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Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peulh et la restauration de la justice : La ‘’Libanisation’’ du pays en route
Publié le mercredi 29 juin 2016  |  Le Point
MNLA
© Autre presse par DR
MNLA (Mouvement National pour la Libération de l`Azawad)




La nouvelle est tombée comme un couperet sur les ondes de RFI dimanche dernier. Il s’agit de la naissance d’un énième mouvement politico-militaire nommé ‘’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peulh et la restauration de la justice’’. Son leader, un jeune enseignant de 27 ans dont l’ennemi juré, selon les propos du correspondant de RFI, n’est autre que l’armée malienne, les FAMA.
Le nouveau-né des mouvements politico-militaires revendique déjà quelques 700 combattants plus de nouvelles adhésions, l’objectif visé étant de protéger les civils peulhs. Contre qui ? Officiellement, contre les FAMA désignées comme les ennemies naturelles que le mouvement accuse d’armer d’autres communautés contre les Peulhs. Officieusement, l’objectif inavoué de l’Alliance pourrait être également de combattre ces communautés supposées être armées par les FAMA.
Cela nous rappelle l’adage selon lequel : ‘’Qui se sent morveux, se mouche’’.
En effet, si les Peulhs n’ont rien à voir avec les attaques perpétrées contre certaines communautés, notamment des communautés bambara, ils ne devraient pas s’inquiéter outre mesure de ce que ces communautés soient armées contre d’éventuels envahisseurs. Dans tous les cas, le premier enseignement qu’on pourrait tirer de cette nouvelle donne reste ce que nous avons toujours dénoncé, à savoir, l’absence de l’Etat.
«La nature a horreur du vide» et l’absence de l’Etat tue l’Etat, ou plutôt ce qui en reste. En effet, une grande partie du territoire national ressemble aujourd’hui à une sorte de ‘’no man’s land’’. Où les populations sont livrées à elles-mêmes, sinon à la merci des bandits armés. Dans ce cas, c’est le ‘’bè bi ba bolo’’ d’ATT qui n’a jamais été aussi vrai que maintenant.
La prolifération des groupes armés
L’Etat est devenu si inexistant qu’on se perd désormais dans le décompte des groupes armés : MNLA, HCUA, MAA (CMA), Plateforme, Ganda Koy, Ganda Iso, Front pour la libération du Macina (de Amadou Koufa), Ançar Dine d’Iyad Ag Ghali, Alliance pour la sauvegarde de l’identité peulh et la restauration de la justice du jeune Oumar Aldiana... Avec tous ces groupes armés, on n’est pas loin du Liban des années 1980 où presque chaque communauté disposait de sa milice, de son mouvement armé.
Le résultat de l’injustice
Cette nouvelle création est aussi l’expression d’une colère liée à l’injustice. Les gouvernants successifs de l’ère dite démocratique ont cru souvent bon de chercher à acheter la conscience des Leaders de groupes armés, d’accorder des privilèges indus à des communautés minoritaires.
Au grand dam de la majorité silencieuse qui n’a pas jugé nécessaire de passer par les armes pour se faire entendre. Mieux vaut tard que jamais, les gouvernants doivent comprendre qu’on ne résout pas un problème en le fuyant, en essayant de corrompre les consciences, en accordant des privilèges injustifiées, en accordant une prime à la rébellion, au banditisme tout simplement.
Réparer une soi-disant injustice par une autre injustice ne peut qu’en rajouter à la crise, car suscitant les mêmes velléités chez d’autres communautés jusque-là paisibles. Un Etat irresponsable ne peut que semer le désordre. Un foyer de tension sur lequel vont souffler des politiciens en mal de notoriété. Et il faut certainement croire le jeune leader de la nouvelle Alliance quand il dit, selon Serge Daniel de RFI, que ‘’des hommes politiques sont avec eux’’.
Qui sont ces hommes politiques ? Il préfère d’abord taire leur identité. Peut-être pour des raisons stratégiques ou de sécurité. Dans tous les cas, le Mali est comme un ‘’petit village’’ où tout le monde se connaît. Mais surtout, en ne divulguant pas les noms de ces leaders politiques présumés membres du nouveau mouvement politico-militaire, Oumar Aldiana pourrait pousser une certaine opinion à diverses supputations dont les victimes seraient vite trouvées : les dirigeants peulhs de partis politiques. Ces responsables politiques pourraient donc faire les frais d’une nouvelle stigmatisation qui pourrait, par ailleurs, leur coûter cher lors de prochaines joutes électorales. Une situation qui n’est pas de nature à baisser la tension, mais au contraire, pourrait provoquer une sorte de repli identitaire.
Contrairement à l’objectif initial visé qui n’est ni de revendiquer l’indépendance, ni d’instaurer le jihad.
L’Alliance a-t-elle un lien avec Amadou Koufa ?
Difficile pour l’instant de répondre à cette question. Mais, quand on sait l’origine éthique de cet autre leader et de ses combattants, il ne serait aucunement étonnant que l’un ou l’autre veuille franchir le pas pour faire cause commune. Quand on sait, par ailleurs, que d’autres mouvements du genre existent ailleurs dans la région africaine (notamment au Nigeria), il faut craindre le pire qui serait la jonction entre tous ces mouvements.
En somme, ce qui a été appelé jusque-là ‘’la crise du Nord’’ devient chaque jour un peu plus ‘’la crise malienne’’. À défaut de tout concentrer sur le Nord, et par son absence sur le terrain, la crise est en train de se généraliser. Le Sud se rapproche chaque jour un peu plus du Nord, en termes d’insécurité. À ce rythme, si on ne se ressaisit pas, il n’y aurait tout simplement plus d’Etat à gouverner.
S. Haidara
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