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IBK à Baguinéda : Le problème est mal posé
Publié le mercredi 15 juin 2016  |  Le Point
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Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA




En marge de la cérémonie de lancement de la campagne agricole 2016-2017, le président IBK n’a pas manqué de lancer quelques piques à ses détracteurs qui le soupçonneraient ou l’accuseraient d’être impliqué dans les scandales de corruption liés notamment à l’achat de l’avion présidentiel, à l’équipement de l’armée. IBK ne les ‘’pardonne pas’’ tout simplement. En d’autres termes il s’en remet au bon Dieu. C’est là une déclaration sage mais qui ne suffit certainement pas lorsqu’on a en charge la destinée d’un peuple.
Le problème est mal posé par le président. Car peu importe ce que des gens – malintentionnés ou non – disent. Ce qui importe, c’est de poser des actes qui permettent de comprendre que lui n’a rien à voir dans tout cela. Et le meilleur moyen pour cela, c’est d’’’exiger’’ de la justice qu’elle édifie la nation, en menant des enquêtes approfondies qui aboutiraient à des procès.
Si cela est fait, lui n’aura plus besoin de mettre à profit ce genre de cérémonie où d’autres sujets plus terre à terre seraient les bienvenus. Cette pique n’était donc pas de propos. Tout comme il aurait mieux gagné à s’identifier plus au monde rural en de telles circonstances, en se passant vraiment du ‘’tapis rouge’’ qu’on lui déroule systématiquement même en rase campagne. Quelques minutes ou heures sans le tapis rouge, ça ne tue personne.
Majorité – Opposition : La course vers le ‘’label ATT’’
Le 21 mai dernier, c’était l’opposition politique qui, dans ses multiples doléances, demandait le retour du président déchu, Amadou Toumani Touré, de son exil dakarois. Le même jour, dans l’après-midi cette fois-ci, le mouvement ‘’An Ka ben’’ présidé par le président du groupe parlementaire, Moussa Timbiné (secondé par le transfuge Amadou Koïta) tenait un autre meeting (rejoint par les mêmes opposants) pour lancer le même appel relatif à la ‘’réconciliation’’, et donc au retour du même Amadou Toumani Touré. Une semaine après, à l’occasion du lancement de la campagne agricole, ce fut le tour au président de la République en personne de magnifier celui auquel l’opinion nationale et internationale avait lié la création de la Haute Cour de Justice.
L’o n a pensé pendant un bout de temps que l’homme – ATT – allait être jugé pour ‘’ Haute trahison’’, en raison de sa responsabilité présumée dans tous les malheurs qui se sont abattus et continuent de s’abattre sur la mère patrie. Finalement, en lieu et place d’un procès en bonne et due forme, c’est un tapis rouge qui est déroulé au nouveau chouchou des Maliens. Décidément, ‘’l’éloignement augmente le prestige’’. Surtout si le présent est de plus en plus synonyme d’illusions.
Les illusions perdues…‘’Gloire aux vaincus’’.
La nouvelle ‘’ATTmania’’
Après avoir séduit les Maliens dans un premier temps au point qu’ils étaient ‘’prêts à mourir pour lui’’ (ATT, an bè sa inôfè) , le Général fait son grand retour dans le cœur des Maliens (de nombreux Maliens apparemment). Les uns diraient qu’ « il est né sous une bonne étoile » ; pour les autres, ses détracteurs de moins en moins nombreux peut-être, « Mauvaise herbe croît toujours ».
Le ‘’cas ATT’’, une exception ?
Loin s’en faut. La sympathie suscitée aujourd’hui par le ‘’Label ATT’’ n’est guère un fait unique. Souvenons-nous, en effet, de l’épouvantail qui avait été fait du régime Modibo Keita, avec ses ‘’sinistres milices’’, comme aimaient à le peindre les contemporains du premier président du Mali indépendant. Que dire de l’aura obtenue, après sa libération, par le Général Moussa Traoré !
Des concitoyens – et Dieu sait s’ils sont nombreux – ne sont pas loin de le comparer à un Saint parmi les Saints. Et ce, malgré tout ce qu’ils n’ignorent pas des crimes commis notamment et généralement sur des rivaux à Kidal, Taoudénit, au Camp para…Sans compter que ses 23 ans de règne ont presque été un gâchis sur le plan du développement.
Quid de Alpha Oumar Konaré ?
Il a été d’abord qualifié de tous les noms d’oiseaux (lui-même le notait dans son dernier discours mémorable) avant qu’on ne se résolve à reconnaître que c’est lui, et pas quelqu’un d’autre, qui, malgré ses échecs au plan de l’éducation (ce qu’il a reconnu aussi) et de l’armée (on peut le dire aujourd’hui) aura donc été le président à rendre le Malien sinon fier, du moins non honteux de présenter son pays, sa capitale à un étranger.
Les Cscom, la médecine de campagne, les routes, les stades, les espaces publics, les monuments (pour lesquels il avait été critiqué par des extrémistes religieux qui n’hésitaient pas à le traiter de païen, de mécréant, mais dont les amoureux et autres mariés savent tous les bienfaits), le scanner (Hôpital du Point G), les logements sociaux (lui n’y donnait pas son nom, sinon nous avons les 300 Logements, Sotuba, etc.)…
Et Dioncounda Traoré ?
En tant que président de la Transition, il a été d’abord vomi par une grande partie de la population. On a même attenté à sa vie. Cela ne l’avait pas empêché de pardonner à ses bourreaux leur forfaiture ; ce qui lui valut une grande sympathie de la part de cette même population. Mais c’est surtout après son départ du pouvoir que les Maliens se rendirent réellement compte du travail abattu par l’homme, avec à ses côtés le Premier ministre ‘’Pleins pouvoirs’’, Cheick Modibo Diarra.
En effet, la Transition, malgré le retrait de nombreux partenaires et donc d’une partie substantielle de l’aide reçue habituellement, avait su maintenir les prix des denrées à un niveau acceptable pour la population. Niveau qui va par la suite monter avec le régime IBK, malgré un contexte nettement plus favorable, du fait notamment du retour de nombreux partenaires techniques et financiers.
Un éternel recommencement
En somme, le peuple malien vit avec ses anciens dirigeants le scenario d’un éternel recommencement. Confirmant ou infirmant – c’est chacun selon – l’assertion selon laquelle « si l’histoire se répétait, la seconde fois serait ridicule ». Nous ne sommes pas sûrs que les cas répétitifs au Mali aient un aspect ‘’ridicule’’. Cela semble au contraire plus proche du tragique que du comique, aucun enseignement n’étant tiré des diverses expériences.
ATT au centre d’une compétition ?
Que faut-il comprendre de cette soudaine ruée de part et d’autre vers cette ‘’petite perle d’or’’ nommée Amadou Toumani Touré ? Est-ce lié à notre légendaire ‘’empathie malienne’’ ? Par opportunisme politique ? Ou encore par ‘’realpolitik’’ tout aussi semblable à l’opportunisme ? Nous penchons pour les deux dernières hypothèses qui disent à peu près la même chose dans le fond.
En effet, il y a eu d’abord l’apport inestimable des inconditionnels du président déchu. Parmi lesquels on peut citer Nouhoum Togo du PDES, Hamane Touré dit serpent (entre autres), quoi qu’on puisse reprocher aux deux personnages. En effet, savoir rester fidèle, même dans l’adversité est un signe de courage et d’honneur.
Les deux personnages – dont nous ne partageons pas forcément les positions – ont su mouiller le maillot pour redorer l’image de leur mentor et appeler à son retour. Leur lutte a peu à peu bénéficier du sentiment de désillusion qui gagne de plus en plus de concitoyens vis-à-vis du régime IBK. Au point que, aujourd’hui, on n’ait guère besoin d’un sondage d’opinions, pour se rendre compte qu’ATT est très largement regretté par la population malienne. Une telle sympathie n’aurait pas dû, à priori, enchanter l’actuel locataire de Koulouba – pardon de Sébénincoro.
D’autant plus que, avec la création de la Haute Cour de justice, sans le dire, il avait laissé croire à l’ouverture prochaine d’une enquête et d’un procès de son prédécesseur. Sur le compte duquel circulait ici et là l’accusation de ‘’haute trahison’’. La montagne aura finalement accouché d’une souris si l’on se réfère aux propos tenus dernièrement par IBK à Baguinéda, à l’occasion de la cérémonie de lancement de la campagne agricole. Cérémonie au cours de laquelle il lançait l’idée d’une rencontre prochaine (‘’bientôt’’) avec ATT. D’aucuns trouvent l’explication simple : « Les loups ne se mangent pas entre eux ». D’autres se disent que «
Qui veut la fin veut les moyens ». En d’autres termes et par rapport à la compréhension de cette catégorie d’observateurs, ATT constitue aujourd’hui un ‘’moyen’’ pour parvenir à ses fins politiques à la fois pour la majorité que pour l’opposition. En effet, l’échéance se rapproche à grands pas et aucun camp n’a apparemment intérêt à vouloir se passer du capital de sympathie qui entoure aujourd’hui - une fois de plus – l’ancien président exilé à Dakar.
Le parti au pouvoir a probablement compris cela et perçu la nécessité de ne pas laisser l’opposition lui voler la vedette. En tenant donc le discours élogieux qu’il a tenu à Baguinéda au sujet d’ATT, le président IBK a donc fauché l’herbe sous le pied de son adversaire. Dans une situation pareille, il risque d’y avoir match nul entre les deux camps, ATT, par devoir de reconnaissance, pouvant opter pour la neutralité. Mais d’autres réalités incitent à voir un certain avantage du côté du parti au pouvoir.
Ou plutôt du côté du président IBK. La première explication à cela est que ‘’la raison du plus fort est toujours la meilleure’’, et l’on sait que c’est IBK qui tient les rênes du pouvoir. Une autre réalité est que c’est IBK qui avait soutenu ATT au second tour de la présidentielle de 2002. Il ne serait donc pas surprenant qu’aujourd’hui le ‘’jeune frère’’ renvoie l’ascenseur’’.
Et Sanogo dans tout ça ?
Si l’on suit la même logique de « Gloire aux vaincus », le tour du capitaine – ou général – Sanogo devrait arriver. Comme cela s’est passé pour ses ex collègues anciens chefs d’Etat. Cela est d’autant plus probable qu’Amadou Haya reste populaire auprès d’un certain électorat (milieu analphabète en particulier), qu’il est en quelque sorte le ‘’protégé’’ de leaders religieux de taille (des chérifs Bouyé, dit-on, et Haïdara, ce dernier ayant du respect pour celui qui avait su l’écouter en une certaine période de trouble, comme lui-même l’a laissé entendre à l’occasion de la visite qu’il a rendue à Sanogo dans son geôle).
Nul n’ignore, par ailleurs, que, sans un certain Amadou H. Sanogo un certain jour, il aurait été impensable d’imaginer le destin qui est aujourd’hui celui du président IBK. Ne serait-ce que pour ces raisons, l’avenir paraît tout aussi radieux pour Sanogo. Qui pourrait même jouer le rôle de ‘’nouvel héros’’. A défaut de prétendre à la ‘’sainteté’’ vouée à GMT, et à l’aura d’un ATT.
La Rédaction
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