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Face aux agressions contre la communauté peule : L’Etat rappelé à ses obligations régaliennes
Publié le mercredi 1 juin 2016  |  Le Matin
Primature:
© aBamako.com par mouhamar
Primature: La passation de pouvoirs entre le PM sortant Moussa Mara et le PM entrant, Modibo Keita
Bamako, le 09 janvier 2015. La passation de pouvoirs entre le Premier ministre sortant, Moussa Mara et le Premier ministre entrant, Modibo Keita a eu lieu ce vendredi à la Primature.  




Face aux multiples agressions perpétrées contre la communauté peule au centre du pays, le Collectif des Associations des jeunes peulhs est monté au créneau. A la faveur d’une conférence de presse, il a appelé l’Etat à prendre ses responsabilités.

«Trop c’est vraiment trop». Le Collectif des Associations des jeunes peulhs demande à l’Etat de redéployer les forces de sécurité dans les zones de Ténenkou, de Youwarou…suite à de nombreuses agressions qui ont ciblé cette communauté.



Selon le président du collectif, Ibrahim Dicko, il est temps que l’Etat mette fin au cauchemar de la communauté peule qui a commencé avec l’occupation partielle de la région de Mopti le 1er avril 2012.

Ainsi, en dépit de l’intervention militaire française et malienne pour enrayer la menace, le cauchemar persiste. «Chaque jour, nous assistons à des exactions, des exécutions extrajudiciaires, règlements de compte et à des massacres dont sont victimes chefs coutumiers, élus et notabilités des villages et même de paisibles citoyens, issus notamment de la communauté peule», a déploré d’entrée le président du Collectif.

«Les violences à l’encontre de notre communauté se sont exacerbées depuis l’émergence sur la scène des terroristes se revendiquant de la communauté peule», a-t-il ajouté.

Selon les membres de cette organisation, des peulhs enturbannés sont qualifiés à tort ou à raison de terroristes. Ils subissent, à cet effet, des exécutions extrajudiciaires, des emprisonnements, soit par des forces armées, soit par des terroristes et narcotrafiquants.

Elle interpelle donc l’Etat par rapport à ce qu’elle qualifie «d’injustice flagrante contre les peulhs». Une situation qui a conduit à l’arrestation de nombreux jeunes peulhs emprisonnés à Mopti ou à Bamako pendant des mois sans preuve ni procès.

«Il suffit de donner de l’argent aux agents pour recouvrer la liberté», a dénoncé le collectif. C’est ainsi que, libérés pour faute de preuves, deux jeunes peulhs de la commune de Ségué (cercle de Bankass) seront retrouvés exécutés à Timissa (dans le cercle de Tominian). Il s’agit de Bagnaro Diagayaté et Boureima Diagayeté du village de Soumpoul (commune de Ségué).

Du 29 au 30 avril 2016, dans la commune rurale du Kareri (Malemana, Koroguiri) et de Dioura, une trentaine de peulhs exécutés suite à une attaque contre la communauté.

Face à tous ces crimes contre la population peule, la jeunesse Pulaaku-Mali invite l’Etat à s’assumer. L’Etat doit assumer ses responsabilités d’autant plus que les populations maliennes du centre commencent à s’armer pour se défendre. C’est dire que notre pays n’est pas à l’abri d’une guerre civile. « Si l’Etat ne prévient pas et ne s’assume pas, le pire va arriver», craint le président du Collectif, Ibrahim Dicko.

Excédé par ces crimes perpétrés contre la communauté peule, le Collectif, entre autres, à l’Etat de restaurer l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du territoire nationale, surtout dans les régions du nord et du centre ; d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens ; d’arrêter et juger les présumés coupables de toutes les exactions et tueries commises sur les membres de toutes les communautés confondues, partout où des cas avérés de violation des droits de l’homme sont enregistrés ; de condamner les coupables et dédommager les parents des victimes.

En définitive, le Collectif a appelé au sens élevé de l’Etat, de la patrie et du devoir du Président de la République du Mali et de son gouvernement, pour inviter les forces armées (FAMA) et de sécurité sur le terrain à agir avec vigilance, prudence, discernement en évitant surtout toute sorte d’amalgames et toute analyse hâtive.

Aliou Touré


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