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Tiébilé reste ferme malgré les reproches
Publié le vendredi 10 juin 2016  |  Le Pays
Rentrée
© aBamako.com par Momo
Rentrée politique du PARENA
Bamako, le 20 février 2016 le PARENA a tenu sa rentrée politique 2016 au Palais de la culture




Il y a environ deux heures, le Président du PARENA répondait, sur sa page facebook, aux reproches à lui faites par certains citoyens sur sa vision de l’instabilité au Mali et les pays voisins.

Lisez sa réaction.

Ma réponse à la lettre ouverte de Issa Balla.

Moussa Sangaré Cher frère, Issa Balla Moussa Sangaré, Je vous remercie très sincèrement de m’avoir interpellé sur la grave crise que traverse notre pays et sur ses répercussions hors de nos frontières.

Permettez-moi de vous dire combien je trouve rafraîchissant et rassurant que de jeunes maliens se préoccupent du présent et de l’avenir de notre pays.

En vous remerciant de l’appréciation positive que vous faites de l’action du PARENA et avant d’en venir à l’objet de notre échange, je souhaite rectifier vos informations: le PARENA n’est pas un parti extra-parlementaire. A l’issue du dernier scrutin législatif en 2013, nous avons obtenu trois sièges.

S’il est vrai que deux de nos élus nous ont quittés, il nous reste un député qui siège sur les bancs de l’opposition. Venons-en à l’objet de votre lettre ouverte: mon propos qui vous a ému découle d’un simple constat et, je ne le fais pas de gaieté de cœur. La situation sécuritaire est très dégradée.

Des centaines de personnes ont perdu leur vie au Mali depuis la signature de l’Accord d’Alger. Entre le 1er janvier et le 31 mai 2016 au moins 250 personnes ont été tuées lors de divers incidents: attaques, explosions de mines, assassinats ciblés, violences intercommunautaires….. Parmi les victimes, des Maliens, civils comme militaires et des étrangers, civils comme militaires. Le constat, je ne suis pas le seul à faire, est que nous sommes incapables de stabiliser notre pays et nous exportons l’instabilité chez nos voisins. Quand je dis » nous », je parle du Gouvernement de la République du Mali (GRM).

Comme vous le savez, dans tout pays, la responsabilité première de maintenir ou de restaurer l’ordre et la loi, la paix et la sécurité incombe d’abord et avant tout au gouvernement.
Si le gouvernement éprouve des difficultés à s’acquitter de cette mission primordiale, s’il éprouve des difficultés à contrôler le territoire national, à y déployer l’administration, les forces armées et de sécurité au point que des foyers hostiles incontrôlés s’y créent et que cette instabilité déborde chez nos voisins, devons- nous nous taire là-dessus par chauvinisme grand-malien? Comment corriger, remédier à une telle situation si d’emblée on choisit de ne pas en parler?
Le rôle, le devoir de tous ceux qui sont attachés à ce pays est de mettre le doigt sur ces réalités afin d’amener les pouvoirs publics à se ressaisir.

J’ai l’impression que vous préférez les hommes politiques et la société civile qui voient bien toutes les anomalies de la gouvernance actuelle et qui choisissent de se taire pour ne pas déplaire au Président et au gouvernement et à leurs défenseurs stipendiés qui crachent sur tous ceux qui osent exercer leurs droits démocratiques à la critique. Mon interview sur RFI qui a duré cinq minutes ne portait pas sur les origines de l’instabilité au Mali mais sur la situation, un an après la signature de l’Accord d’Alger.

Vous évoquez la guerre de Libye. Elle est une des causes de l’effondrement du Mali en 2012. Mais il y a aussi des causes internes. Mais tout cela n’était pas l’objet de l’interview. Je suis désolé si mes réponses à RFI vous ont fait passer une nuit blanche. Mettez vos nuits blanches à profit pour regarder la réalité en face: les autorités actuelles peinent à stabiliser le pays. Kidal échappe toujours au contrôle de l’État, il n’y a pas d’État à 10 kms de Tombouctou.
Toute la région de Mopti est en train de basculer…L’absence de l’État dans de nombreuses zones du territoire entraîne la création de sanctuaires pour des groupes et des forces hostiles.

Cette instabilité se répand, malheureusement, dans la sous -région comme l’attestent les attaques contre Ouagadougou et Grand-Bassam et les incursions répétées de groupes armés au Burkina. La dernière remonte à la nuit du 31 mai au 1er juin quand trois policiers sont morts à Intagom dans l’Oudalan, à 4 kms du Mali. Devons-nous nous taire et tourner ailleurs le regard comme beaucoup le font par commodité ou par calculs politiques?

Le nouveau président burkinabé vient d’informer ses compatriotes qu’il avait sollicité les Nations-Unies et le président malien afin qu’une partie des 850 soldats burkinabé déployés sous mandat de l’ONU au Mali soient affectés à la surveillance de notre frontière commune. D’autres démonstrations sont-elles nécessaires après cette annonce?

Vous m’invitez à savoir « raison garder car à force de trop vouloir marquer des points, on risque de tout rater ». Ce membre de phrase de votre lettre ouverte a barré la « Une » du principal journal de la présidence de la République, « Info-Matin » (numéro du mardi 7 juin). Ce journal est aux avant-postes d’une campagne de lynchage médiatique déclenchée par le gouvernement après mon interview sur RFI. Son porte-parole dûment mandaté pour, semble-t-il, me « recadrer » a obtenu un droit de réponse sur RFI (3 juin).

Puis, divers journaux, radios et internautes ont pris le relais pour me traiter « d’apatride » « jetant l’opprobre sur son pays ». Certains de ces journaux sont animés par des membres de cabinets ministériels. Mais revenons à vous, croyez-vous que je cherche à « marquer des points » quand je m’acquitte de mon devoir démocratique de citoyen et de responsable politique en critiquant la mauvaise gouvernance et la mauvaise gestion du dossier du Nord? Nous ne sommes pas dans un jeu où on « marque des points », mais dans une lutte pour éviter que le Mali ne coule à nouveau. Bien fraternellement à vous et à toutes celles et à tous ceux qui prendront le temps de lire ces lignes.

Entre nous, vous avez été imprudent en disant que vous ne vous attendiez nullement à une réponse parce-que les politiques maliens que vous connaissez n’ont que de l’indifférence pour le citoyen. Maintenant vous avez la preuve qu’il existe une autre catégorie de politiques maliens qui respectent leurs concitoyens.

Bonne journée.

Tiébilé Dramé

Le 09-06-2016
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