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Le sentiment d’insécurité au Mali, cas du district de Bamako : Thème général : braquages et vols de motos Djakarta
Publié le lundi 16 mai 2016  |  Le Débat




Je pense à toutes les personnes de mon quartier, les associations et autorités avec lesquelles je me suis entretenu.

– En particulier, l’Association des Jeunes pour le Développement de Titibougou (AJDT) dont je suis le président en exercice, mes prédécesseurs Boubacar THERA et Boury DAOU ;



-Mon guide spirituel : IMAM ABOU, à Massidy MAKADJI dont j’ai été émerveillé par son dévouement à l’islam, au Commissariat du 12 Arrondissement, avec lesquels j’ai discuté du thème général qui nous occupe dans cet article et qui m’ont fait part de leurs expériences et idées ;

-Enfin à tous les membres de la tribune jeunes pour le droit au Mali (trijeudMali) dont je suis membre du conseil d’administration. À ses ex-gouverneurs : Amadou DOUMBIA, Issa Karounga KEITA, Ibrahim CISSE.

Cet article ne se veut pas un remède miracle pour éliminer l’insécurité et le sentiment d’insécurité dans la ville de Bamako, mais plutôt une somme de réflexions sur le sujet.

Je ne peux pas prétendre tenir la solution à ce problème dont l’importance ne cesse de croître, mais je me permets de proposer des pistes pouvant, à mon sens, amener certaines améliorations.

Le but de ce travail est le même que celui qui me guide dans toutes mes actions : tenter d’améliorer, d’aider et de sauver l’humanité.

Dans une société organisée en Etat de droit, dès que les habitants d’une ville, sentent une menace latente, la possibilité d’être confrontés à des actes agressifs, une peur apparaît. Dès lors, c’est une espèce de malaise qui les envahit, malaise que l’on peut appeler le sentiment d’insécurité.

Le sentiment d’insécurité semble donc apparaître dès l’instant où les habitants de Bamako ne se sentent plus parfaitement à leur aise avec leur propriété, dans leur Environnement.

Il sied de rappeler que notre constitution actuelle, transposée d’un mince papier à une forte action, et comme étant le texte suprême, protège notre droit à la vie, à la liberté, à la libre jouissance et disposition de nos propriétés, à la protection de l’intégrité physique.

Pourquoi alors ? Si nous sommes dans un état de droit et que les mots ont un sens, les braquages et vols de moto, souvent à main armée, constituent un phénomène récurrent ?

Lorsqu’une longue suite d’abus et d’usurpations tentent invariablement aux mêmes buts : l’insécurité et l’injustice, c’est le droit pour le peuple d’intervenir, de mettre tous les moyens en œuvre pour changer la situation et d’adopter une autre dans les conditions propres à lui assurer la sécurité et la justice.

Il y a presque des braquages et vols nocturnes de motos un peu partout dans les quartiers de Bamako. L’on a pu constater des bandits armés qui ont déjà tiré sur les civils pour essayer de tuer à coup sûr aux fins de leur soustraire leurs motos. Le problème est ici très compliqué !

Les autorités maliennes ne sont pas assez perçues comme pouvant défendre les citoyens, et la justice n’a pas les moyens voire la volonté de ses ambitions. Les armes à feu sont omniprésentes dans les rues de Bamako.

En effet, la possession d’arme à feu par les délinquants incite parallèlement, de plus en plus, les civils à s’armer à titre sécuritaire.

Du point de vue juridique, Le droit positif en vigueur au Mali est clair là-dessus, Sera puni de mort tout individu coupable de vol commis en bande ou à main armée (article 253), «Sera puni de la réclusion à perpétuité tout individu coupable d’un vol commis la nuit, par deux personnes au moins» (article 254) du code pénal du Mali. Il faudra, juridiquement, faire la différence, comme en droit islamique du vol simple et vol qualifié. Les deux régimes diffèrent !

La peine de mort, pour l’abolition de laquelle les organismes de droit sembleraient batailler avec vigueur reste présente dans la législation malienne pour un certain nombre de crimes. Il est notable de rappeler que les dernières exécutions en vertu de la peine de mort au Mali datent de 1980. L’importance de la problématique de peine de mort nous appelle à un retour sur la fonction utilitaire de la peine dans une société.

La peine infligée au coupable n’a pas seulement pour but de rétablir l’équilibre social, de sanctionner la faute morale commise par le malfaiteur, l’inobservation de ses devoirs sociaux et donner satisfaction à une opinion publique scandalisée et inquiète. Il est nécessaire que chaque peine soit choisie et exécutée de façon qu’elle serve de leçon et remplisse une fonction préventive utilitaire. Elle doit contribuer à ce que l’infraction commise ne se renouvelle pas non seulement du fait du délinquant (prévention spéciale) mais aussi du fait des autres citoyens (prévention générale). Cependant si les efforts déployés à l’exemplarité, l’intimidation spéciale et générale ou à la réadaptation sociale se montrent inutiles, il serait souhaitable de débarrasser la société de cet individu redoutable. Ce même traitement de choc est réservé aux entreprises en situation irrémédiable.

Du point de vue de l’opinion publique, il est difficile de procéder à une étude scientifique sur le sujet, à travers un échantillonnage. Cependant l’ambiance de la situation nous amène à penser que deux tendances s’opposent :

On trouve d’un côté, les défenseurs du tout répressif, de la tolérance zéro. Pour eux, l’Etat ne pouvant assurer la sécurité des citoyens et leurs biens, qu’il faudrait recourir à la justice naturelle, au lieu de compter sur le concours de la puissance publique (dont la grande corruption a bouleversé les repères). Qu’il faudrait éliminer personnellement ou par groupe organisé, tout braqueur de motos pris, par quelque forme que ce soit. Cette forme de justice privée, interdite juridiquement, se révèle une très efficace prévention spéciale et générale sur le court terme car avait complètement réduit les braquages et vols de motos.

Mais elle est d’une grande dangerosité sur le long terme, en dehors du fait que la justice privée est une infraction dans tout Etat civilisé, aussi cette justice privée dans un sens aggrave l’insécurité.

Les délinquants, conscients de l’intention éliminatrice et automatique à leurs égards, seraient près à tout. Au point d’ôter des vies dans le but de préserver la leur. C’est malheureusement ce à quoi nous assistons actuellement.

De l’autre côté, on trouve les défenseurs de la prévention. Ceux-ci estiment qu’il faut laisser la justice faire son travail. Tout en ayant conscience que cette justice doit renforcer sa politique de prévention. Car celle-ci ne semble pas efficace pour enrayer la montée de l’insécurité. Rester dans le cadre de la loi et prévenir seraient mieux que des traitements personnels de choc. La première autorité au contact direct de l’insécurité dans la rue est bien évidemment la police. Mais on peut douter de l’efficacité de son travail. Juridiquement, le rôle de cette institution est la lutte contre la criminalité et la protection des citoyens. La présence de patrouilles dans la rue ne semble pas rassurante, du fait que l’insécurité perdure de plus en plus.

Mais ce sentiment, pour intellectuellement et juridiquement confortable qu’il soit, ne triomphera qu’après avoir rétabli la transparence dans la justice, une transparence déjà perdue depuis longtemps entre les gouvernants et gouvernés. En l’absence de la transparence juridique (une constante de la République), le remède reste et demeure pire que le mal !

La désobéissance civile est légitimée au peuple pour la préservation de la forme républicaine.



LES SOLUTIONS QUE NOUS PROPOSONS :

La lutte sécuritaire à travers des marches et conférences de presse.
Plaider en vue de la restriction drastique du nombre d’armes en circulation (c’est un devoir de l’Etat). Nous devons donc, veiller à cela ! Pour ensuite établir un bien meilleur contrôle sur les acheteurs d’armes, et de suivre à la trace les armes elles-mêmes. Combinée avec un recensement précis des armes déjà possédées, cette mesure devrait déjà avoir une certaine influence. Mais elle ne sera pas très utile sans la mise en place d’une véritable offensive du marché noir.
Sensibiliser le pouvoir législatif à adopter des réaménagements sur le régime du vol en général et du cas particulier qui nous occupe pour satisfaire une opinion publique scandalisée et inquiète (lorsqu’une loi n’encadre plus son périmètre, il faudra la changer).
Que la population mette en place un organe socio-éducatif de terrain, Il s’agit de mettre dans chaque quartier un groupe de gens chargé de s’approcher des gens incivils (qui ont des comportements anormaux), et de discuter avec eux, d’essayer de leur réapprendre à avoir un comportement civil. Les membres de cette unité ne seraient pas des policiers, mais plutôt des assistants sociaux. L’important, c’est leur capacité de dialogue, de diplomatie (ce qui nous permettra de faire la distinction entre l’apparence et la conduite des jeunes de bonne et mauvaise foi).
De veiller si possible à une politique de sensibilisation des familles en vue de mettre des ampoules électriques à la devanture de chaque famille, le manque de d’éclairage dans certains quartiers facilite ce fléau.
J’espère que cet article vous trouvera ferme dans votre foi de sorte que, dans un lendemain pas trop lointain, nous allions nous atteler à ce que le lourd brouillard de l’insécurité soit dissipé et que les sombres nuages de la justice et la sécurité brillent sur les cieux de notre grande nation.

Boubacar KASSE, doctorant à l’Institut supérieur de formation et de recherche appliquée ( ISFRA), Diplôme d’études Approfondies droit privé général (DEA), Institut des sciences politiques, des relations internationales et des communications (ISFRA).

Enseignant chercheur/Formateur/professeur de droit et d’Education Civique et Morale.
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