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Opération ville propre en prélude au sommet Afrique-France ; L’hypercentre de Bamako transformé en champ de bataille samedi dernier
Publié le lundi 1 aout 2016  |  Le 22 Septembre
Manifestation
© aBamako.com par as
Manifestation organisée par l`association Yèrè Wolo Ton
6 aout 2012. Bamako. Les marcheurs projetaient se rendre à Koulouba pour rencontrer le président de la République Dioncounda Traoré, qu`ils exigent la démission. Un corde constitué d`éléments de la police, de la gendarmerie et de la Garde nationale leur a barré la route à coup de grenade lacrymogène. On se rappelle que le 21 Mai une manifestation similaire avait terminé par l`agression du président Traoré dans ses bureaux au palais de Koulouba.




L’hypercentre de Bamako avait, en cette journée du 30 juillet, l’allure d’un véritable champ de bataille. Ami Kane, la nouvelle Gouverneure du District, qui a la réputation de ne pas faire dans la dentelle, a certainement déployé les grands moyens. Au niveau du Soudan Ciné, sur l’artère qui passe devant le Cinéma Babemba, une scène haute en couleur : un bulldozer, les dents en acier ostensiblement en avant, ouvre la voie, suivi d’un camion de la BUPE (Brigade Urbaine pour la Protection de l’Environnement) de la mairie de Bamako rempli d’un bric-à-brac d’étals, de tabourets et autres petits matériels fraichement arrachés à leurs propriétaires. Suivent des escouades de policiers tout de noir vêtus avec des équipements de protection leur donnant l’aspect de véritables robocops, lance-grenades lacrymogènes en exergue. Les gendarmes et les gardes nationaux, à bord de leurs véhicules de mission, fermant la marche. Ici et là, de petits groupes de femmes, l’air hagardes, déambulent le long des artères. D’autres s’activent à sauver ce qui peut l’être des griffes des « casseurs ».

L’opération Bamako ville propre est certainement entrée dans sa phase active. Même le fameux périmètre de « Malitel da » n’a pas échappé à l’opération de samedi dernier. A en juger par les débris qui jonchaient la chaussée, le périmètre a même du être le théâtre de violentes échauffourées. Au moment où nous y passions certains finissaient d’emballer à la va-vite leurs précieuses marchandises. L’odeur âcre des gaz lacrymogènes s’incrustait insidieusement dans les narines. Au moment où nous mettions sous presse, nous n’avions aucun bilan à propos des possibles affrontements entre les forces de l’ordre et les occupants des lieux. Dans le périmètre du « Vox da », les kiosques et autres commerces bana bana ont été rasés. Même les sotramas de cette place – Djicoroni Para et Sébénicoro – d’ordinaire grouillante de monde, avaient miraculeusement disparu. Impossible de progresser davantage. La nouvelle Avenue Modibo Keïta était pratiquement interdite de circulation. La circulation était rythmée par le flux et le reflux des usagers, des piétons notamment, qui ne savaient plus où donner de la tête. De quoi replonger, pour ceux qui les ont vécus, dans l’atmosphère des folles journées de mars 1991. On entendait souvent de loin la déflagration des grenades lacrymogènes déchirer le ciel. Devant le Commissariat de la Brigade des Mœurs, une sentinelle tenait la garde, le doigt ostensiblement posé sur la gâchette de son kalachnikov. Des dérapages pouvaient intervenir à tout moment. En progressant vers l’ouest, ou pouvait apercevoir au loin une épaisse de fumée monter dans le ciel. Allez savoir les tenants et les aboutissants !



Il a fallu traverser Bamako coura, déboucher sur l’Avenue de l’Indépendance pour retrouver une atmosphère normale et une circulation fluide.

L’on sait que cette opération Bamako ville propre s’inscrit dans la perspective du sommet Afrique-France que notre capitale abritera en janvier 2017, pratiquement dans cinq mois. Objectivement, l’on ne peut nier le bien-fondé de la lutte contre l’occupation illicite de l’espace à cause de l’incivisme ambiant. Il n’y a qu’à regarder le spectacle surréaliste des abords de l’INA, où l’on voit à longueur de journée les commerçant bana bana faire leurs transactions en pleine…chaussée. Créant ainsi permanemment des situations accidentogènes. Plus besoin de démontrer non plus que la capitale est la vitrine d’un pays.

Mais compte tenu des réalités socio-économiques – l’immense majorité des Bamakois vit du commerce informel – ne serait-il pas opportun de mener cette opération d’une façon intelligente ? En épargnant ceux qui ne squattent pas les abords immédiats des grandes artères et qui ne gênent donc pas la circulation. Et qui ne déparent pas non plus la ville. Il en existe heureusement.

Yaya Sidibé


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