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Editoral : Bamako saura-t-il faire le bon choix ?
Publié le lundi 4 fevrier 2013  |  Sidwaya




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Le président français, François Hollande, a été accueilli en héros, le samedi 2 février 2013, à Tombouctou, la ville aux mille saints. Trois semaines après le début de l’intervention française, François Hollande a été reçu en "sauveur" dans la ville emblématique du Nord du pays. La raison, les troupes françaises ont réussi à reconquérir toutes les grandes villes du Nord, presque sans coup férir. C’est de l’exploit. Du coup, les partisans indécrottables de l’application stricte de la charia au Mali se sont évanouis dans la nature avec armes et bagages. Ils se seraient cachés dans les replis du massif des Ifoghas. Comme dans la bataille de Tora Bora ou de Kandahar en Afghanistan entre les Talibans et les Alliés (Alliance du Nord et les forces de l’OTAN), il est trop tôt de crier victoire. Le plus dur reste à faire. Comment anéantir la menace extrémiste et terroriste au Mali ? « Le combat n’est pas terminé et ce serait une erreur de penser que parce que nous avons réussi à sécuriser les villes nous pouvons nous arrêter là », a reconnu le président Hollande.
D’aucuns préconisent la traque sans relâche des rebelles dans leur dernier retranchement. Cela, tout en négociant avec les Touaregs modérés. D’autres veulent ramener la paix au Mali uniquement par la force des armes. Pour eux, toute rébellion se mâte. A chacun son choix. La seule certitude est que les autorités maliennes ont plutôt intérêt à prendre langue avec les indépendantistes touaregs afin de déboucher sur un compromis entre le Nord et le Sud. Les indépendantistes ont pris les armes parce qu’ils se sont sentis, à un moment donné, en marge de la République. Dépourvus d’infrastructures routières, socio-éducatives, Touaregs et Arabes n’ont trouvé mieux de se faire entendre que par les coups de canons. Leur crime, c’est d’avoir ouvert la brèche qui a profité à des Djihadistes, en réalité des terroristes venus de partout.
Même si le président Dioncouda Traoré n’a pas du tout envie de parler de nouvelles négociations, il finira par rencontrer certains enturbannés autour d’une table de négociation. Tant que le Mali et la France n’essayeront pas de négocier avec les Islamistes modérés et d’en diviser d’autres pour mieux régner, il y aura problème.
Le médiateur de la CEDEAO, Blaise Compaoré, a réussi à faire fléchir les positions de certains jusqu’aux-boutistes du Mouvement national de libération de l’Azawad. Que certains prétendent remettre en cause ces négociations, il convient d’admettre que celles-ci ont permis de ramener le MNLA à la raison. Ce mouvement ne parle plus d’indépendance de l’Azawad, mais d’autodétermination. Peut-être que par le dialogue, il finira par se contenter de l’amélioration des conditions de vie des populations du Nord-Mali. Ses membres le savent, le maximalisme sera dangereux aussi pour le MNLA, le Mali que pour l’ensemble de la sous-région ouest-africaine.
Le président français, François Hollande, semble avoir compris qu’une guerre ne se gagne pas seulement par les armes. Il pousserait Dioncounda Traoré à négocier avec les rebelles modérés du Mali.
La fracture entre le Nord et le Sud du Mali est aujourd’hui réelle. La méfiance et l’incompréhension entre les deux parties du territoire se sont amplifiées. Des actes de représailles envers les Touaregs sont perpétrés dans les villes libérées. Des pillages de biens, des lynchages et autres exécutions sont dénoncés par les organisations de défense des droits humains dont la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) et Human Right Watch.
Le Mali n’est, en effet, pas au bout de ses peines. Il va devoir réconcilier toutes les populations du pays issues de différentes ethnies. Les rebelles touaregs savent que leur avenir n’est pas encore assuré au Mali. C’est aux autorités de Bamako de les rassurer par des actes. Tant que la place des Touaregs ne sera pas assurée au Mali, la paix durable dans la région sera un leurre.
Dioncounda Traoré peut annoncer son intention d’organiser les prochaines élections au plus tard, en juillet prochain pour stabiliser la situation du pays. Mais il lui faudra auparavant régler la question de l’indépendance de l’Azawad. Le MNLA contrôle, depuis le 28 janvier 2013, la ville de Kidal et se dit prêt à négocier avec les autorités maliennes. Comme l’a noté l’écrivain et moraliste colombien, Nicolás Gómez Dávila : « Toute rébellion contre l’ordre de l’homme est noble, tant qu’elle ne masque pas une rébellion contre l’ordre du monde ». Que dire du MNLA ? L’insurrection de ce mouvement est-elle contre l’ordre du monde ou contre celui de l’homme ?
Refuser de négocier avec les modérés, c’est s’illusionner que la guerre au Mali se gagnera uniquement à coups de canons. Tôt ou tard, les acteurs se retrouveront pour les négociations et pour la pacification de l’ensemble du territoire. Ni l’armée française, ni celle du Mali, ni celle de la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) ne pourra ramener la paix durable sans le dialogue politique. Les deux guerres les plus sanglantes de l’humanité (1re et 2e guerres mondiales) se sont achevées par le dialogue. Les plus récentes, en Irak et en Libye n’ont pas banni le dialogue politique. Le Mali doit le savoir et devra s’y atteler. Les Nordistes maliens perdront la bataille, mais pas la guerre. Ils se feront toujours entendre lorsque les soldats étrangers s’en iront. Savoir éviter le travail de Sisyphe, c’est faire preuve de grandeur d’esprit et de clairvoyance. Bamako doit choisir entre le dialogue politique après les combats ou passer le sparadrap sur la plus grosse plaie de son histoire : la rébellion touarègue. Tant que les populations du Nord se sentiront lésées, elles se feront entendre en désobéissant à Bamako. Or, Oscar Wilde nous rappelle cette vérité : « Aux yeux de quiconque a lu l’Histoire, la désobéissance est la vertu originelle de l’homme. La désobéissance a permis le progrès – la désobéissance et la rébellion ».

Par Rabankhi Abou-Bâkr Zida
rabankhi@yahoo.fr

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