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Des émeutes au grand marché de Bamako suite à l’opération de déguerpissement des trottoirs
Publié le dimanche 31 juillet 2016  |  studiotamani
Manifestation
© aBamako.com par as
Manifestation organisée par l`association Yèrè Wolo Ton
6 aout 2012. Bamako. Les marcheurs projetaient se rendre à Koulouba pour rencontrer le président de la République Dioncounda Traoré, qu`ils exigent la démission. Un corde constitué d`éléments de la police, de la gendarmerie et de la Garde nationale leur a barré la route à coup de grenade lacrymogène. On se rappelle que le 21 Mai une manifestation similaire avait terminé par l`agression du président Traoré dans ses bureaux au palais de Koulouba.




Une opération de déguerpissement des trottoirs est lancée par le gouvernorat du district depuis deux semaines. Cette opération vise à libérer les rues pour la circulation des usagers. Depuis ce matin, l’opération a provoqué des émeutes au grand marché de Bamako. Tous les commerces sont restés fermés. Plusieurs commerçants se sont opposés aux forces de l’ordre, qui ont utilisé des gaz lacrymogènes. Selon certaines sources, les forces de l’ordre auraient blessé plusieurs personnes.Certains commerçants disent ne pas avoir été prévenus de cette opération, d’autres regrettent les pertes économiques engendrées par le déguerpissement.

Ayouba Sow a recueilli les propos de ce commerçant sous couvert d’anonymat :
« Aujourd’hui, le marché de l’emploi est saturé. Les chefs de famille qui arrivent à subvenir aux besoins dans les petites places sont déguerpis. Cela ne peut qu’augmenter le chômage et augmenter le nombre de bandits, il faut le dire, puisque quand on n’a rien à faire, et qu’on doit faire face aux charges de la famille, tous les moyens deviendront bons ».

Les forces de l’Ordre ont envahi le marché, est-ce que vous aviez été prévenus ?
« En tout, en ce qui nous concerne, nous n’avons pas été avertis, nous n’avons reçu aucune notification dans ce sens. Seulement, nous avons vu un mouvement très agité, donc, par mesure de précaution, nous avons préféré fermer nos kiosques. On est obligé de le faire, nous n’avons pas le choix, parce que en ouvrant, il y a certes les forces de l’ordre, mais il y a aussi des badauds qui ne sont là que pour s’enrichir sur les biens d’autrui. Donc, on ne peut pas laisser nos biens pillés par des badauds ».
Est-ce que vous avez eu une autorisation pour vous installer ici ?
« Oui, nous avons reçu une autorisation de la mairie, mais il faut être clair, c’est une autorisation à titre provisoire. Mais si nous recevons aujourd’hui une notification qui nous dit de laisser la place, on va le faire ».

Les autorités communales affirment que les commerçants ont été prévenus de cette répartition au moins 72 heures en avance. Toutefois, ils reconnaissent qu’il faut plus de communication pour sensibiliser les commerçants. La mairie de la commune III confirme qu’il y a eu des négociations avec le ministère du commerce et la chambre des industries pour que ces commerçants puissent s’installer dans d’autres marchés.
Bakary Séméga est le 1er adjoint du maire de la commune III. Il a été joint au téléphone par Ayouba Sow :

« Ils évoquent des raisons qui ne tiennent pas de mon point de vue. Parce que les difficultés qu’on est en train de gérer, peut-être il y a des efforts à faire encore pour la communication ».
Est-ce que les commerçants ont été prévenus en avance ?
« Bien sûr ! D’abord, on a procédé à l’annulation de toutes les autorisations sur la voie publique. Les rues ont été citées, on a fait des communiqués à la radio. Ensuite, on a envoyé nos agents remettre ces annulations aux différents occupants des trottoirs. Ceux qui n’ont pas d’autorisations, comme c’est la plupart des cas souvent, on a collé des affiches sur les kiosques en disant « installation non autorisée, à enlever sans délai » et ça c’est fait depuis longtemps. D’un autre côté, ils ne peuvent pas rester indéfiniment là-bas. Nous allons faire en sorte que les gens soient informés, que de manière concertée, on puisse libérer les trottoirs ».

Est-ce qu’il y a une autre place qui est prévue pour ces commerçants détaillants qui sont déguerpis ?

« Avec le Ministère du commerçant et la chambre d’industrie, on avait procédé à certaines installations. Il y a les Halls de Bamako. Il y a le marché de Niaréla ou Bombolini sougou. Il y a Dar Salam qui est en construction. Il y a Titibougou qui est en construction. Il y a d’autres marchés sur la rive droite ».

Le Syndicat National des Commerçants Détaillants du Mali déplore ces émeutes tout en démentant les propos des autorités communales. Selon ses responsables, le Synacodem n’a été ni impliqué ni informé de cette opération. Ils précisent aussi qu’il n’y a plus de place pour ces commerçants étant donné que les autres marchés sont saturés ou impraticables en période hivernale.
Bamaba Tidiane Kanadji est le 2e vice-président du Syndicat National des Commerçants Détaillants du Mali. Il a été joint au téléphone par Ayouba Sow :
« Nous ne sommes pas du tout contents de la manière dont les choses sont en train de se dérouler, parce que nous étions dans un cadre de concertation avec l’ancien gouverneur, avec les différentes mairies pour pouvoir libérer les voies. On avait même mis une commission en place, mais du jour au lendemain, avec l’arrivée du nouveau gouverneur le SYNACODEM n’a ni été informé, ni associé à aucune opération que ça soit. Aujourd’hui, le terrain est en ébullition. On ne peut pas venir casser les investissements des gens, qui ont été faits pendant dix ans, vingt ans. On vient seulement un matin pour dire, il faut déguerpir vos kiosques, on va les casser. Et en plus de cela, on fait venir une armada de policiers qui vont jeter des gaz lacrymogènes jusque dans des cours privées. Il faut qu’on arrête cette opération, qu’on se mette autour d’une table de concertation et qu’on voit la meilleure manière de faire ce travail ».

Est-ce qu’on peut estimer le coût du dégât causé par cette opération ?
« Aujourd’hui personne ne pourra évaluer l’ampleur de ce dégât. Les gens n’ont même pas le temps de faire sortir leurs bagages. De grâce, qu’on ait pitié des pauvres Maliens et qu’on ne continue pas dans ce sens ».
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