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Riziculture : Les amazones du repiquage
Publié le jeudi 4 aout 2016  |  L’Essor
Riz
© Autre presse
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Ces petites mains sont employées par les propriétaires de champs pour repiquer le riz. Leur travail n’est pas une sinécure mais il rapporte gros

Les travaux champêtres battent leur plein actuellement dans les périmètres rizicoles de l’Office du Niger. Les producteurs ont besoin de main d’œuvre pour les aider surtout dans le repiquage du riz. Ce sont les femmes, jeunes ou un peu plus âgées qui sont employées par les propriétaires de champs.

Elles n’ont pas de champs propres à elles, ne sont pas souvent originaires des villages où on les emploie durant la campagne rizicole. Mais elles sont incontournables dans la production du riz en zone Office du Niger. En certaines périodes de forte demande, elles peuvent se payer le luxe de faire des caprices. Par exemple si vous louez leur service, vous devez assurer leur transport jusqu’au champs.

Parmi ces amazones du repiquage du riz, les jeunes filles sont majoritaires. Venues d’horizons divers, elles affluent dans les villages de la zone Office du Niger pendant l’hivernage pour louer leurs services aux propriétaires de champs. Leur travail n’est guère une sinécure mais il rapporte gros.

Il est presque 9 heures. Nous sommes dans les périmètres rizicoles de Bèwani sur l’axe routier reliant Markala à Niono. De gros nuages masquent le soleil, atténuant la température ambiante. Les lieux sont bien animés. Dans les champs et sur les diguettes, des paysans vaquent à leurs occupations. Ils sont rejoints par des jeunes femmes qui arrivent par petits groupes. Petites récipients en équilibre sur la tête, elles marchent comme des princesses. Arrivées au niveau des périmètres irrigués de Bèwani, elles font halte et déposent leurs charges. C’est au bord de la route qu’elles patientent, le temps que les propriétaires de champs leur fassent appel.

Plus tard, un autre groupe de jeunes femmes arrive et, sans attendre, prend une bifurcation menant aux champs. Les pagnes coupent au genou. Elles marchent à pas de charge sur un chemin argileux bordé d’un drain d’irrigation dans lequel on entend un concert de croassements des crapauds. « Les crapauds implorent Dieu pour qu’il fasse tomber la pluie », lance l’une des jeunes femmes, s’attirant le chahut des autres.

Arrivé au niveau d’un champ, le groupe s’arrête. Le soleil est déjà au zénith. Au bout de cinq minutes, les jeunes femmes ont fini de déjeuner. Une à une, elles descendent dans une eau boueuse, laissant derrière elles trois enfants dans les bras des berceuses. Des tas de jeunes pousses de riz sont éparpillés dans le champ.

Awa Traoré est le chef de ce groupe de 8 filles. La jeune mère de 22 ans habite Cissako, un petit village situé à proximité de Dougabougou. Muni d’un bâton, elle mesure le champ, puis attribue à chacune une partie à repiquer. Le groupe se met au travail après des discussions stériles sur le positionnement des unes et des autres. « Ces débats ne changent rien au mode de partage de la tâche », tranche une d’elles, comme pour tenter de mettre fin aux tiraillements.

Trousseaux de mariage. Point n’est besoin de dire que la tâche de ces jeunes femmes est ardue. Alignées côte à côte, courbées, les pieds enfoncés dans la boue, elles plantent les jeunes pousses de riz dans la gadoue. Des heures durant, souvent jusqu’à la fin de la journée, elles pataugent ainsi dans la boue pour faire le repiquage du riz. Quelque temps après le début du travail, on peut voir une partie du champ hérissé de jeunes pousses de riz plantées à quelques centimètres les unes des autres.

Combien gagnent-elles pour un travail si pénible ? Awa Traoré explique que son groupe repique un hectare en deux jours de travail pour 26 000 Fcfa. Pour atteindre ce résultat, les jeunes femmes doivent travailler très dur. Awa précise que son groupe est en activité depuis près de deux mois.

Les jeunes filles gagnent ainsi de quoi acheter leurs trousseaux de mariage, des habits de fêtes et peuvent même aider financièrement les parents. Elles n’ont donc pas besoin de se rendre dans les centres urbains pour gagner de l’argent nécessaire aux préparatifs du mariage.

Quant aux femmes mariées, elles achètent les fournitures scolaires, des habits de fêtes pour les enfants, aident leurs maris pour les frais de condiments. « Nous travaillons pour notre autonomie financière », confie l’une d’elles.

Après des heures de marche dans des eaux de pluies stagnantes et dégageant une odeur nauséabonde, nous tombons sur une digue qui mène à un hameau de pêcheurs. « Bienvenue à Tiongonzana wèrè », nous accueille un pêcheur. Le long de la route en latérite rouge menant à ce hameau, un groupe de femmes sortant des champs pendant que le soleil se dirige vers le couchant.

Massées au bord d’un champ qui promet de bonnes récoltes, les 16 filles étanchent leur soif, ou boivent de la crème à base de farine de mil. Le débat est houleux. Elles se chahutent dans une ambiance joyeuse. Rokiatou Diarra, la responsable du groupe, explique les raisons de la joie. « Nous venons de terminer en trois jours et demi le repiquage d’un champ d’une superficie de 4 ha 33 m pour un coût global de 129 900 Fcfa, soit 30 000 Fcfa par hectare. Et, chacune doit empocher la somme de 8100 Fcfa », dit-elle, en recomptant l’argent.
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