dont nous publions la lettre.



« Mon cher cousin, depuis ton départ sur Dakar en Avril 2012, c’est la première fois que je t’écrive. Les circonstances de ton départ m’ont surpris et il me fallait un temps assez long pour connaître la réalité des choses au Mali à travers mon travail parlementaire qui avait été annulé par un communiqué du CNRDRE dont j’ai oublié le numéro actuellement.

Après notre réhabilitation, suite à la capitulation du CNRDRE sous la pression des forces anti-putsch du Mali et les Chefs d’Etat de la CEDEAO, un projet de loi d’amnistie nous est parvenu à l’hémicycle de Bagadadji pour le voter en faveur de la junte qui a assassiné la démocratie malienne.

Au cours de la séance plénière relative au débat sur ladite loi, à travers ce passage dans mon intervention à savoir: « Suite à l’arrivée des combattants libyens d’origines douteuses, avec des armes sophistiquées en novembre 2011 sur notre territoire sans que le Chef suprême des forces armées du Mali n’ordonne leur désarmement, la partition de notre chère patrie venait de prendre racine », j’ai critiqué ta gestion sur la crise naissante dans la région de Kidal.

C’était le 18 Mai 2012 devant un auditoire assez important à l’hémicycle.

Indirectement, j’ai fait allusion à la critique de notre grand frère commun lorsque tu as signé en 2006 l’accord d’Alger suite à la rébellion du commandant Bamoussa DIARRA et autres.

J’espère que tu te rappelles bien de ce grand frère commun, celui qui, lors de son dernier meeting, le 11 juillet 2013, au niveau du monument de l’obélisque, à l’ACI, a dit que s’il remportait les élections qu’il te fera venir au Mali pour te juger.

Effectivement, peut-être que tu n’es pas au courant, mais les députés de la 5ème législature ont planché à deux reprises sur ce dossier, sans parvenir à trouver des chefs d’accusation en ce qui te concerne.

Lorsque j’ai appris que notre grand frère commun nourrissait une grande haine contre toi, je me suis demandé si c’était encore le même homme que j’ai connu.

Est-ce le même grand frère commun à qui tu envoyais à chaque fin de mois, selon les proches du Palais, une grande enveloppe de couleur Kaki, bourrée de je ne sais quoi, mais dont la vue du contenu l’amenait à faire beaucoup de bénédictions pour toi ?

Est-ce le même grand frère commun qui a été le parrain du mariage de notre fille dans le temps ?

Mon honnêteté et ma dignité me refusent de croire à ce changement brusque de comportement dans les rapports humains.

Mon Cher Cousin, le Président Ahmed Sékou TOURE avait donc raison lorsqu’il disait que : «l’homme est un inconnu connu et un connu inconnu». C’est vraiment maintenant que je me rends compte que ce grand’ homme connaissait vraiment l’individu.

Mon Cher Cousin, tu te rappelles certainement de l’Accord d’Alger du 4 juillet 2006, ce même grand frère commun avait dit beaucoup de choses contre cet accord lorsqu’il a appelé les Maliens à dénoncer et à se désolidariser de cet Accord, tout en instruisant à ses députés, divers élus et cadres en mission d’user de toutes les voies démocratiques notamment parlementaires pour informer et édifier le peuple malien sur la signification réelle de cet accord.

En plus, il a dénoncé le fait que l’on soit passé de la gestion d’une mutinerie à une négociation sous l’égide de l’Algérie qui n’est nullement concernée par cette affaire. Par la suite, il t’a invité à t’assumer et rien d’autre.

Mon Cher Cousin, il n’était pas le seul à prendre cette posture, car moi-même j’étais de son avis et je t’ai même envoyé une lettre méchante à Koulouba pour te signifier que par cet accord, tu as violé ta constitution du 25 février 1992 en abandonnant Kidal aux rebelles touaregs et trahit le peuple malien.



« Reconnaître sa faute est un acte d’honnêteté et de dignité »

Je t’ai signalé par la même occasion qu’autant il y a le chômage des jeunes, le manque d’infrastructures routières, le manque d’eau à Kidal, autant il y en a dans mon Mandé natal.

Mon Cher Cousin, nos vieux nous disaient que lorsque Dieu donne une longue vie à quelqu’un, il lui donner en même temps la chance de pouvoir voir et raconter beaucoup de choses.

C’est ce qui arrive en ce moment aux hommes politiques maliens. C’est là que se justifie le titre de ma lettre. J’ai décidé de te présenter mes excuses pour être tranquille avec ma conscience. Reconnaître sa faute est un acte d’honnêteté et de dignité. Plusieurs de ces hommes politiques qui te fréquentaient nuitamment à Koulouba ressentent la même gêne que moi, mais ils ne peuvent pas réagir, car ils occupent des postes hauts perchés dans le régime actuel.

Mon Cher Cousin, un adage malien dit ceci : « Le vieux assis connait toutes les techniques de lutte, mais une fois dans l’arène, il oublie tout ».

C’est ce cas qui est arrivé au peuple meurtri du Mali depuis le 4 Septembre 2013, lorsqu’il a voté à 78% pour amener notre grand frère commun à Koulouba ; celui auquel tu as remis le carquois lors des cérémonies du cinquantenaire à Kurukanfuga en Septembre 2010. Ce geste a été d’une haute portée historique selon la compréhension du malien lambda.

Par cet acte, les Maliens en majorité pensent que c’était le signe annonciateur de la montée de notre grand frère cousin à Koulouba.

Mon Cher Cousin, malgré ce geste de haute portée à son endroit, il en veut aux Malinkés, jusqu’à aujourd’hui. Il semble les accuser de ne pas lui avoir accordé toute l’importance et la solennité qu’il méritait en ce jour dans sa ville paternelle en tant que «Mandé mansa». Bref, ce passage semble être un détail, je n’insisterai pas là-dessus, car le temps est là pour juger chacun de nos actes.

Par contre, tous ceux qui avaient été promis au peuple malien pendant la campagne à savoir le bonheur des Maliens, l’honneur des Maliens, la lutte implacable contre la corruption, le Mali d’abord, la reconquête au bout de quelques mois des régions du Nord ; j’en oublie tellement ils étaient nombreux.

Ces slogans étaient porteurs d’espoir pour le peuple malien. C’est pourquoi le paysan qui n’avait jamais voté de sa vie a voté pour la première fois le 13 juillet 2013 pour le grand frère commun.

L’éleveur pour lequel la politique n’est qu’une perte de temps et truffée de mensonges a cru en notre grand frère commun pour cette élection présidentielle. Le dioula de colas a mobilisé tout son groupement pour soutenir notre grand frère commun digne de confiance parce qu’il misait sur le Mali d’abord, et parlait de dignité et d’honneur des Maliens.

Jamais un président n’avait atteint un tel score (78%) dans une élection présidentielle de l’ère démocratique en Afrique.



« L’honneur des Maliens est devenu le déshonneur… »

N’est-ce pas que tu avais l’habitude de nous dire que « le maçon se juge au pied du mur ». Effectivement notre maçon a été vu à l’œuvre depuis deux ans et demi. Le constat du point de vue de la majorité des populations rurales et urbaines, ainsi que les Maliens de l’extérieur est amer. Cette majorité parle de « Yabé », c’est-à-dire l’auto goal. Un rappeur du nom de Mylmo a même fait de cela une chanson célèbre que j’écoute tout le temps. Ce morceau reflète la réalité si on analyse de près ses termes.

Mon Cher Cousin l’éléphant annoncé est venu avec une patte de devant cassée parce que l’honneur des Maliens est devenu le déshonneur des Maliens, le bonheur des Maliens est devenu leur malheur.

La lutte contre la corruption est devenue la lutte contre les pauvres, elle est devenue la première industrie au Mali, le renouveau annoncé n’est pas arrivé, la restauration de l’autorité de l’Etat est devenue le démantèlement de l’autorité de l’Etat (l’Etat n’existe plus dans les régions du Nord). En un mot, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs.

Mon Cher Cousin, ce qui semble être très grave encore, c’est la démission du pouvoir exécutif suite à la pression de la France et des Nations Unies.

Les Maliens se sont posé des questions sur l’Etat d’esprit psychologique de notre grand frère commun, tellement le virage a été brusque une fois à Koulouba.

Certaines mauvaises langues parlent d’un certain Tomi, un Corse qui l’aurait introduit dans des affaires pas trop claires pour la justice française. Ce qui explique, peut-être, le fait qu’il accepte tout de la France, en bon ou en mauvais, concernant les intérêts du Mali.

A l’époque où je surveillais en 2001la construction du grand bâtiment au centre de sa cour, dont l’origine du financement ne m’est pas étrangère, je me rappelle avoir vu quelques fois un homme blanc, très grand, qui porte à peu près ce type de nom. Si c’est le même type, je connais donc ce Monsieur qui avait pourtant l’apparence gentille.

Cher Cousin, là n’est pas le problème. Ma déception vient du fait que notre grand frère commun a fait signer un autre accord d’Alger le 15 Mai 2015 devant plus d’une dizaine de chefs d’Etat dont le révolutionnaire Robert MUGABE, président en exercice de l’Union Africaine à l’époque. Si ton accord d’Alger du 4 juillet 2006 nous avait irrité parce qu’il abandonnait Kidal aux Touaregs, celui du 15 Mai 2015 a divisé le Mali en deux territoires : le Mali du Sud et celui du Nord appelé désormais l’AZAWAD. Chaque territoire dispose de son armée, de sa justice, de son drapeau, de son administration constituée de rebelles appartenant soit à la CMA, ou à la Plateforme.

Ce dernier, selon ses intérêts, est pro-Mali ou anti Mali. Chose surprenante, une nouvelle administration sera bientôt mise en place au Nord. Elle s’appelle autorités intérimaires en attendant certainement le référendum d’autodétermination des peuples de l’AZAWAD. Elle est déjà contestée par les populations de Gao, Mopti, Tombouctou. Les élus de ces régions ont même écrit au président de l’Assemblée nationale après le vote de cette loi. Je t’informe que sous ton règne, si le terme autonomie avait disparu des langages, ce sont les termes indépendance ou fédéralisme qui revient avec force dans le langage politique en rapport avec l’Accord d’Alger 2015.

Mon Cher Cousin, un forum s’est tenu à Kidal du 27 au 30 Mars 2016. Il devrait regrouper la CMA, la Plateforme, le Gouvernement, la Communauté Internationale, Initialement. Le Chef de l’Exécutif devrait y être. Mais lorsque les groupes armés ont reçu les fonds du gouvernement pour les besoins de la cause, alors ils ont interdit aux autorités maliennes de mettre le pied à Kidal. Personne ne connait jusque-là le montant de l’argent englouti dans ce forum. Certains parlent de 100 millions FCFA, d’autres de 200 millions, les plus avertis le chiffrent à 400 millions, voire même 500 millions FCFA.

Ces montants comparés à tes 50 millions FCFA de janvier 2012, prouvent que les groupes armés continuent à gifler l’autorité centrale de Bamako. Qui l’aurait cru en écoutant les slogans de campagne en 2013.

La force des Nations dénommée MINUSMA, comprenant plus de 11 000 éléments, est présente à Bamako et toutes les villes des régions du Nord. Elles sont là non pas pour combattre les terroristes, mais désormais pour conforter une paix qui n’existe pas encore. Il nous est désormais imposé par la communauté internationale, un choix entre avancée de l’accord et le recul de l’Etat au Nord.



« L’on s’achemine vers la partition du pays »

Cette force étrangère a eu plus de 80 soldats et 150 blessés depuis deux ans qu’elle est au Mali. Les populations la traitent de force hypocrite des Nations Unies.

Plus de 1000 militaires et civils maliens sont morts dans cette guerre qualifiée d’asymétrique.

Aussi, il y a un certain Amadou Koufa qui est de ta région, ce dernier sème la panique dans les régions de Tombouctou et Mopti. Les Gouverneurs, les juges, les Préfets et Sous-préfets, les agents des eaux et forêts ne sont pas non plus épargnés. Dans cette zone, il n’y a plus d’écoles, plus d’enseignants.

Malgré la signature de l’Accord en mai 2015, l’insécurité gagne du terrain au Nord comme au Sud.

J’ai le pressentiment que l’on s’achemine vers la partition effective du Mali.

Mon Cher Cousin, pendant ton mandat, 47 partis politiques au nom d’A.D.P t’ont soutenu, tu as eu moins de chance que notre grand frère commun qui est soutenu par 67 partis politiques. Ce regroupement porte le nom de Coalition Pour la Majorité Présidentielle (CMP), je crois bien !

Ne soit donc pas surpris, quand je te dis qu’ils sont là pour manger à la table du grand frère commun, sans pouvoir le conseiller sur sa gouvernance, que certains jugent de catastrophique en privé.

A l’opposé, une dizaine de partis politiques appelés Opposition Républicaine font montre de courage tout en dénonçant la mal gouvernance de notre grand frère commun. L’opposition n’est pas grande en taille, mais très grande dans l’action. Je crois que c’est cette qualité qui est recommandée pour une opposition digne. Elle arrive toujours à museler la CMP, car elle fait beaucoup d’investigations pour dire la vérité au peuple malien. Il y a un mois, les députés de cette opposition ont abandonné la séance plénière par rapport au vote de la loi sur les autorités intérimaires. L’Association des Municipalités du Mali reste muette comme une carpe sur la question. Ses responsables ne veulent pas que leur gestion soit fouillée certainement.

Pour la majorité des intellectuels et les partis de l’opposition, cette loi a été taillée sur mesures pour partager le Mali.

Notre grand frère commun les traite, depuis sa visite d’Etat en France en 2015, après la signature de l’Accord de capitulation et de partage du Mali, de ‘’Petits Messieurs’’ tellement les responsables de l’opposition le suivent pas à pas. C’est ce qui l’énerve. Ils ont même calculé le nombre de tours du globe terrestre, en comparaison à ses voyages à travers le Monde cela fait 13 fois au moins.

Il y a un certain Monsieur de l’opposition du nom de Tiébilé DRAME qui est celui qui lève le lièvre de la mal gouvernance à chaque fois. Je suis certain que tu connais aussi bien cet homme. Tu l’avais accusé un moment de malversations à la suite du sommet France-Afrique en 2005.

Tu te rappelles avoir reçu à l’époque des coups de ‘’gueules’’ de la part de ses deux francs-tireurs à savoir un certain PPR et un certain Me Amidou DIABATE.

Mon Cher Cousin, j’ai l’impression que l’histoire est une répétition ; mais rares sont les hommes politiques qui remarquent ce fait.

Dans une de tes interviews en 1991 dans l’hebdomadaire jeune Afrique tu disais ceci : « Parmi les missions de l’armée nous avons celle de sauvegarder la dignité de notre pays, son intégrité territoriale et morale. Etre soldat et démocrate n’est pas toujours contradictoire, l’armée est un des remparts de la démocratie… »

Je t’informe que cela n’est plus d’actualité, le capitaine SANOGO le sait plus que quiconque.

Mon Cher Cousin, analysons ensemble le sort qui a été réservé aux héros du Mali depuis l’indépendance.

Feu Modibo KEITA, père fondateur de la République du Mali, a été balayé par un coup d’Etat en 1968 par le Lieutenant Moussa TRAORE qui, lui-même, a été balayé par un autre coup d’Etat en 1991 par un certain Lieutenant-colonel du nom d’Amadou Toumani TOURE qui n’est autre que toi. Je regardai à l’occasion du 26 Mars 2016les photos dans les journaux qui ont rappelé l’évènement de la révolution en 1991. J’ai bien apprécié les photos des acteurs de ladite révolution dont toi-même à l’époque, très chétif comparé à ta forme de maintenant.

Revenu au pouvoir en 2002, en fin de mandat, tu as été balayé par le Capitaine SANOGO en mars 2012. Ce dernier a fini par la prison, et peut-être la Cour pénale internationale (CPI) qui le sait ?

N’a-t-on pas l’habitude de dire que ce sont les grands hommes qui font l’histoire. Ils sont considérés comme des héros. Mais attention, il y a des héros qui finissent mal. Toi et moi, nous ne souhaitons pas ce sort à notre grand frère commun, mais disons aussi que le peuple est très déçu de sa gestion. C’est un constat général.

Es-tu au courant qu’un accord de coopération militaire et de défense a été signé le 16 juillet 2014 avec la France, qui semble être un pays ami et ennemi du Mali à la fois. Cet accord a interdit le camp de Tessalit aux FAMa, prenant à contrepied aussi bien les signataires que le peuple malien ?

Je porte à ta connaissance que notre pays avait perdu son droit de vote en fin d’année 2015, aux Nations Unies faute de paiement de notre cotisation, une première dans la vie de la diplomatie malienne.



« Les Maliens ont apprécié ton bilan »

Faute de ne pas connaitre ton adresse à Dakar, je me vois dans l’obligation de publier cette lettre d’excuse dans un journal de la place. Avec le développement de la Technologie numérique, tu la liras certainement. Je m’attends aussi aux injures des béni oui-oui à la solde de notre grand frère commun, payés pour insulter tous ceux qui critiquent sa gouvernance. Comme tu le sais, je ne suis pas cet homme qui recule devant ces injures farfelues que j’ignore d’ailleurs.

Feu Fili Dabo SISSOKO disait que l’éducation commence à la maison. Ce qui n’est pas le cas pour ces gens qui injurient les autres.

Mon Cher Cousin, la longueur de ma lettre d’excuse est fonction du long temps qui nous a séparés. Ceci explique cela. Avant d’en venir aux salutations, je tiens à t’informer que les Maliens en majorité ont apprécié le bilan de tes dix ans en termes de réalisations. Pour cela les populations de Kayes, Kéniéba, Kita, du Mandé le long du fleuve jusqu’à Kangaba, et le long des Monts Mandingues jusqu’à Kourémalé, de Kati, Koutiala, San, Bandiagara, Baraouéli, Dioila, etc. vous remercient infiniment pour avoir compris que la route précède le développement et les populations de Mopti, pour le nouveau Hôpital que tu leur as offert.

D’ailleurs le Dr. Oumar MARIKO qui te critiquait toujours à l’Assemblée et refusait de voter tes différents budgets n’a pas encore eu sa route bitumée. Il doit se patienter et faire le mort tout en restant sage, sinon le projet annoncé sera annulé. Je t’informe que pour une fois, il est dans la majorité présidentielle.

J’allais oublier de t’informer que les populations de Niouma-Makana, les peulhs de Sikoroni et les femmes de la Maison de Karité de Siby vous remercient pour la construction de leur mosquée, la réalisation d’un puits à grand diamètre et la Plateforme multifonctionnelle, qui a transformé leur vie quotidienne.

Toutes les populations rurales du Mali vous remercient pour votre patriotisme et votre dévouement dans la lutte contre le sous-développement.

Lors d’une de vos sorties sur le Mandé, j’étais en votre compagnie, à Kourémalé, en présence du ministre guinéen de l’Equipement, Cellou Dalin DIALLO, actuel opposant numéro1 en Guinée. Le chef de village de cette localité malienne a dit un proverbe dont tu ne te souviens plus peut-être, mais qui me revient toujours à l’idée.

Ce jour, il t’a dit: « Pour connaître la souffrance endurée par les tiges à brochettes il faut se coucher à leurs places, c’est en ce moment que tu peux apprécier leur tâche et leur valeur ».

Je suis convaincu que notre grand frère communa déjàbien compris l’ampleur du feu qui est à Koulouba. C’est pourquoi, je conseille à tous les hommes politiques de ne pas parler tôt, pour les choses dont ils ignorent l’ampleur.

Je ne saurai terminer sans rendre hommage à ma belle-sœur Lobo, cette grande dame de cœur, qui a construit un hôpital entier pour les mères et les enfants du Mali.

Les populations maliennes la remercient infiniment pour ses nombreuses maternités construites, équipées et les moulins distribués à travers le Mali. Elle a même eu l’heureuse initiative de créer une fondation pour l’enfance. J’ai bien apprécié de sa part cet engagement pour le Mali.

Cher Cousin, rendons à Rome la gloire qu’il mérite ! Transmets, cher cousin, toute ma reconnaissance à votre hôte, un grand homme d’Etat, un humaniste confirmé, il s’agit du président Macky SALL qui a bien voulu vous héberger, à l’image de Nema-Faran TOUNKARA de Wagadou qui a hébergé Soundiata KEITA en difficulté au Mandé. C’est d’ailleurs pourquoi je dis que notre histoire est très riche et je me demande pourquoi nos hommes politiques ne s’en inspirent pas toujours ? Les « Tondions » du Roi Damonzon de Ségou chantaient à l’occasion des victoires aux oreilles de chaque Roi vaincu et capturé ceci : « On peut devancer les autres dans le vestibule du Roi de Ségou, mais tous sans exception y viendront un jour ou un autre ».

Si chaque homme politique faisait de cette chanson sa musique de réveil dans son téléphone portable, la politique allait être une arène humble.

Je n’ai voulu aucunement faire un procès à quiconque. J’ai tout juste relaté la vie de la nation depuis septembre 2013. Au moment où la CMP chante que le ciel est bleu, il fait bon temps, moi je dis sans arrière-pensée attention, l’orage se prépare, prenez garde !

Mon Cher Cousin, merci pour ta patience, salut au Ministre SEMEGA, mon beau-frère qui aime très bien le Mandé.

A très prochainement ».

Bamako, le 12 Mai 2016

Ton Cousin

Lanceni Balla KEITA à Bamako,

Ancien Député à l’Assemblée Nationale du Mali,

Ancien Député au Parlement Panafricain,

Ancien Ministre
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