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Contrôle de la charge à l’essieu : Suspension de la mesure
Publié le vendredi 10 juin 2016  |  L’Essor




L’application de la nouvelle réglementation rencontre des difficultés. Le gouvernement et les transporteurs ont donc convenu de suspendre le contrôle, le temps d’apporter des corrections à même d’éviter le blocage du transport des marchandises
Depuis le 1er juin, le règlement n° 14/2005/CM de l’UEMOA relatif à l’harmonisation des normes et des procédures du contrôle du gabarit, du poids, et de la charge à l’essieu des véhicules lourds de transport de marchandises dans les États membres est en vigueur dans son application intégrale.
Pour notre pays, comme pour les autres États membres, la mesure est destinée à préserver les infrastructures routières et contribuer à la durabilité des investissements réalisés dans les routes.
Depuis cette date donc, tous les véhicules de plus de 51 tonnes de Poids total à la charge (PTAC) sont sanctionnés par le paiement de 20 000 Fcfa par tonne de surcharge pour le transport national et 60 000 Fcfa pour le transport international. En plus de la sanction, les services compétents procèdent au délestage de la surcharge aux frais de son propriétaire.
Opposés à l’application intégrale de cette réglementation, certains transporteurs de notre pays demandent une application souple avec une marge de tolérance de 20% sur les 51 tonnes de poids total à la charge. Cette mesure, non écrite, a recueilli l’avis favorable de certains pays.
Au Mali depuis le 1er mai 2016, la pénalité était de 10 000 Fcfa et 30 000 Fcfa, respectivement pour le transport national et international, avec une tolérance de 20%. Mais à partir du 1er juin, notre pays a opté pour l’application intégrale du règlement avec un taux de tolérance de 5%. Ce qui n’est pas du goût des transporteurs maliens qui demandent le maintien des 20% de taux de tolérance sur les 51 tonnes de PTAC.
Les postes de péage-pesage concernés par l’application de cette mesure sont notamment ceux de Diboly, Kati et Sanankoroba qui disposent, chacun, d’un pèse essieux. Comme prévu, l’application du règlement n° 14 de l’UEMOA a commencé dans ces différents postes. Notre équipe de reportage a pu le vérifier mardi au poste de péage-pesage de Sanankoroba où, depuis le 1er juin, plus de 200 véhicules de transport de marchandises ont été sanctionnés pour avoir dépassé la charge autorisée de 11 tonnes à l’essieu. Certains transporteurs acceptent de payer l’amende tandis que d’autres opposent de la résistance.
Sur les lieux, des véhicules remplis de marchandises étaient garés de part et d’autre du poste. Chauffeurs et apprentis bivouaquaient près de leurs camions à l’arrêt. Certains étaient en colère, ignorant souvent de quoi il s’agissait car n’étant pas informés de l’entrée en vigueur de la mesure. « Je transporte du carburant. Ici on me demande de payer 91 200 Fcfa pour la surcharge. J’ai appelé mon patron pour l’informer mais en vain », vociférait un chauffeur tiré de son sommeil par notre présence.
Le chauffeur Médoune N’Diaye en était à son troisième jour sur le site faute de pouvoir payer 350 000 Fcfa pour la surcharge constatée sur le chargement d’aliment bétail qu’il transportait depuis le port d’Abidjan. Comme lui, Adolphe Kassègnè, un autre conducteur transportant diverses marchandises en provenance de Lomé, était retenu pour non paiement de 1 150 000 Fcfa correspondant à l’amende pour la surcharge enregistrée sur son véhicule. « Nous avons informé notre patron. Il nous a dit qu’ils sont en discussion avec les autorités depuis trois jours. Jusqu’à présent j’attend », nous confie-t-il.
Après deux jours de négociation, l’Etat et les transporteurs sont parvenus finalement, mercredi, à un accord en décidant de suspendre le pesage sur tous les véhicules à destination de notre pays. Les discussions vont continuer dans le cadre du comité de pilotage de la mise en œuvre du règlement n°14 de l’UEMOA. Le but est d’étudier les meilleures conditions de l’application du contrôle sur la charge à l’essieu.
Ce comité est composé des représentants de tous les acteurs notamment le ministère de l’Équipement, des Transports et du Désenclavement, le Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR), le Conseil malien des chargeurs (CMC), les syndicats des transporteurs et conducteurs, ou encore l’Union européenne. Les acteurs étudient les voies et moyens d’éviter un engorgement des postes de péage-pesage et de permettre l’acheminement rapide des produits de première nécessité, confirme Youssouf Traoré, le président du CMTR.
Pour lui, le contrôle de la charge dès les ports de départ était la chose la plus souhaitable pour les transporteurs. Ce n’est pas le cas actuellement. « Les pays côtiers dans lesquels nous nous ravitaillons trainent les pieds. Cela pose un problème parce que, visiblement, on ne sait pas encore s’il faut pénaliser le poids total à la charge (PTAC) ou le poids de la marchandise », s’interroge notre interlocuteur qui fait constater que notre pays utilise les deux méthodes.
« Il y a beaucoup de difficultés car comme je l’ai toujours dit, la mesure n’arrange pas les pays éloignés des ports comme le nôtre pour la simple raison que nous sommes tous dans la logique de transporter beaucoup pour rentabiliser la marchandise », soutient le président du CMTR pour qui les autorités doivent encore trouver les solutions aux problèmes qui peuvent découler de l’application de la mesure.
La décision de suspendre l’application du pesage est, de son point de vue, salutaire car elle permettra à notre pays de tirer des enseignements. « Cette suspension est une mesure transitoire et temporaire. Nous allons examiner les difficultés que nous avons connues avec l’ensemble des pays de l’union », explique le patron du Conseil malien des chargeurs pour qui le Mali exigera un taux de tolérance de 20%.
Une autre difficulté dans l’application de la mesure de l’UEMOA est l’absence d’harmonisation de la sanction de la surcharge. En effet, tandis que l’organisation communautaire exige le payement de 20 000 Fcfa par tonne de surcharge pour le transport national et 60 000 Fcfa pour le transport international, certains pays font payer un franc symbolique, relève un observateur du monde des transports.
De même, les États portuaires ne veulent pas être les premiers à appliquer la mesure de peur de perdre une partie importante de leurs partenaires commerciaux des pays de l’hinterland. « Depuis le 1er juin, aucun pays côtier ne s’est véritablement engagé à appliquer intégralement la mesure. Certains avancent la fin du mois de juin. Il faut donc attendre pour voir », conclut notre interlocuteur.
Nos multiples tentatives pour rencontrer les responsables du ministère de l’Équipement, des Transports, et du Désenclavement sur la question ont été vaines.

B. COULIBALY
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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