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Toumani Sadio Création, le futur roi de la coupe et de la couture au Mali
Publié le lundi 4 juillet 2016  |  Le Reporter




Toumani Sadio Gori, à l’état civil, est devenu Toumani Sadio Création, il y a bientôt trois. Il a quitté une banque de la place pour se consacrer à la coupe, couture, création de modèle, peinture sur le bazin riche, bogolan , tissage et toutes sortes de modèles pour femmes, hommes, jeunes, vieux, sans oublier nos artistes et les personnalités. Deux ans après, les ateliers de Toumani Sadio Création (TSC) attirent du monde.
Dans ses différents ateliers, ils travaillent avec plus d’une vingtaine de jeunes gens (filles et garçons), dont certains sont diplômés. Ils sont tous payés au quotidien en fonction de leur tâche. Aujourd’hui, Toumani Sadio Gori évolue grâce à son propre et uniquement financement, mais il n’est pas à l’abri du soutien et de l’appui des autorités pour mieux servir les Maliennes et les Maliens avec ses modèles.
Début d’une nouvelle aventure

Installé au quartier Mali, non loin de la pharmacie du 2ème pont sur les flancs de l’échangeur, les créations de Toumani Sadio vous attirent dès votre passage. Comme cela fut le cas avec une délégation américaine qui a été obligée de s’arrêter pour faire des commandes. La suite a été une exposition de Toumani Sadio Création à l’ambassade.
C’est avec ses amis de la banque qu’il a eu l’idée de faire la création. Ces derniers avaient des ateliers de peinture, de teinture et de couture. «Je travaillais dans une banque parce qu’à l’école, j’ai fait le marketing. J’ai deux diplômes : Une maîtrise en droit des affaires et un DUT en marketing, obtenus respectivement à la FSJP et IUG», nous a-t-il expliqué.
Travaillant toujours dans une banque de la place, les heures de pause étaient ses moments de recherches dans les ateliers de ses camarades, mais aussi sur internet. Il sponsorisait les sites internet pour lui chercher des marchés. «J’ai beaucoup de marchés. J’ai constaté aussi au niveau de la banque qu’il y a beaucoup de jeunes qui venaient pour les stages.
Ceux qui trouvaient le stage, étaient toujours en difficulté. Même avoir le prix du transport était un casse-tête pour eux. C’est ainsi que j’ai fait la connaissance de pas mal de jeunes et nous avons commencé le travail». Mais, avant d’aller s’installer à son propre compte pour abandonner la banque, Toumani Sadio a été encouragé par beaucoup de gros clients de la banque et surtout par les grandes dames de la capitale, qui lui ont demandé de créer son propre atelier.
«Avant de partir, j’ai informé mon chef hiérarchique dans la banque, de mon projet, il m’a dit que c’était une bonne chose, et que je pouvais réussir dans cette activité». C’est après avoir bien réfléchi qu’il a décidé de se lancer, tout en prenant le temps d’avoir tous les documents nécessaires pour faire une activité de ce genre. C’est étant en règle vis-à-vis de l’Etat et des acteurs du domaine que Toumani Sadio Création a vu le jour au Quartier Mali, non loin de la pharmacie du 2ème pont. L’ouverture du premier atelier a été faite en 2014. Ainsi, commença l’aventure du banquier devenu couturier, styliste et créateur de mode au Mali.
8 ateliers, 29 employés installés sur fonds propres
Toumani Sadio Création (TSC), avant de démarrer ses activités, a informé tous ses parents, amis, collaborateurs de son idée de faire carrière en tant que styliste. «Je ne veux pas voir les jeunes assis, sans rien faire. J’ai un bon cœur parce que le social prime beaucoup chez moi. C’est pourquoi je me suis installé sans l’aide de qui que ce soit. Tout ce que vous voyez ici, c’est sur fonds propres. Aucune banque de la place, aucune Ong, encore moins le gouvernement malien, ne m’a donné un franc pour me lancer.
Mais, aujourd’hui, avec l’idée que j’ai pour améliorer les choses ici, j’ai franchement besoin de l’aide. Pour moi, c’est le destin, sinon, je suis diplômé de la FSJP droit des affaires et de l’IUG marketing. J’étais bien dans la banque, les choses marchaient pour moi. Avec ce que j’ai gagné là-bas avec d’autres activités que je menais, je suis venu ouvrir ça. C’est une manière aussi d’aider d’autres jeunes, des mères et pères de famille à gagner leur vie honnêtement».
Il a 8 ateliers pour la peinture. Rares sont de nos jours les grands artistes du pays qu’il n’habille pas, surtout dans la nouvelle création du bogolan sur le Bazin riche. Babani Koné, Nafi Diabaté, Habib Koité, Kadian Kouyaté, pour ne citer que ceux-ci, connaissent tous, aiment et admirent Toumani Sadio Création. 9 personnes travaillent au niveau du bogolan contre 17 pour l’atelier de peinture qui est très bien aimé en cette période de veille de fête. Il a 8 femmes qualifiées pour l’atelier de teinture traditionnelle.
Tous les employés sont payés par jour. Parmi les 29 employés, il y a certains qui ont le niveau CAP, BAC ou Maîtrise. «Certains m’ont vu récemment dans l’émission Aw Ni Sogoma de l’Ortm avec B.K et Kouti. C’est ainsi que deux enseignants qui ne travaillaient pas, car ayant perdu leur emploi, gagnent avec moi leur vie. Ils étaient dans des écoles privées. Ma priorité, c’est de ne pas voir des jeunes sans travail et de faire en sorte ce que je gagne, je puisse le partage avec les autres. Que les chefs de famille qui travaillent avec moi puissent eux aussi satisfaire leurs parents et avoir leurs bénédictions»
Les perspectives de Toumani Sadio Création
Voir son entreprise grandir, faire travailler le maximum de jeunes, ouvrir des opportunités d’apprentissage à la jeunesse malienne, c’est ce qu’il souhaite dans l’avenir. Pour lui, la première richesse du Mali, c’est sa jeunesse. Elle doit donc travailler, apprendre pour compter dans le monde à venir. «Je veux travailler avec beaucoup de jeunes pour combattre le chômage, aider les familles à voir leurs enfants réussir, au lieu de rester tous les jours devant les portes à prendre du thé.
Dans chaque activité humaine, il y a des difficultés, mais chaque fois que je suis coincé, je demande à Dieu et très souvent, j’ai une solution. Sinon, comment avoir une entreprise de ce genre, sans avoir pris un crédit à la banque, sans l’aide de personne, d’aucune structure. Mais, actuellement, j’en ai besoin pour réaliser certaines perspectives. Parce que je ne compte pas me limiter à ça seulement, j’ai besoin d’un vrai financement pour créer d’autres espaces, employer encore beaucoup d’autres jeunes». Toumani Sadio veut aussi ouvrir des boutiques de vente partout à Bamako, en y faisant travailler des jeunes filles et garçons.
Le marketing avec les stars de la musique
«Actuellement, il n’y a pas un grand artiste au Mali que je ne connaisse pas. Je suis en contact avec eux ; je les habille bien ; on se connaît et on se fréquente très bien. C’est du marketing que je fais avec eux, ce qui fait la différence entre nous et certains. Parce que ce n’est jamais perdu en habillant les artistes. Certains disent que c’est une perte, ils n’ont pas compris, c’est du gagnant-gagnant avec les artistes.
Même certains artistes sénégalais, en déplacement à Bamako, me demandent de les habiller, surtout ceux qui jouent dans les boîtes de nuit. Même Pape Diouf a porté une de mes créations», soutient-il. Plusieurs stylistes et modélistes sénégalais avaient envoyé leurs créations, mais c’est celle de Toumani Sadio qu’il a préférée porter ce jour. «Tout cela est une fierté pour moi et pour le Mali», se réjouit-il.
En cette veille de la fête de Ramadan, c’est vrai que les temps sont durs, mais Toumani Sadio partage avec ses collègues du domaine et il leur donne souvent des marchés pour les occuper. Pour lui, le chef de famille a pour priorité, son prix de condiments, ce qui n’est pas gagné tous les jours. C’est aussi pour lui une manière d’être reconnaissant envers ceux qui l’ont aidé à connaître ce métier, qui lui ont montré le sens des affaires dans le monde de la coupe et de la couture. Il se sent obligé d’accomplir un devoir de reconnaissance envers eux.
«Je remercie Dieu en cette veille de fête de Ramadan. Je dis aux jeunes de ne pas s’asseoir à attendre le travail de bureau. Tout le monde n’est pas fait pour le travail de bureau. Moi, j’ai eu de la chance, je suis d’une grande famille, j’ai été bien éduqué par l’ancien Premier ministre, Diango Sissoko, et sa femme, j’ai bien étudié. Je demande au gouvernement de m’aider afin que je puisse avoir beaucoup de jeunes à former pour lutter contre le chômage, afin qu’ils puissent se prendre en charge, au lieu qu’ils restent à ne rien à la maison», plaide-t-il.
Kassim TRAORE
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