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Scandales fonciers à Tombouctou : -La construction d’une station d’essence fait polémique -Risque d’affrontement
Publié le lundi 27 juin 2016  |  Le Débat




L’anarchie dans laquelle la question foncière est traitée à Tombouctou, fait de la ville un endroit oublié du Mali moderne. Illustration parfaite : la construction d’une station-service a été autorisée avec la complicité de la mairie et la Direction régionale de l’urbanisme. De quoi provoquer la colère d’un Collectif d’associations de jeunesse. Que dire du litige foncier à Kabara qui agace la notabilité et fait craindre un affrontement.

Le Mali, à l’instar des autres pays du continent, se veut avant-gardiste dans les domaines sensibles comme la gestion du foncier, sujet qui a très souvent opposé le ministre des Domaines de l’État et des Affaires foncières, Mohamed Ali Bathily, à des groupes et consortiums forts pour récuser souvent l’État jusqu’à sa propriété.



Rappelez-vous que les bâtiments aux abords du 3ème pont de Bamako ont été détruits pour permettre le passage libre de la voie rapide. Que dans certains quartiers de la périphérie de véritables opérations de destruction sous protection policière ont eu lieu. Il faut que force revienne à la loi et c’est en ce sens que l’action du ministre bénéficie de l’adhésion entière des communautés. Sauf que cette action du ministre bénéficie seulement à la capitale ; d’où ces interrogations : les services techniques relevant du domaine rendent-ils compte au ministre ? Que font les Cabinets des départements dans la remontée des informations ?

Danger constant

Prenons le cas de Tombouctou (ville classée au patrimoine mondial) où depuis un certain temps une grogne gonfle à propos de la construction d’une station de vente de carburant, juste derrière le stade omnisports, à quelques encablures de l’hôpital régional, en face de la Centrale électrique d’Edm-Sa.

Entre un Conseil communal dédié aux entourloupes et une administration qui ferme les yeux, il nous est revenu que les plus disant sont devenus maîtres en ces lieux jadis étalés sous les sabots d’Alfarouk, le génie protecteur de la ville.

L’arbitrage de Bamako sollicité

À Tombouctou, il n’existe pas de jeunesse organisée, il n’existe pas d’association organisée, il n’existe pas de société civile forte. À Tombouctou, quelques hommes politiques et leurs hommes de main vendent des lettres d’attribution antidatées ; disposent de fiches d’état civil vierge ; transforment à travers des carnets de famille vierges, des enfants en chefs de ménage. Que n’aura-t-on pas vu ? Vivement une action forte des ministres de l’Administration et de la Sécurité intérieure pour mettre fin à cette pagaille organisée sur la terre sainte de Tombouctou.

Idem pour le ministre Bathily qui devra s’intéresser à l’extension de la ville de Tombouctou ; poser des questions aux représentants de l’État dans les services des domaines et de l’urbanisme ; exiger et voir ce que l’Etat y a gagné. Au regard du manque d’inaction des autorités administratives locales, un Collectif d’une trentaine d’associations de jeunes ont saisi le gouverneur qui a été surpris lui-même, n’ayant jamais été informé par ses services techniques chargés de faire appliquer les textes et prendre des mesures conservatoires, en cas de violation des textes en la matière.

De sources formelles, seule la Direction régionale de l’urbanisme, qui est le service technique compétent en la matière, a donné son quitus pour des raisons jusqu’ici incomprises des autres structures de l’État.

Pour ce qui est des partis politiques dans la Cité des 333 saints, seule la sous-section Rpm a saisi le préfet, mais son écrit est resté sans suite. Ce qui porte à croire que tous les autres partis politique sont mouillés dans cette mélasse nauséabonde. Et l’Adéma-Pasj, qui dirige la mairie de la commune urbaine de Tombouctou, est loin de convaincre, surtout que le propriétaire de la station problématique se tape la poitrine de ce soutien politique en haut lieu.

Il revient donc au ministre de faire en sorte que les sportifs de Tombouctou, les malades parmi lesquels les femmes fistuleuses et les tout-petits de la pédiatrie, les habitants vivant à côté de la Centrale électrique, retrouvent leur environnement avec la sécurité de vie qui la caractérisait.

Cas typique de Kabara

Comme si cela ne se suffisait pas, le quartier Kabara souffre de distribution de lots à usage d’habitation de façon anarchique, malgré l’interdiction du ministre en charge de l’Administration territoriale et de son homologue des Domaines. Cette situation a amené le chef de quartier et ses conseillers à saisir le maire de la ville et la Direction régionale de l’urbanisme pour mettre fin à leur calvaire. Devant leur manque de réaction, les responsables du quartier ont sollicité par écrit le sous-préfet auprès de la commune urbaine, le Directeur régional des domaines et le Directeur régional de l’IGM, pour éviter un affrontement entre la population (les voisins se menacent régulièrement). Cette situation prévaut dans tous les quartiers de la ville de Tombouctou.

Pour gérer cette affaire, une forte interpellation est adressée au ministre des Domaines, car les communautés de Tombouctou ne veulent pas d’une station d’essence à cet endroit-là, à cause du danger qu’elle représente pour tous les malades puisqu’elle sera à proximité d’un hôpital.

Drissa Tiéné
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