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Police, indicateurs, argent: piliers du pouvoir déchu des jihadistes à Gao
Publié le samedi 2 fevrier 2013  |  AFP


Libération
© aBamako.com par A S
Libération de la ville de Gao.


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GAO (Mali) - Police islamique, indicateurs partout en ville, argent pour recruter et ravitailler: les jihadistes qui ont occupé jusque fin janvier Gao, la grande ville du Nord malien, avaient mis en place un régime policier au nom de l'islam.

A travers cette ville située à 1.200 km au nord-est de Bamako et reprise le
26 janvier par les armées française et malienne, sont encore visibles de
nombreux panneaux qui proclament par exemple que l'application de la charia
(loi islamique) est "la route du bonheur" et "du paradis".

Mais les salafistes du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de
l'Ouest (Mujao), qui contrôlaient seuls la cité depuis juin 2012, ne s'étaient
pas contentés de mots d'ordre tirés du Coran. Avec eux, une chape de plomb
était tombée sur Gao.

Assis sur une vieille natte dans un bâtiment désaffecté de la périphérie,
Algalass Moutkel-Warata maudit l'ancien "régime de terroristes et de
sanguinaires". Accusé "sans preuve", dit-il, du vol d'un matelas, il a été
amputé de la main droite par le Mujao le 30 décembre 2012.

"Amputé d'une main sur la base d'une simple dénonciation par l'un de leurs
nombreux indicateurs", se remémore-t-il.

Car, selon les habitants interrogés par l'AFP, toute une armée
d'indicateurs était au service de la redoutable police islamique de Gao,
dirigée par le "commissaire" Aliou Mahamar Touré.

"C'était un régime policier: des patrouilles sillonnaient la ville 24
heures sur 24 et des indicateurs leur rapportaient les moindres gestes des
habitants. Il suffit d'allumer une cigarette et aussitôt après la police
islamique débarque pour vous embarquer", raconte Youssouf Issaka, professeur
de collège.

"on ne sait plus qui est qui"

Ambiance de méfiance généralisée: "il est arrivé un moment où nous nous
soupçonnions entre voisins", témoigne un jeune, Amadou. Dans une telle
situation, "on ne sait plus qui est qui".

Armée de kalachnikov ou de pistolets automatiques, à pied ou à moto, la
bonne centaine d'éléments de la police islamique enchaînait descentes,
fouilles et interpellations.

D'après des habitants, ils étaient payés au moins "100.000 à 150.000 FCFA"
(entre 150 et 220 euros) par mois. Une fortune dans la pauvreté environnante.
Car le Mujao, qui selon des sources concordantes est très impliqué dans le
trafic de drogue, disposait de finances conséquentes.

"Le Mujao a beaucoup d'argent qui lui a permis de recruter des militants au
sein de toutes les ethnies de la région, et ça a fortifié son emprise",
explique Elhadj Moussa Dicko, fonctionnaire à la retraite.

L'"émir" du Mujao à Gao mettait lui-même la main à la poche. Abdoul Hakim -
que certains prétendent Sahraoui, Algérien ou Mauritanien - donnait de
l'argent aux jeunes dans les rues, par exemple pour qu'ils s'offrent un thé.
"Ils recrutaient jusque dans les écoles. J'ai vu mes propres élèves dans
les rangs des jihadistes du Mujao avec des kalachnikov", se souvient
l'enseignant Youssouf Issaka.

"Le Mujao s'est aussi beaucoup appuyé sur des jeunes élèves issus des
+madrassa+ (écoles coraniques) qui parlent l'arabe et communiquent mieux avec
les chefs du Mujao", pour l'essentiel issus de cette minorité, indique un
officier malien sous couvert de l'anonymat.

L'argent permettait aussi de faire tourner la machine, approvisionnant la
grande cité (quelque 70.000 habitants avant l'important exode des derniers
mois) en vivres et en essence venus, selon des témoignages concordants, de
l'Algérie voisine.

"Même après l'annonce de la fermeture de la frontière algérienne, les
convois de camions partaient et venaient chargés de vivres et de carburant.
Tout leur venait de l'Algérie", soutient Alhassane, un commerçant du grand
marché de Gao.

De ce régime de fer, il ne reste que des esprits et des corps meurtris, la
propagande sur les murs et des bases du Mujao pilonnées par l'aviation
française. Des islamistes sont morts, des suspects ont été arrêtés mais pour
beaucoup les maîtres d'hier ont fui, souvent vers l'extrême Nord.
Un haut gradé malien confie toutefois: "on est à peu près sûr qu'il en
reste encore en ville".

bh-tmo/sba

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