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Kidal: la CMA trahit ses engagements
Publié le mercredi 13 juillet 2016  |  Info Matin
Mahamadou
© RFI par DR
Mahamadou Djeri Maiga, vice-président du MNLA et sa délégation sont à Alger pour discuter des accords de paix, le 16 juillet 2014.




En prenant pour prétexte l’érection de check-points aux entrées nord et sud de Kidal pour ‘’déclarer la guerre’’ à la Plateforme, la CMA dissimule mal la violation de ses engagements à propos de la gestion de la ville, le volet sécuritaire et de son hostilité envers ce mouvement qui ne cesse de clamer qu’il y est bien chez lui et n’entend pas être marginalisé. Décryptage.

Depuis quelques jours, l’on assiste malheureusement à des bruits de bottes dans la ville de Kidal. La raison ? L’établissement de deux check-points par la Plateforme, suite à un mouvement d’humeur. Naturellement, la médiation est rentrée en action pour parer à toute escalade de la violence. Les affrontements meurtriers autour de Tabankort, de Ménaka et d’Anéfis étant encore vivaces dans les esprits. Il est donc devenu impérieux d’éviter un retour de l’état de belligérance entre les mouvements armés. D’où, la réunion convoquée pour hier à Niamey en vue de rapprocher les points de vue des mouvements qui, en réalité, n’ont jamais cessé de se regarder en chien de faïence.

Le gage de la paix
Qu’est-ce qui a bien pu conduire à cette poussée d’adrénaline ? Il faut plutôt scruter du côté des engagements antérieurs pour trouver la réponse qui découle de leur non-tenue par la Coordination des mouvements armés (CMA). En effet, les chefs traditionnels et religieux des composantes de la CMA et de la plateforme, s’étaient retrouvés, du 27 septembre au 16 octobre 2015 à Edjerer près d’Anefif, en vue de régler définitivement et durablement tous les conflits, litiges et différends les opposant. Suite à quoi un ‘’Communiqué final conjoint CMA Plateforme’’, qualifié de ‘’Pacte’’ par les parties avait été rendu public.
La série de rencontres organisées à Anéfis a abouti aux résultats suivants : la cessation stricte et définitive de toute forme d’hostilités et l’interdiction de tout acte de provocation, d’insultes ou invectives ; la mise en place de neuf commissions intercommunautaires à savoir : Imghad-Ifoughass, Ifoughass-Arabe, Idnane-Arabe, Idnane-Imghad, Doussahak-Imghad, Imghad-Arabe-Chamanamas, Arabe-Arabe, Arabe-Imghad, Arabe-Doussahak, lesquelles commissions se sont rencontrées et ont travaillé pendant plusieurs jours. Cependant, la rencontre tripartite Imghad, Arabe et Chamanamas a agréablement découvert qu’il n’existe aucun problème entre elles, qu’elles en soient réciproquement félicitées. Enfin, les rencontres exécutées ont abouti au règlement de tous leurs problèmes y compris celui d’Inkhalil qui a été transféré pour un règlement global et définitif au niveau CMA et Plateforme dans un délai de 45 jours à compter de la date de signature du présent document.
À ces résultats s’ajoutent : l’élaboration de la feuille de route par la CMA et la Plateforme ; la mise en place d’une commission militaire pour les arrangements sécuritaires et la libre circulation des personnes et de leurs biens ; la mise en place d’une commission politique pour le suivi des tâches programmées (feuille de route) ; la mise en place d’une commission d’organisation pour les caravanes de sensibilisation et d’information dans toutes les régions du nord Mali appelé par certains Azawad, et la rencontre d’Abiyou dans le cercle de Tinessako ; la mise en place d’une commission d’organisation de la cérémonie finale à Kidal.
Il faut rappeler que la Plateforme n’a finalement pas pris part à la cérémonie finale qui s’est déroulée à Kidal, du 28 au 31 mars 2016. Ce que les participants n’ont semble-t-il pas bien apprécié, comme il ressort du Communiqué final : ‘’le Forum déplore l’absence non notifiée à ces assises des dirigeants politique et militaire de la Plateforme pourtant coorganisatrice’’.

Accueil mitigé
Nonobstant ce tête-à-queue effectué par la Plateforme, les conditions d’un rapprochement avec son frère ennemi étaient largement remplies. C’était donc dans l’ordre normal des choses que des combattants de la Plateforme rentrent à Kidal le 2 février 2016 ; même si cela s’est passé sur fond de vive tension, notamment à cause d’une hostilité du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA). Et pour cause, après l’entrée de la Plateforme, Alghabass Ag INTALLA déclarait : « C’est vrai que le Gatia devait arriver. Mais pas comme ça. C’est une violation de l’accord d’Alger. Ce n’est pas normal. Le Gatia doit sortir de Kidal ». En fait, les éléments du GATIA étaient arrivés lourdement armés à Kidal. Ce qui n’a pas été du goût du HCUA, à moins qu’il n’y ait pris prétexte.
En réalité, les avis étaient divergents. Et pour cause, Mohamed Ould Mahmoud, membre du bureau politique de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), déclarait de son côté : « Si le GATIA est à Kidal, c’est parce que c’est voulu et accepté par toutes les parties qu’il vienne non seulement en tant que GATIA, mais en tant que Plateforme pour participer à la gestion de la ville de Kidal », a déclaré Mohamed Ould Mahmoud, membre du bureau politique de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) « Si le GATIA est à Kidal, c’est parce que c’est voulu et accepté par toutes les parties qu’il vienne non seulement en tant que GATIA, mais en tant que Plateforme pour participer à la gestion de la ville de Kidal ».

Le deal
En tout état de cause, un terrain d’entente a finalement pu être trouvé. Ainsi, les représentants suivants de la Plateforme et de la CMA, également garants de l’Accord d’Anefis : Alhaji Ag GAMOU ; Alghabass Ag INTALLA ; Alghabass Ag NAJIM ; Hanoune Ould ALI se sont entretenus le 6 février 2016. Selon le communiqué conjoint : ‘’après de longs débats riches en sagesse et en objectivité, les deux parties sont convenues de ce qui suit : conformément aux dispositions déjà arrêtées, des éléments de la Plateforme intégreront les commissions chargées de la gestion de la ville de Kidal ; la Plateforme allégera son dispositif militaire présent à Kidal ; partout où les deux parties sont conjointement présentes, elles travailleront collégialement pour renforcer davantage le processus de paix enclenché depuis la rencontre historique d’Anefis (…)’’.
Mohamed Ould Mahmoud, avait précisé : « on avait dit qu’il faudrait que les membres de la Plateforme aident le comité de gestion de la ville. On leur a proposé trois personnes à siéger au sein de ce comité et le volet sécuritaire va suivre après ».
Il y a donc eu un deal entre les deux parties : la Plateforme allège son dispositif militaire, d’une part ; d’autre part, la CMA consent à partager avec elle la gestion de la ville de Kidal tout en travaillant ensemble au renforcement du processus de paix enclenché à Anéfis.
Cependant, selon des sources concordantes, la CMA rechigne à remplir sa part du contrat. Elle semble se complaire à différer l’échéance de l’effectivité de la gestion collégiale de la ville de Kidal ; mais également du volet sécuritaire. Toutes choses qui auraient fini par exaspérer la Plateforme qui l’a fait savoir en prenant l’initiative d’ériger deux check-points, suscitant une réaction proportionnée de la CMA. Ce, d’autant plus qu’elle est chez elle et qu’elle a par conséquent le droit d’être pleinement associée à la gestion de la ville de Kidal.
De toute évidence, la récente escalade de la tension tient d’un engagement non tenu de la CMA.
Pourtant, son représentant, Alghabass Ag INTALLA, soutenait à la mi-février 2016, quelques jours après la publication du communiqué conjoint Plateforme/CMA : « le respect scrupuleux des conclusions des concertations d’Anefif est un devoir qui incombe à chacun d’entre nous, car ces concertations constituent réellement un pas très important vers l’union sacrée de tous les Azawadiens ». Au regard de la situation actuellement tendue, que valent ces propos ?

Au cœur de la controverse
Par ailleurs, bien qu’étant membre de la ‘’Commission des quatre’’, garants de l’accord d’Anéfis, la question du général GAMOU continue de représenter un enjeu majeur pour la CMA. Pour les ex-rebelles, l’officier général de l’armée doit être purement et simplement éradiqué. L’inimitié pour lui est flagrante. L’on se rappelle à cet effet que lors du redéploiement de l’armée à Kidal, après la signature de l’Accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali, du 18 juin 2013, des informations persistantes faisaient état de l’opposition catégorique des ex-rebelles à la présence de GAMOU à Kidal. Une exigence à laquelle le Gouvernement et la Médiation ont dû se plier pour préserver la paix précaire qui régnait.
Un autre fait majeur qui traduit l’hostilité des ex-rebelles à l’égard de GAMOU, est sa mise à l’écart de la délégation officielle lors de la visite de l’ancien Premier ministre Moussa MARA à Kidal qui s’est soldée par la déroute des FAMAS et la perte de la ville.
Encore aujourd’hui, il ne bénéficie guère davantage de sympathie auprès de la CMA pour qui il est l’ennemi public numéro 1 à abattre. L’antipathie à son endroit se déteint alors, apprend-on, sur le mouvement dont on dit qu’il est le représentant au sein de la Commission des quatre, à savoir le Groupe d’Auto-défense Touareg-Imghad- et Alliés (GATIA).
En définitive, il y a une conjonction de facteurs qui explique l’actuelle crise à Kidal qui nécessite de déployer tous les efforts nécessaires pour épargner au pays un nouveau scénario catastrophe.

Par Bertin DAKOUO
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