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Manœuvres : Alpha et ATT menacent-ils la réélection d’IBK ?
Publié le mardi 31 mai 2016  |  Le Procès Verbal
IBK
© Autre presse par DR
IBK ATT Alpha




On ne s’en rend pas toujours compte mais seules deux petites années nous séparent du scrutin présidentiel de 2018 où le chef de l’Etat remettra en jeu son mandat. Il ne fait aucun mystère de sa volonté de rempiler puisqu’il y a quelques mois, il confiait à des hôtes à Koulouba: « On me dit malade mais je me porte comme un charme: je terminerai mon mandat et, inch Allah, j’en ferai un second ». Le ton peut paraître sévère mais le fond du propos n’en révèle pas moins qu’IBK est candidat à sa propre succession. Son principal adversaire est connu comme le loup blanc: il s’agit du chef de file de l’opposition, président du parti URD, Soumaila Cissé. Le même qu’il a affronté en 2002, au premier tour de la présidentielle, puis, en 2013, au second tour de l’élection.

Périlleuses retrouvailles

Il semble qu’IBK craigne comme la peste des retrouvailles entre Soumaila Cissé et l’ADEMA. Nous parlons bien de « retrouvailles » puisque l’ADEMA avait signé, à la veille de la présidentielle de 2013, un pacte politico-électoral avec le leader de l’URD avant que ledit accord soit brisé par Dramane Dembélé, candidat de l’ADEMA, lequel a, au second tour du scrutin, rejoint le candidat IBK, imité, par la suite, par l’appareil entier du parti. Dans l’alliance avec IBK, l’ADEMA n’a pas eu toutes ses aises. D’abord, cette alliance fut décidée par des apparatchiks qui n’ont nullement consulté leur base. Ensuite, au lieu d’y gagner en force, l’ADEMA multiplie les échecs électoraux. Enfin, en termes de représentation dans les institutions, notamment au gouvernement, ce n’est pas l’ADEMA qui impose des cadres, mais bien le président IBK qui choisit librement ses amis au sein d’un parti qu’il a dirigé pendant une décennie. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir Dramane Dembélé occuper le ministère de l’Urbanisme alors que le président de l’ADEMA se trouve au chômage depuis des lustres. Les observateurs avertis sentent poindre une sourde colère dans les rangs de l’ADEMA lorsque le président du parti, Tiémoko Sangaré, dénonce les fraudes dont l’ADEMA aurait été victime lors des élections législatives partielles tenues en commune 5 de Bamako et, plus récemment, dans la circonscription électorale d’Ansongo.

Il y a pire: l’ADEMA n’a jamais vraiment rompu avec les anciens président Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré. Or, avec ces deux personnalités, IBK entretient un lourd contentieux. Bien qu’il ait rencontré en secret Konaré, il n’a pu se réconcilier avec lui: l’ancien chef de l’Etat exigeait qu’IBK démente publiquement l’accusation selon laquelle Konaré l’aurait limogé, en 2001, de la primature parce qu’il aurait refusé de travailler au troisième mandat du président d’alors. Quant à ATT, il en veut à IBK d’avoir initié contre lui une procédure de haute trahison encore pendante devant les commissions de l’Assemblée nationale. Or, ATT et Konaré conservent de puissants réseaux sociaux, politiques et diplomatiques tant au Mali qu’à l’étranger. Tous deux ont l’expérience du pouvoir et comptent des relais dans l’ADEMA, un parti bien implanté dans le pays. Tous deux commencent surtout à se manifester dans l’arène politique. En témoigne le récent appel de Soumaila Cissé, allié au PDES (le parti des héritiers d’ATT) en faveur d’un retour de l’ancien président de son exil à Dakar. En témoigne aussi la sortie d’Adam Ba, épouse de Konaré, du silence que l’ex-couple présidentiel observe depuis 2002, date de son départ du pouvoir. Le 23 mai 2016, lors du 25ème anniversaire de l’ADEMA-Association, Adam Bah Konaré, invitée d’honneur, a déclaré être venue « avec l’autorisation » de son mari qui, à ses dires, aurait été personnellement présent s’il n’avait pas voyagé. Adam Bah, concluant son propos, rappelle que l’ADEMA a beaucoup contribué à la construction du Mali et que, sur ces réalisations, « le parti s’est montré trop modeste dans la communication ». En clair, elle demande au parti de se faire mieux valoir (suivez mon regard…). Les observateurs voient aussi la main de Konaré et d’ATT derrière l’appel que ne cessent de lancer le président de l’ADEMA, Tiémoko Sangaré, et l’ancien Premier Ministre, Modibo Sidibé, en faveur d’un « grand pôle de gauche au Mali ». Un pôle qui, bien entendu, n’inclurait pas le parti au pouvoir, le RPM, auquel Modibo Sidibé est opposé.

La riposte d’IBK

C’est pour enrayer la dangereuse dynamique de retrouvailles entre l’ADEMA, le PDES, l’URD, le parti FARE et les deux anciens présidents, ATT, et Konaré, qu’IBK vient de déclencher une batterie de mesures.

Le premier train de mesures tend à débaucher les amis d’ATT. Ainsi, le samedi 28 mai 2016, en lançant la campagne agricole 2016-2017 à Banguineda, IBK a rendu un vibrant hommage à l’ancien président ATT. Le chef de l’Etat s’est dit « reconnaissant » envers son « jeune frère Amadou Toumani Touré » pour avoir initié la Journée nationale du Paysan. « Beaucoup de choses se disent de nos relations, mais je sais qu’il n’y a rien d’intrigant ni de méchant entre nous. Merci pour l’instauration d’une journée agricole au Mali. Je n’ai pas fait partir ATT, je ne le bloque pas à Dakar. Je sais que tu m’entends, cher frère, à bientôt! », a lancé IBK.

Il n’en était d’ailleurs pas à son premier hommage à son prédécesseur. Au cours de la Journée du Paysan 2015-2016, tenu à Samanko, IBK avait prononcé les mêmes phrases: « Je rends hommage au président ATT, qu’a eu l’idée ingénieuse d’instituer la journée du paysan au Mali ». De plus, lors de l’inauguration de l’« Hôpital Sominé Dolo » de Mopti, le mardi 18 mars 2014, le chef de l’Etat déclarait à haute voix: « On dit chez nous qu’il arrive qu’on prenne du frais sous un arbre que l’on n’a pas planté. Cet arbre a été planté par un homme de la région qui m’a précédé à cette charge (présidentielle): le président ATT. A chacun son mérite. Ce projet a tenu à cœur au président Amadou Toumani Touré. Il est bon, au nom de la patrie, que je lui rende ici un hommage. IBK n’est pas ce qu’on appelle chez nous »hassidi » (égoïste). IBK ne le sera jamais ! Je tenais à venir à Mopti pour dire cela, mais aussi rendre hommage à des hommes et femmes de mérite! ».

On le voit, la stratégie de séduction lancée envers ATT et ses amis ne procède guère du hasard. Comme n’est pas fortuit le ralliement, le 28 mai 2016, du Partis Socialiste d’Amadou Koita, ex-ténor du PDES, à la mouvance présidentielle. Pour mémoire, lors d’un meeting des amis d’ATT tenu en 2015 au CICB, Amadou Koita a pleuré à chaudes larmes pour réclamer le retour d’ATT au Mali. Faut-il, en fin de compte, prévoir, à bref délai, l’abandon officiel des poursuites contre ATT, son retour triomphal de Dakar et, surtout, le départ de Modibo Sidibé de l’opposition ? En tout cas, l’absence de ce dernier à la marche du 21 mai 2016 organisée par l’opposition n’est pas passée inaperçue…

Le deuxième axe de la stratégie d’IBK repose sur l’affaiblissement des amis d’Alpha Oumar Konaré avec lequel il semble avoir renoncé à faire la paix. C’est peut-être à cette fin qu’on lui prête la volonté de confier la primature à Soumeylou Boubèye Maiga, un proche de la famille Konaré. Une entrée de Tiémoko Sangaré dans le prochain gouvernement pourrait également contribuer à accroître la mainmise d’IBK sur l’appareil de l’ADEMA, un parti plus que jamais au centre des luttes d’influence pour la conquête du pouvoir en 2018.

Tiékorobani
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