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Hollande au Mali : derrière l`émotion du président, l`amertume des Français
Publié le mardi 5 fevrier 2013  |  Nouvel Observateur


Visite
© aBamako.com par A S
Visite du président François Hollande à Tombouctou.
Tombouctou, le 02 février 2013, le président français s`est rendu à Tombouctou à la rencontre des troupes françaises en position dans la région.


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LE PLUS. Hollande a rendu visite au peuple malien ce week-end, l'occasion pour le président de se confronter à la ferveur d'une population fraîchement libérée du joug des djihadistes, avec l'aide de l'armée française. Seulement, pour certains observateurs comme Dom, cette visite ainsi que le discours prononcé sont lourds de sous-entendus. Explications.

Parfois, c'est sur la durée qu'on mesure l'importance des choses. Des mots aussi qui, sur le moment interpellent mais ne prêtent pas vraiment à conséquence. Des mots dont on ne juge le véritable poids qu'à l'épreuve du temps susceptible de révéler la profondeur du malaise qu'ils provoquent.

Nous parlons de cette petite phrase, jetée dans l'euphorie de la liesse populaire du peuple malien, que François Hollande a prononcé il y a quelques jours :

"Je veux vous dire que je viens sans doute de vivre la journée la plus importante de ma vie politique."

Cette phrase, prononcée le 2 février à Bamako lors de son discours à l'adresse du peuple malien, et qui clôturait une visite éclair au Mali est, toute sincère qu'elle soit, une vraie faute politique.

Sur l'instant, on ne pouvait qu'être ému, comme l'étaient visiblement le chef de l'État, ainsi que ses ministres de la Défense, et des Affaires étrangères, face à l'incroyable ferveur populaire des maliens venus en masse remercier "Papa Hollande" ou encore "El Farouk des temps" pour leur libération.

Derrière l'émotion, l'image...

Comment ne pas être bouleversés devant la joie, les sourires, les remerciements de toute une population qui venait d'être libérée après des mois de tortures, de violence et d'oppression ? Peu importaient alors les polémiques face à la libération de Tombouctou, de Gao ou encore de Kidal.

Le président français, lui, ne pouvait qu'être surpris et emporté par cette liesse incroyable et cette joie contagieuse. On peut le comprendre et la partager, mais ces quelques mots, peut-être prononcés dans l'intensité de ces moments d'exceptions, eux, restent comme une épine dans le pied.

Une petite phrase en forme de bâton tendu à l'opposition, forcément prompte à s'en saisir. Ce qu'elle a curieusement fait avec modération, hormis Copé qui n'a pu s'empêcher d'ironiser à ce sujet, sans insister toutefois autant qu'on aurait pu s'y attendre de sa part. Sur le même banc, on retrouve un Rioufol qui, sans surprise, ne pouvait manquer l'occasion trop belle de moquer François Hollande et, tant qu'à faire, tout le parti socialiste avec.

Ridicule ! a ainsi estimé Yvan Rioufol qui a fustigé un président plus enclin à récolter les lauriers de les étrangers que ceux de son propre pays.

Ridicule ? Non, triste plutôt

Triste déjà qu'un président de la République n'ait pas mesuré, ou qu'on ne l'ait pas fait pour lui, l'importance de ces quelques mots et du message qu'ils envoyaient. Triste qu'il n'ait pas anticipé que ce type d'atmosphère puisse faire sauter le barrage des émotions.

Triste aussi de voir ce bâton tendu par le président à une opposition qui n'attend que cela pour s'en servir, dans un contexte politique déjà tendu par des débats déjà peu en phase avec les préoccupations majeures des gens ordinaires.

Mais plus triste encore pour tous ceux qui ont voté pour lui, qui ont cru en lui et ses promesses de constater que c'est un autre peuple, un autre pays qui offrirait au président, sa plus belle journée de vie politique.

Des mots, rien que des mots ?

Quid du Bourget et de son discours, de ces autres mots qui avaient alors aussi suscité une vague d'espérance, et la foi en un autre avenir possible.
Quid de ces mots guerriers contre la finance auxquels tant ont voulu croire ? De ces mots vantant une République exemplaire, faite d'hommes et de femmes compétents, dans une France forte, égalitaire et rassemblée ?


Quid de la si belle victoire du 6 mai, de ces discours si symboliques à Tulle puis à la Bastille, de ces mots porteurs d'espoir, là encore devant une foule pleine d'attente et du bonheur de la victoire ? Quid du changement promis ?

Depuis, certaines désillusions sont déjà apparues. Finalement de guerre contre la finance, il n'y aura pas, finalement, de France rassemblée il n'y aura pas non plus, du moins pas encore. Finalement, les plans sociaux s'enchaînent en cascade, le chômage continue de grimper, les taxes de tomber autant que les licenciements boursiers, les cumuls de mandat continuent tout comme les nominations entre amis.

Toutes choses qui font dire à beaucoup que finalement, à l'ouest en tout cas, rien de nouveau et que le changement, ben... ce n'est pas pour tout de suite.

Ces quelques mots m'attristent, profondément car ils me questionnent aussi sur ce qu'ils traduisent : simple débordement d'émotion, faute politique ou finalement, véritable aveu d'impuissance ? C'est fini le temps des rêves ?

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