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Les soldats français au Mali ont-ils un nom de famille ?
Publié le mardi 5 fevrier 2013  |  Autre presse




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Accusée de verrouiller la communication sur l’intervention militaire française au Mali, la Grande Muette a consenti ces dernières semaines à laisser les journalistes approcher ses soldats sur le terrain. Sur les chaînes d’info, on découvre alors une armée de prénoms. Le capitaine Pascal raconte la prise de Tombouctou, le lieutenant-colonel Frédéric rencontre la population et le capitaine Hubert met ses troupes en ordre de bataille. Pourquoi et comment l’armée française protège-t-elle l’identité de ses soldats ?

Tous les soldats sont-ils anonymes ?

Il y a en fait deux degrés de protection de l’identité pour les militaires. Tout d’abord, l’anonymat complet, qui s’applique aux 15 000 membres des services militaires et civils «dont les missions exigent, pour des raisons de sécurité, le respect de l’anonymat», selon deux arrêtés des ministères de la Défense et de l’Intérieur datant d’avril 2011. Ils concernent la communauté du renseignement, les unités liées à la dissuasion nucléaire, le Raid, le GIGN ainsi que les forces spéciales. Ces dernières sont présentes au Mali, notamment en première ligne depuis le début de l’opération. Pour les journalistes souhaitant filmer ces soldats, la règle est simple : ni visage ni nom. La cagoule ou le flou sont de rigueur, si tant est qu’il y ait des images...

Pour le reste des soldats engagés au Mali, c’est une «mesure de discrétion» qui s’impose à tous, comme nous l’explique le justement anonymisé «capitaine Stéphane» de la Délégation à l’information et à la communication du ministère de la Défense (DicoD). Les soldats en opération peuvent témoigner à visage découvert, mais sans dévoiler leur identité, d’où l’astuce communément adoptée du prénom «patronymisé». Seule exception à la règle, les haut-gradés et les porte-parole de l’état-major s’expriment en leur nom propre.

Pourquoi ce secret autour de l’identité des militaires ?

Ces mesures de discrétion ne sont encadrées par aucun texte, il s’agit «d’un contrat moral avec les journalistes» explique le porte-parole du ministère de la Défense, «afin de protéger les militaires et leurs familles». Cette pratique est devenue la norme depuis que la France est engagée dans des conflits à fort risque terroriste.

«Aujourd’hui la France se trouve face à des ennemis qui ne respectent pas le droit de la guerre, et l’identification d’un soldat pourrait entraîner des représailles sur l’arrière, c’est à dire les proches, les familles de militaires en France. On sait maintenant que les réseaux terroristes sont capables de faire remonter ce type d’information et de frapper partout. Il s’agit donc avant tout d’une mesure de protection de l’entourage», précise le général Jean-Claude Allard, directeur de recherche à l’Iris.

S’agit-il donc du vrai prénom des militaires ? «Oui, la plupart du temps, répond le capitaine Stéphane, mais en même temps on laisse planer le doute.» Selon lui, l’anonymat permet aussi de définir la place du soldat : «Il n’agit pas pour lui-même, il ne s’implique pas à titre personnel et en son nom, mais pour l’armée.»

Cette règle s’applique aussi aux équipements. Julie Jammot, reporter à l’AFP TV, de retour du Mali, raconte : «On m’a demandé de ne pas faire de plans identifiables sur les équipements car il ne faut pas qu’on puisse reconnaître les unités.» L’armée fait aussi dans le cas par cas : «Sur une base à Bamako, les gros plans sur les soldats étaient interdits, alors qu’ailleurs, les militaires étaient généralement plus faciles d’accès.»
Depuis quand ce dispositif existe-t-il ?

Déjà durant la guerre d'Algérie, les soldats français utilisaient leur indicatif radio pour se forger des pseudonymes, à l’instar du général Bigeard devenu «Bruno». La pratique s’est généralisée depuis la guerre en Afghanistan et les conflits dits asymétriques, qui opposent une armée régulière à des combattants adeptes des techniques de guérilla.

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