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Réconciliation des populations de Samaya : La touche particulière du juge de Kangaba
Publié le jeudi 2 juin 2016  |  Le Prétoire




Après plusieurs années d’affrontement parfois meurtriers entre les communautés de Samaya dans le Mandé, sur initiative du juge de Kangaba, elles ont décidé de faire la paix. Une signature de protocole d’accord a eu lieu à cet effet, le lundi 30 mai dernier au Conseil de cercle de Kangaba.
Ont pris part à cette cérémonie heureuse l’ensemble des chefs coutumiers des villages de Samaya, le juge de Kangaba, le Président du Conseil de cercle, les maires, le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, les députés et les représentants des ministres de la Réconciliation nationale et celui de la Justice.

C’est le maire de la commune rurale de Minidian, Nzé Synayogo, qui donna le ton en souhaitant la bienvenue dans sa commune. Selon lui, c’est une cérémonie pleine de signification, car elle consacre le retour de la paix et la cohésion entre les communautés de Samaya.
Le Président du Conseil de cercle, Bakary Bamba Keïta dit Bou, estime que c’est l’orpaillage qui est à la base de ce problème. Un problème qui a empêché les populations de cultiver et de faire l’orpaillage, car elles ont peur des représailles des autres communautés.

Le chef coutumier de Samaya, Fodékoumba Diawara, a indiqué que c’est dans la paix qu’ils peuvent prospérer. Il a rassuré les uns et les autres qu’à partir de ce jour, les communautés de Samaya s’engagent à ce que de pareilles situations ne se reproduisent plus.

L’homme du jour, le juge de Kangaba, initiateur de la réconciliation, Sékou Zana Traoré, visiblement très ému des propos des uns et des autres à son endroit, confiera que ce sont les notabilités de Kangaba qui lui avaient demandé de veiller sur la ville lors de sa prise de fonction.

«A ma prise de fonction, j’ai trouvé des situations assez pourries entre des communautés. Le rôle du juge ne consiste pas seulement à réprimer et à emprisonner des gens. Si je m’étais mis à le faire, j’allais enfermer tout le monde. Mais, il y a une autre alternative qui consiste à réconcilier les communautés», dit le jeune juge.

Sékou Zana Traoré pense que son rôle de juge de paix consiste à restaurer la paix et la quiétude entre les populations. Car, ces conflits entravent le développement des contrées.
Dans la convention que les populations ont paraphée, les uns et les autres se sont engagés à reconnaitre la chefferie des Diawara à Samaya. Ils sont d’accord pour une gestion consensuelle des affaires du village sous l’autorité du chef de village. Les jeunes des villages s’en tiendront aux décisions des chefs de village.
La convention décide du maintien de la coopérative du village; de la gestion des sites d’orpaillage comme par le passé; le maire sera la seule autorité à délivrer des tickets sur les sites d’orpaillage. Enfin, les uns et les autres se sont engagés à retirer toutes les plaintes pendantes devant la justice.
Tirant les conclusions de la rencontre, le Préfet de Kangaba, M. Samaké, a salué le sens élevé de l’ouverture, de dialogue et de consensus des populations, mais surtout du juge Traoré. Pour lui, c’est l’aboutissement d’un long processus qu’il dit souhaiter voir se multiplier dans le pays. Il conclut en demandant aux uns et aux autres de respecter leurs engagements.
Harber MAIGA
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SEKOU ZANA TRAORE, JUGE DE PAIX DE KANGABA

Ce jeune magistrat qui mérite une attention particulière des autorités
A Kangaba où il sert il y a seulement quelques mois, «ce monstre à trois têtes» force le respect de par son sens élevé de la recherche de la paix sociale. Lors de la cérémonie de signature du protocole d’entente entre les populations de Samaya, ce lundi, tous (autorités judiciaires nationales, autorités locales et résidents de la localité) ont unanimement loué la clairvoyance de ce juge de paix, âgé de 40 ans à peine.
Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années, dit le poète. Cette assertion sied au parcours de Sékou Zana Traoré, juge de paix de Kangaba, dans le Mandé. Lui qui, à 38 ans seulement et en 12 ans d’expérience professionnelle, fait la fierté des populations qui l’accueillent, et même des autorités judiciaires du Mali.
A preuve, lors de la cérémonie de signature d’un protocole d’entente entre les populations de Samaya, Niaouléni et Kobada (dans le cercle de Kangaba) ce 30 mai 2016, celles-ci ont, dans un élan commun, exprimé leur reconnaissance au juge conciliateur. Sékou Zana Traoré, si l’on en croit les protagonistes, est l’un des rares juges, sinon le seul, à s’être véritablement impliqué pour le règlement de ce conflit qui durait depuis quatre ans.
De mémoire des autorités judiciaires présentes à la cérémonie, en l’occurrence le Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, Mohamed Lamine Coulibaly, et le représentant du ministre de la Justice, Sékou Traoré (à ne pas confondre avec le juge de Kangaba), c’est l’une des rares fois que les responsables de la justice au plan national sont invités à témoigner les hauts faits d’un magistrat. «Le plus souvent, nous sommes contactés lorsque le juge se reproche tel ou tel acte», souligne M. Traoré, chef de Cabinet du ministre de la Justice. Il a ainsi souhaité que le comportement du juge de Kangaba inspire d’autres magistrats de notre pays. Ce, pour la consolidation de la paix sociale.
D’un air très jeune mais sage, Sékou Zana Traoré a humblement mis son exploit sur le compte de l’aide divine. Tout en priant que ce protocole soit celui d’un accord définitif, le jeune homme de droit s’est montré conscient d’une chose. C’est que le juge de paix n’a pas pour mission que de trancher les litiges par la voie du droit. Il doit, autant que faire se peut, chercher à concilier les protagonistes à l’amiable qui, poursuit-il, reste l’une des meilleures voies de consolidation de la paix sociale.
Et l’homme s’engage déjà à ne ménager aucun effort pour que de tels protocoles d’accord voient le jour partout où cela est nécessaire dans le ressort de sa juridiction. C’est ainsi dire qu’autant notre magistrature compte des brebis galeuses en son sein, autant elle regorge des magistrats, comme Sékou Zana Traoré, qui sont conscients de leurs missions et les accomplissent avec responsabilité et conviction.
Sékou est né en 1978 à Karangana, dans la région de Sikasso. Il fit ses études primaires dans le même village. Après l’obtention du Certificat d’études primaires (CEP) en 1991, il est admis à l’école fondamentale de Yorosso, où il décroche le DEF avec 17 de moyenne (l’un des premiers nationaux). Il entre ainsi au Lycée Danzié Koné de Koutiala, où il est brillamment admis au baccalauréat en 1998. Bénéficiaire d’une bourse pour Bordeaux, Sékou n’ira pourtant pas en France pour des «rasions politiques».
On lui propose une bourse pour le Maroc, où il devrait poursuivre des études commerciales. Mais, il préférera s’inscrire à l’Université de Bamako (Mali), d’où il sort, en 2002, avec une Maîtrise en droit des affaires. Après un passage à la Bceao et dans différents cabinets d’avocat en qualité de stagiaire, Sékou est admis au concours des auditeurs de justice en 2004. Une fois le diplôme de l’Institut national de formation judiciaire en poche, il est affecté au Tribunal de Koulikoro comme juge au siège et vice-président du tribunal.
Bénéficiant de la confiance des autorités, il est promu, en 2011, juge d’instruction du pôle économique et financier, chargé des régions de Mopti, Gao, Tombouctou et Kidal. Cumulativement, il est nommé juge des enfants de Mopti, juge d’instruction du tribunal de grande instance de Mopti et juge d’instruction du tribunal militaire de Mopti. Depuis décembre 2015, Sékou Zana Traoré est le juge de paix à compétence étendue de Kangaba.
Bakary SOGODOGO


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