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Le football otage de la pagaille engendrée par la violation des textes
Publié le mercredi 15 juin 2016  |  Le Reporter




Pour la seconde fois, les acteurs du football malien étaient devant le Tribunal arbitral du sport (TAS), le 2 juin 2016. Une fois de plus, le Comité exécutif de la Fédération malienne de football (Femafoot) était attaqué à Lausanne (Suisse) par des Ligues (Bamako, Ségou, Kayes, Gao, Tombouctou et Kidal). Elle vient prouver à ceux qui en doutaient encore que la crise qui secoue le football malien depuis 2015 est loin d’être derrière nous. Et elle ne met pas en cause les textes qui sont jugés meilleurs par la FIFA, mais surtout une mauvaise interprétation de ceux-ci afin de mettre certains acteurs et leurs clubs à la touche.
Cette nouvelle plainte vise à annuler l’assemblée générale du 31 octobre 2015 et toutes ses décisions. «Ce n’est pas un procès de trop dans le football malien car le 18 septembre dernier, le TAS n’avait pas jugé le fond du contentieux qui opposait certains protagonistes, puisque la plainte contre l’assemblée générale du 10 janvier 2015 avait été déposée 21 jours après les faits, délai du TAS», nous explique notre confrère Moustaph Maïga qui est également le président de l’Office du Niger Sports (ONS). Ce second procès a l’avantage de voir la plainte déposée le 20 novembre dernier même si la Femafoot s’est battue pour que l’appel ne soit pas recevable. «Office du Niger Sports est partie prenante de ce nouveau procès puisque le club, membre votant, n’avait pas reçu les documents de l’assemblée générale 21 jours avant. Ce fut fait exprès pour que le club ne mette pas en débat le point du championnat national de Ligue 2 entaché d’un holdup.
Sans compter que les documents financiers n’aient été distribués que dans la salle et après l’AG», nous a édifié M. Maïga. Ce n’est un secret pour personne que le championnat national de Ligue 2 a été émaillé de graves violations dénoncées par la médiation interne malienne. Et curieusement, la compétition a été entérinée par l’AG du 31 octobre 2015 dont plusieurs plaignants dénoncent les tares. Dans les textes, en dehors des cartons rouges, aucun Officiel ne peut par exemple être suspendu s’il n’a pas été auparavant écouté. Et il a droit à 15 jours pour répondre à l’interpellation. Le TAS a entendu les protagonistes et son verdict est très attendu pour définitivement les départager. «Il est important que le droit soit dit. Et dans le cas particulier du Mali, c’est que les 3 juges du TAS rentrent dans le fond et nous disent : voici la vérité ! Ainsi le camp perdant mettra de l’eau dans son vin. Sinon, je ne pense pas que si on laisse dos à dos les protagonistes, comme la dernière fois, en s’occupant de la forme (qui est aussi le droit), le dernier recours d’un tribunal de sport ne pourra qu’enliser notre football», espère Moustaph Maïga.
Une pagaille sciemment entretenue
Mais, notre conviction est que le TAS va trancher, nous serons toujours à la case-départ car ce n’est pas une question de droit, car le règlement est supposé être connu de tous. Et si les textes étaient appliqués à la lettre, le public sportif ne serait pas ainsi condamné à ce ridicule et désolant spectacle qui est en train d’anéantir les progrès réalisés pendant la dernière décennie. La preuve, c’est que notre football n’est représenté dans aucune des phases finales des deux compétitions phares de clubs du continent : Coupe CAF et Ligue africaine des champions. On nous rétorquera que les sélections nationales brillent. Mais pour combien de temps, si les clubs qui constituent leurs pépinières sont en crise ? C’est la mauvaise foi qui prolonge ce chaos. Sinon, on ne peut pas se retrouver à ce niveau de responsabilité et méconnaître la réglementation de cette discipline, de son organisation nationale et régionale. Et pour pouvoir manipuler une législation, il faut bien la maîtriser !
Selon de nombreux acteurs et observateurs, le football malien est géré par de bons textes préparés par une équipe managée par un magistrat chevronné, Hamèye Founé Mahalmadane. C’était en 2011 alors que l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports était à la Fédération. Lesdits textes ont été très rapidement approuvés par la FIFA. Et on se rappelle que l’instance mondiale n’avait fait qu’une seule retouche faite alors que dans les autres pays, toutes leurs crises viennent du fait que leurs textes sont en déphasage avec la réalité. C’est par exemple le cas de la Guinée-Conakry où un comité de normalisation a été récemment installé par la FIFA. Mais la Femafoot n’en fait qu’à sa tête ces dernières années. Les statuts gèrent les problèmes internes de l’association et les règlements généraux tranchent les compétitions. C’est ça le droit. Mais, «quand on veut noyer le poisson dans l’eau en nous disant qu’on outrepasse un règlement spécial d’un match pour le trancher par un article des statuts, cela veut dire que les textes ne sont pas en cause mais les hommes qui en sont les garants», déplore l’une de nos personnes ressources.
La crise qui secoue donc notre football depuis plus d’un an n’est pas une question de textes mal ficelés, mais une crise de personnes et surtout de mauvaise volonté ! Et, n’ayons pas peur des mots, si la crise perdure, c’est en partie à cause de l’entêtement du président de la fédération de vouloir coûte que coûte écarter certains acteurs majeurs de la vie du football en République du Mali. Et cela sans doute pour préparer son improbable réélection. On aurait tourné la page de cette crise s’il avait a eu le courage et la clairvoyance de lever les sanctions contre une vingtaine de dirigeants lors de la dernière assemblée générale. En confirmant les sanctions, il a démontré qu’il n’était pas encore prêt à enterrer la hache de guerre. Un pays a beau avoir de bons textes, si personne ne veut les appliquer, cela ne peut créer que de la frustration, de l’injustice et la pagaille comme nous le voyons dans notre football depuis plus d’un an.
Il est temps que les uns et les autres reviennent à de meilleurs sentiments et comprennent qu’ils sont une entité minime dans ce que représente aujourd’hui le football au Mali !
Dan FODIO
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