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Accord d’Alger 2015 : Un an après il a accouché d’un serpent à sept têtes
Publié le vendredi 20 mai 2016  |  Carrefour
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie de signature de l`accord de paix par la CMA
La CMA a signé l`accord de paix et réconciliation le 20 Juin 2015 à Bamako




Cet accord dont la signature à fait l’objet de répétition le 15 Mai et le 20 juin 2015 à Bamako, avait été annoncé comme un accord de tous les espoirs pour mettre fin à une rébellion cinquantenaire.

Le contenu de l’accord a été venté comme le plus beau accord du Monde pour faire de notre Maliba, le meilleur des meilleurs. Cette œuvre de communication a été prise en charge par le Président de la République, son premier Ministre actuel et ancien haut représentant du chef de l’Etat aux assisses des négociations à Alger, les partis de la majorité présidentielle, les religieux du Mali dont l’Iman DICKO et Ousmane Cherif HAÏDARA ont été leur porte parole.

Si certains de ces responsables ont communiqué sur l’accord avec une certaine mesure, d’autres par contre notamment les deux premiers responsables du Mali ont pris la place de ‟Garanké Mamou” pour faire l’éloge d’un accord imposé par la France, via la Communauté Internationale.

Nous en voulons comme preuve, le refus du Président I.B.K, d’organiser une concertation nationale pour préparer les assisses d’Alger. Cette initiative de l’opposition et de la société civile était la meilleure voix pour impliquer toutes les couches de la nation malienne dans les négociations. Ensuite sur le projet d’accord, l’ensemble des partis politiques et la société civile ont fait 13 pages d’observation sur le dit accord avant la mouture finale.

Aucune de ses observations à notre grande surprise n’a été prise en compte dans la version finale par la France, rédactrice du dit accord. Que dire de cette France qui a mis des experts à la disposition des rebelles pour les guider dans leur choix d’aller au démantèlement de l’autorité centrale de Bamako, au démantèlement du Mali sous sa forme d’avant 2012, à la dislocation de la République pour en faire une République fédérative entre le Nord et le Sud, ou une zone autonome.

Pire, la convention subsidiaire à l’accord relative à la détermination des compétences, ainsi que du mode de désignation des membres des autorités transitoires a fini de céder purement et simplement à la CMA les régions du Nord.

L’opposition, en introduisant une saisine à la cour constitutionnelle avait misé sur le patriotisme de ses membres. Mais c’était mal connaitre la moralité du cadre malien. En général le cadre malien met sa position privilégiée au dessus du Mali, notre patrie. Plusieurs épreuves le témoignent dans l’ère démocratique du Mali.

Dans le processus de mise en œuvre, aucun malien, aucun pays de la Communauté Internationale n’est satisfait de son niveau d’évolution ; car il est énormément en retard. L’Etat peine à s’exécuter du fait qu’un consensus national sur la question a été évité par le Président I.B.K. A cause des difficultés et interprétations de l’Accord on a fini par oublier le processus de cantonnement, de désarmement, de réinsertion, de démobilisation et d’intégration.

Le comité de suivi de l’Accord peine à s’imposer et à se faire entendre.

Déjà la prise en charge de ses membres a coûté à l’Etat en une année un milliard F CFA sans laisser entrevoir de résultats. Que dire du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) et des patrouilles mixtes, qui ne connaissent aucune évolution ? Et que dire de la menace terroriste grandissante dans les régions du Nord où Administrateurs, juges, militaires ne sont épargnés et cela n’est pas pour amanger les choses ?

Pour sa part le gouvernement subit une forte pression par rapport au retard constaté dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, de la part des Etats-Unis, et de l’Union Européenne, mettant en cause la volonté de la part de nos autorités maliennes d’aller à une vraie application.

Pour sauver les populations noires du Nord de la domination future des Touaregs, et face à la nouvelle carte sociopolitique qui se dessine au nord du Mal, la communauté shonghoï, qui représente 70% de la population locale, se mobilise. Elle veut sauver son territoire ancestral et affirmer les droits des populations noires, ultra majoritaires au Nord.

Cette décision des Songhoï est prise en concertation et en alliance avec les autres populations noires du Nord : Peulhs, Bambaras, Somonos, Bozos, Belhas, Arabes, Dogons, Zarmas, Soninkés, Kourtèyes, Gourmantiés, Mossis, Chérifs, etc… L’annonce de cette évolution majeure a été faite, le samedi 14 mai 2016, à la Maison des Aînés de Bamako, lors d’une Assemblée Générales du bureau des cardres des communautés de culture songhoï. La rencontre était présidée par l’ex-Premier Ministre Ousmane Issoufi Maïga.

Sur le fond, la naissance du mouvement risque de bouleverser les plans de partition du pays tels qu’échafaudés dans les Etat-majors rebelles et leur soutien occidental.

En effet, si, comme probable, le mouvement parvient à rallier à sa cause la majorité des populations du Nord, il sera difficile à la CMA de mettre en œuvre sa stratégie de séduction, suivie de sécession. Les populations ne se laisseront plus mettre un biberon dans la bouche moyennant leur adhésion au projet de partition territoriale qui, en vérité, vise à écarter l’Etat de la gestion du Nord pour soumettre les populations au joug des rebelles armés et aux trafics illicites.

De surcroît, une montée en puissance du mouvement des Songhoï tuerait dans l’œuf l’idée d’un référendum que les rebelles souhaitent provoquer une fois qu’ils auront réussi à rallier une majorité de population à la cause d’un Azawad indépendant.

Que dire de la France qui continue d’exploiter depuis deux ans l’or malien de Tessalit. A ce rythme Kidal ne rentrera jamais dans le giron du Mali, car la France vit désormais des ressources issues de la vente de l’or de Kidal.

Que Dieu sauve le Mali.

Moussa DIAKITE
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