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Processus de réconciliation au Mali : ATT refuse de recevoir des émissaires de Bamako…
Publié le mercredi 8 juin 2016  |  Nouveau Réveil
Amadou
© Autre presse
Amadou Toumani Toure
Le président déchu du mali




C’est sans appel : dans le cadre de la réconciliation au Mali, un beau monde est désormais mobilisé pour trouver un rapprochement entre l’actuel président de la République, IBK, et son prédécesseur ATT qui, selon nos sources, a refusé de recevoir des émissaires d’IBK… Sans l’implication du président Macky Sall. Et ce n’est pas un hasard si le député, l’Honorable Moussa Timbiné, a réussi à amener le leader du PS Yélen Kura, l’opposant Amadou Goïta (un proche d’ATT), dans le giron de la mouvance présidentielle. Cependant, en marge de la rencontre de l’UEMOA à Dakar, IBK et Macky Sall se sont entretenus sur le dossier malien. Du moins, si l’on en croit notre source.
Aujourd’hui, ils sont des fidèles, des hommes politiques, des membres de la société civile et même des cadres de l’Administration malienne. Aussi, ils sont de la jeunesse malienne et de la gente féminine du pays. Ils sont des citoyens ordinaires du Mali. Tous, se portent volontaires pour remercier les autorités sénégalaises qui ont accueilli le président Amadou Toumani Touré, en exil à Dakar depuis 2012.
Pour la circonstance, une caravane inédite dans l’histoire était programmée. Mais, la caravane n’aura pas lieu. Et pour cause, ATT, une fois informé, aurait demandé à ses lieutenants de surseoir au projet.

Qu’est-ce qui peut expliquer cette position du président Touré ?
Pour l’instant, aucune explication. Cependant, il est aisé de comprendre que depuis son départ au Sénégal, l’ancien président s’abstient de poser le moindre acte ou la moindre déclaration pouvant contrarier les autorités sénégalaises. Toute chose qui peut justifier, aujourd’hui, la décision d’ATT.
Aussi, ce n’est pas un secret d’affirmer que le courant ne passe pas entre IBK et ATT et cela n’est pas exempt dans le pourrissement de la situation. ATT est assimilé par IBK à un complice d’Alpha Oumar Konaré pour avoir jeté son dévolu, non sur lui, mais sur le premier (ATT). Il estimera, par la suite, que sa victoire lui a été volée par les deux «compères» à l’issue du scrutin présidentiel de la même année (2002). Sa haine envers les deux hommes s’intensifia alors.
Et c’est à la surprise générale que l’on assista à la mise en place d’une Haute Cour de Justice devant jugé son prédécesseur. En définitive, IBK s’est toujours présenté comme la victime (il en est convaincu) et les autres, ses bourreaux d’où l’obsession de la vengeance.
Bien entendu, il était sincère lorsqu’il exhortait Dieu de rétablir la vérité (le fameux «Allah ka tiyèn dèmè»). Mais il ignorait qu’il n’avait nullement le monopole de ladite vérité. Aujourd’hui, il admet s’être trompé à propos d’ATT et de sa gestion de la question du Nord (voir son interview sur l’ORTM – Bilan An I). Et à propos d’Alpha Oumar Konaré, il s’est depuis, fort longtemps repenti à travers l’envoi de plusieurs émissaires chez ce dernier.
Confronté aux dures réalités du pouvoir et désormais conscient de ses limites, l’homme cherche repère et soutien. Mais puisque s’étant lui-même fermé les issues, il est contraint de faire machine arrière et recoller les morceaux. Toute chose qui est en son honneur. L’erreur, dit-on, reste humaine, mais la persévérance, diabolique.

Froid entre Bamako et Dakar
Décidemment, entre IBK et Macky Sall, ça cramait mais ne fumait pas. Le Sénégal, après avoir traîné les pieds et fait de la résistance, a toujours rejeté la plainte du gouvernement malien contre Amadou Toumani Touré (ATT), l’ancien président du Mali.
Pourquoi le Président malien, Ibrahima Boubacar Keita ignorait-il, le Président Macky Sall dans ses discours et déplacements ? Ou bien quelle dent pourrait bien garder le Chef de l’État malien contre son homologue sénégalais ? Autant de questions qui fusent face à l’écart et l’isolement du Sénégal par IBK.
En effet, l’on se rappelle qu’après le renversement de son pouvoir en mars 2012, ATT avait trouvé refuge au Sénégal. Le pouvoir de Dakar à l’époque avait justifié son hospitalité en invoquant des considérations humanitaires et sa crainte de livrer le président malien déchu à son Mali natal qui aurait pu ne pas lui garantir un lendemain meilleur. Bien que le gouvernement malien ait déjà rassuré Dakar sur ce sujet, ce qui au demeurant n’est pas évident, au regard de la situation actuelle du pays, marquée par une lutte implacable contre la corruption, l’on pourrait être fondé à croire qu’ATT, à qui il est reproché une « trahison du pays » quand il était au pouvoir, pourrait ne pas être extradé pour les considérations suivantes.
Le Sénégal, en réfutant la plainte contre ATT ne veut pas entendre de prime à bord son extradition, et semble visiblement s’inscrire dans une logique de rupture et de réchauffement de ses relations avec le grand voisin, le Mali.
D’abord, l’on pourrait penser à une démarche des autorités sénégalaises qui participent au gel des relations entre les deux pays, rendues difficiles par la décision de Dakar, jugée inamicale par Bamako, d’accorder gîtes et couverts à des collaborateurs et proches de l’ancien régime dont justement ATT. Une autre preuve de la brouille dans les relations Mali-Sénégal, les autorités de Dakar ont interdit aux transporteurs maliens d’entrer au Sénégal avec des camions à double réservoirs. Pour les « gouguis », cela leur empêche de faire des recettes. Au motif que les transporteurs font le plein depuis le Mali, où le carburant est vendu plus moins cher.
Toutefois, le Sénégal en s’opposant à la plainte contre ATT, s’inscrit dans une rupture de relations diplomatiques avec son grand voisin, le Mali. Et une éventuelle extradition d’ATT par le Sénégal pourrait par conséquent se lire comme une opération de trahison des autorités du pays de la Téranga à l’égard d’ATT qui durant son règne a entretenu de très bonnes relations avec les autorités de ce pays. De ce point de vue, livrer ATT pourrait être perçu comme le fait de sacrifier un ami de longue date.

Par ailleurs, au-delà de l’incidence diplomatique que cette opération peut créer, tout laisse croire que le pouvoir de Bamako, rendu économiquement et financièrement anémique par le chaos politique et sécuritaire dans lequel il est plongé, cherche par l’entremise d’ATT, à avoir plus de visibilité à ses actions et d’obtenir par la même circonstance, la traçabilité de la crise sécuritaire que le Mali a connu. Cet argument est d’autant plus plausible que le profil d’homme d’ancien chef d’État d’ATT, fait naturellement de lui la personne la plus indiquée du régime déchu, qui pourrait aider le gouvernement malien à comprendre les situations tragiques que le Mali a traversé ces 10 dernières années. Ces détails et informations, de toute évidence, par ces temps qui courent, apporteront certainement une bouffée d’oxygène au gouvernement malien qui pourrait s’en servir pour résoudre en partie la forte et pressante crise dans la partie Nord du Mali.

Situation confuse entre IBK et Macky Sall
Aujourd’hui, le rejet de la plainte contre ATT peut être utilisée par le gouvernement sénégalais pour reprendre l’initiative sur le plan domestique, marqué qu’il est par une remise en cause de son autorité par l’affaire Hissène Habré.
Les relations entre Bamako et Dakar n’étaient plus au beau fixe. Première remarque, fraîchement élu président de la République du Mali, IBK a effectué des visites expresses dans certains pays africains, en zappant le Sénégal, qui partage une frontière avec son pays. Deuxième remarque, lors de son investiture IBK a rendu un vibrant hommage aux pays qui ont participé militairement pour sauver le Mali de l’invasion des djihadistes, sauf le Sénégal qui, pourtant, a envoyé plus de 500 hommes au Mali. Pour être précis, le président IBK n’a cité que le Tchad, le Niger et la France. Troisième remarque, saisissant toujours l’opportunité de cette investiture, IBK tressera des lauriers aux Présidents François Hollande de la France, Alassane Dramane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Idriss Déby Itno du Tchad, et au roi Mohamed VI du Maroc, ignorant royalement le Président Macky Sall, pourtant présent à cette festivité.
Cette supposée brouille entre les chefs d’État sénégalais et malien n’était plus à cacher. Et la plainte du gouvernement malien contre ATT avait été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ibrahima Boubacar Keita, était très remonté contre Macky Sall.
Selon des informations, IBK, en marge du sommet de Dakar s’est entretenu sur le dossier malien avec son homologue sénégalais qui lui aurait donné la garantie de coopérer en ce qui concerne la réconciliation et la paix au Mali. Le président Sall aurait rappelé à IBK qu’il est « son grand frère en tant que chef d’État et son petit frère en âge… ». Une déclaration à valeur de soutien pour IBK et son gouvernement qui n’ont pas lésiné sur les moyens de porter plainte contre ATT pour « Haute trahison ». Et Puisque les faits sont têtus, le président Maky Sall a marqué un niet à ce projet de Bamako d’interpeller ATT. Mais aujourd’hui, IBK semble prêt à faire la paix au Mali et dissipé la brouille entre Bamako et Dakar. D’où l’entretien d’IBK avec Macky Sall.
Auparavant, des émissaires de Bamako, étaient arrivés à Dakar pour s’entretenir avec ATT. Mais nos sources rassurent que ce dernier aurait refusé de les recevoir, sans l’aval de Macky Sall. Et au nombre de ces envoyés d’IBK rejetés par ATT, nos sources citent, le président du PS Yélen Kura, Amadou Koïta, Ahmane Touré dit Serpent et Oumou Sall, la mairesse de Goundam. Par ailleurs, Tiébilé Dramé et certains hommes de médias auraient été reçus par ATT à Dakar.
Toutefois, dans la démarche de Bamako, l’on peut avoir l’impression, que le processus de réconciliation enclenché par le pouvoir en place pourrait être une tentative de réponse à l’échelle nationale, au chaos politico-sécuritaire et économique que vit actuellement le Mali. Le pouvoir de Bamako qui a pu prendre la mesure de cette réalité donne l’impression qu’il s’est enfin décidé à assurer le service après vente au Mali.
En attendant, le gouvernement de Bamako ne jure que par faire la paix entre maliens, mais in fine, c’est d’abord les propres intérêts du Mali qu’il défend.

Jean Pierre James
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