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Ousmane Sy : «Si on avait continué avec la volonté politique de la décentralisation de 1993 jusqu’à 2002, on aurait pu éviter la crise de 2012»
Publié le mardi 2 aout 2016  |  Le Reporter
Conférence
© aBamako.com par Momo
Conférence de presse sur les pourparlers intermaliens d’Alger
A l’issue du round de la semaine dernière des pourparlers d’Alger entre le gouvernement et les groupes armés, l`équipe de médiation conduite par les Ministres de la Solidarité, de l’Action Humanitaire et de la Reconstruction du Nord, M. Hamadou KONATÉ, de la Réconciliation Nationale M. Zahabi Ould Sidi MOHAMED et de la Décentralisation et de la Ville M. Ousmane SY.




Pour son 10ème numéro, le Grand débat économique a ouvert une réflexion sur «le transfert des ressources aux collectivités : les enjeux de la gouvernance économique». Les invités étaient Ousmane Sy, ancien ministre de la Décentralisation, membre du Centre d’études et de réflexion du Mali, et Dr. Abdoulaye Sall, ancien ministre, également chargé des institutions avec la République, président de Cri 2002.

Selon Ousmane Sy, la décentralisation est une réforme qui se construit dans la durée. Il a souligné que le Mali aurait mieux fait depuis 15 ans de décentralisation. Mais, à l’en croire, le résultat est appréciable parce que ce qui paraissait comme illusion au début, est devenu une réalité aujourd’hui. «Nous sommes passés de 19 communes à 703 communes. Aujourd’hui, partout au Mali, il y a les mairies, les centres de santé et les écoles», a déclaré Ousmane Sy.

Il a outre expliqué que la décentralisation a donné un visage à la démocratie, mais avec des problèmes énormes. Selon lui, elle a décrédibilisé les élus parce qu’on leur a donné des responsabilités, sans leur donner les moyens d’assumer ces responsabilités. Aux dires d’Ousmane Sy, le grand handicap des collectivités qui existent, c’est la faiblesse des capacités humaines et financières.

Pour l’ancien ministre de la Décentralisation, le souci de gérer le pays en associant les populations et en amenant la décision à la base de la société, est un souci vieux que le Mali lui-même. Puisque, selon lui, dans la Constitution de 1960 et celle qui a été faite par l’Udpm, les principes de la décentralisation étaient ancrés. Mais la mise en œuvre n’a pas été à hauteur de souhait. Il a indiqué que les questions d’approche de la décentralisation étaient liées à la conjoncture. Mais, pour Ousmane Sy, ce qui était important dans l’approche, c’était la progressivité et l’implication des populations. À ce sujet, il dira que le Mali a été le seul pays où il y avait une dynamique collective de société civile et l’ensemble des acteurs locaux pour penser et mettre en œuvre les réformes.

«Là où il y a la plus grosse panne aujourd’hui, c’est qu’on a construit des collectivités locales, mais l’Etat est resté centralisé. La volonté politique qui accompagnait la décentralisation dans les années 1993 jusqu’en 2002, s’est fortement rétractée. Si on continuait avec cette volonté, on aurait pu éviter la crise de 2012», a déclaré l’ancien ministre de la Décentralisation.

Pour Abdoulaye Sall, la construction de la décentralisation n’est pas déconnectée de la démocratie, de la bonne gouvernance et de la déconcentration. Selon lui, le bilan de la décentralisation au Mali est bon, pour la simple raison que le sujet est en train d’être discuté aujourd’hui. À l’en croire, l’approche a été mauvaise parce que la décentralisation n’est pas une politique, mais une stratégie. «Si on doit transférer les compétences, on doit aussi transférer les ressources», toute chose, selon Abdoulaye Sall, qui n’a pas été faite. Il a également noté d’autres principes qui sont plus importants que ce principe de concomitance. Il s’agit du principe de l’exclusivité, du principe de la délégation...

Il faut noter que le Grand débat économique est une initiative d’un groupe de journalistes et de communicateurs réunis au sein de l’association Forum de la presse du Mali. Il est animé par Issa Fakaba Sissoko. L’initiative vise à mettre en confrontation d’idées les universitaires, les ténors de grandes organisations du secteur économique et financier.
Diango COULIBALY
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