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Gouvernance des affaires publiques: Les boulets aux pieds du régime IBK
Publié le lundi 8 aout 2016  |  Le Prétoire
Conseil
© aBamako.com par A.S
Conseil des ministres du mardi 19 janvier 2016




Le rendez-vous du renouveau du Mali avec le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta n’est visiblement pas pour demain. Le malaise est palpable et aucune remise en cause n’est faite par le régime. Et pire, on continue à agir comme si le Mali était devenu une propriété privée appartenant à une famille ou à un clan. Où va donc ce régime ? S’interroge de plus en plus les Maliens.
En jetant un regard sur le pays sous la gouverne du locataire de Koulouba, on se rend aisément compte que la situation actuelle du pays n’est guère reluisante. Le pays reste toujours confronté aux mêmes défis que sous son prédécesseur, à savoir : corruption ; insécurité ; chômage endémique ; éducation ; santé ; amélioration des conditions de vie et de travail des masses laborieuses, etc.

Attendu sur tous ces fronts, IBK, une fois aux affaires a surpris plus d’un qui croyait fermement à son slogan fétiche « Le Mali d’abord ! Le Mali avant tout ! Le Mali comme seul objectif, comme seule urgence, comme seule priorité ». Faut-il le dire, après trois ans de règne, l’espoir suscité fond inlassablement comme beurre au soleil. Car, le pouvoir en place est fortement décrié et suscite véritablement des inquiétudes. Pour cause, en si peu de temps, le mythe du « Kankélétigui » a commencé à s’effondrer comme un château de carte eu égard aux cafouillages, aux scandales qui continuent d’émailler sa gestion du pouvoir. Si au début, plusieurs observateurs de la scène politique se réservaient de porter un jugement sur le régime et attribuaient certaines bourdes aux balbutiements inhérents presque à tout régime, il n’en est pas de même aujourd’hui.

Car, les actes posés ne répondent nullement aux promesses faites. Et cela a suscité beaucoup de frustration et de mécontentement même dans les milieux les plus insoupçonnés. Et pourtant, l’homme était bien conscient des défis qui l’attendaient avant de prendre les rênes du pouvoir. Son discours mémorable, tenu le 13 juillet 2013, au stade du 26 mars en atteste. « La déliquescence de l’Etat malien est l’une des causes de la situation actuelle. Si les Maliens m’accordent leur confiance, l’une des premières tâches auxquelles je me consacrerai sera de reconstruire un Etat digne de ce nom. Un Etat fort au service de l’efficacité, et dont l’un des socles devra être la justice et la bonne gouvernance », avait-il martelé. Force est de reconnaître que cette volonté de reconstruction d’un Etat fort a du plomb dans l’aile sur bien des plans.

Menace sur le processus de paix
En dépit de la signature de l’Accord pour la Paix et la réconciliation nationale, le dossier évolue à pas de tortue et laisse planer un doute sur le devenir de l’Accord. Surtout quand on sait que l’Accord était censé instaurer la confiance entre les parties et réunifier le pays. Hélas ! Le pays reste toujours coupé en deux comme si la République du Mali était devenue un Etat fédéral. Pire, les acquis enregistrés jusque-là sont en train d’être fragilisés et remis en cause par ceux qui sont sensés les préserver. Pour cause, les mouvements armés signataires de l’Accord qui, au lieu de s’en tenir au respect scrupuleux de l’Accord, n’ont rien trouvé de mieux que de signer d’autres engagements parallèles entre eux, relativement à la gestion de la ville de Kidal, sans aucune consultation des autorités maliennes. Ce pacte d’honneur qu’ils ont dûment signé également est mis à rude épreuve à cause d’une guéguerre de leadership entre les deux tribus (Imghad et Ifhogas). Toute chose qui n’incite guère à l’optimisme. A cela se greffe un autre facteur plus inquiétant qui commence à couper le sommeil des Maliens. Il s’agit de la création des milices à base ethnique pour défendre une soi-disant « identité culturelle ». La dernière en date est le mouvement politico-armé dénommé Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ).

Selon des sources concordantes, l’attaque de Nampala ayant fauché la vie à 17 de nos braves soldats a été revendiquée par ce mouvement. Faut-il le dire, ce penchant vers le repli identitaire ou à la limite du régionalisme qui s’amoncelle au dessus de nos têtes comme un gros nuage, n’est pas de nature à conforter l’Etat-nation du Mali. Cette nouvelle donne, si l’on n’y prend garde, risque d’être généralisée à cause des frustrations accumulées par-ci par là et n’augure rien de bon dans la perspective de la réunification du Mali. Par ailleurs, certaines dispositions de l’Accord ne semblent pas être partagées par toute la composante de la société malienne. Il s’agit notamment des autorités intérimaires. Ce mécanisme institutionnel prévu par l’Accord en lieu et place d’une délégation spéciale constitue, à n’en point douter, une véritable source d’inquiétude. L’adoption de cette loi a déjà empoisonné l’atmosphère entre la classe politique avant d’être dénoncée par les jeunes de Gao, à travers une marche pacifique tenue le 12 juillet et qui s’est soldée par des morts d’hommes.

Fissure au sein de la majorité présidentielle
La mouvance présidentielle qui constitue le bras séculier du régime manque aujourd’hui de cohésion en son sein. Car, le pouvoir en place peine à rassurer certains de ses alliés à cause de sa démarche politique. Si l’entré au Gouvernement du Pr. Tiémoko Sangaré de l’Adema-Pasj, ainsi que l’allié circonstanciel Amadou Koïta ont été respectivement accueillies avec joie au sein de leur parti il n’en demeure pas moins que ce réaménagement a fait des mecontents au sein de la majorité présidentielle. Certaines formations qui comptent des députés ont été mises à l’écart au détriment de ceux qui n’en n’ont pas. Il s’agit notamment de l’Alliance pour la paix et la démocratie au Mali (Adp-Maliba).

Le parti a dû suspendre sa participation aux activités de la convention des partis de la majorité présidentielle tout en tirant à boulet rouge sur le pouvoir. « La situation générale du pays est inquiétante à bien des égards. Le processus de paix est à la traîne, l’économie nationale ne profite pas aux populations, l’image du pays est fortement écornée par des scandales à répétition restés impunis, le terrorisme s’installe progressivement comme la norme, le communautarisme armé divise les populations tandis que, comme cité plus haut, le fait politique est complètement ignoré », a déclaré l’honorable Amadou Thiam. Ce n’est que le samedi 6 août dernier que le parti a claqué la porte de la CMP. Il nous revient de certaines sources que d’autres formations politiques sont sur le départ. Cette fissure entamée au sien de la majorité présidentielle n’est pas bon signe pour le pouvoir.

Ebullition du front social
C’est une lapalissade de dire que le pays va mal. L’espoir nourrit par le peuple à l’avènement du Président de la République est en passe de se transformer en désespoir. Le peuple malien ployant déjà sous le poids de la conjoncture économique, de l’insécurité, de chômage, et biens d’autres maux, IBK vient d’en rajouter de plus grave. Il s’agit notamment du déguerpissement des commerçants et autres étalagistes installés aux abords des grandes artères de la ville de Bamako. Si la mesure de déguerpissement visait au début les commerçants et autres marchands ambulants qui obstruaient la circulation au niveau du grand marché de Bamako, curieusement, elle s’est étendue à toutes les grandes artères. Beaucoup de nos compatriotes ont assisté impuissamment à la démolition de leurs petites entreprises économiques au nom d’une « opération ville propre » pour faire plaisir aux hôtes du Sommet Afrique-France que notre pays abritera en janvier 2017.

L’opération n’est pas mal en soi, si elle était lancée de concert avec les acteurs concernés, avec à la clé des mesures d’accompagnement et un délai raisonnable. Ils sont restés sans voix en ne sachant où aller. Cette situation risque de créer plus de problèmes qu’elles n’en résoud. Avec cette décision quasi unilatérale de rendre la ville de Bamako coquette, le régime a superbement ignoré l’un des piliers de la gouvernance.
Selon des indiscrétions, le régime s’en est inspiré auprès de certains pays de la sous région, mais aurait procédé d’une manière que ceux-ci n’ont pas adoptée. « Toute comparaison est boiteuse », a-t-on coutume de dire. Le préalable devrait consister dans notre pays à l’assainissement des quartiers. Or, la ville de Bamako regorge de montagnes d’ordures par endroit qui nécessitent d’être acheminées au dépôt de transit final aménagé à cet effet à Namoubougou.

Elle intervient également à un moment où le département de l’Emploi affiche une statistique prometteuse en termes de création d’emplois, soit 121 161 créés sur 2 00 000 emplois promis. Cette pilule, bien que dorée, semble très amère à avaler. Surtout quand on sait que ces petits commerces font vivre des milliers de familles. Que vont devenir ces gens? L’affrontement entre les forces de l’ordre et les victimes la semaine dernière illustre parfaitement la gravité de la situation. Le manque d’emploi et de perspective peut conduire à des situations plus périlleuses. Le printemps arabe est parti de là avec l’immolation en Tunisie dans la ville de Sidy Bouzid, d’un jeune vendeur ambulant en signe de désespoir. « Les mêmes causes provoquent très souvent les conséquences », dit-on.

Boubacar SIDIBE
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