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Nord- Mali : De la face cachée à la face visible de la France
Publié le lundi 15 aout 2016  |  L’Inter de Bamako
Serval
© Autre presse par DR
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Les derniers événements de Kidal ont montré la vraie face de la France et elle a été rattrapée par son mensonge sur la manière de conduire les affaires au Mali. Où est donc la souveraineté du Mali sur toute l’étendue du Mali dont prône la communauté internationale ? Ce qui se passe aujourd’hui à Kidal est moins que quand Kidal était occupé par le MNLA et associés. Ce qui se passe actuellement au Mali nous rappelle les événements dans le nord du Tchad dans les années 1970 sous la gouvernance du général De Gaulle-Pompidou et de Ngarta Tombalbaye (premier président du Tchad indépendant).

En 1968, la France avait envoyé des troupes pour combattre les rebelles regroupés au sein du Frolinat (Front de libération nationale du Tchad). La suite est connue. Le président Ngarta Tombalbaye était obligé de demander le départ des troupes françaises. Il a été victime d’un coup d’Etat, le 13 avril 1975, où il trouvera la mort.

Son successeur, le général Felix Maloum avait fait appel aux troupes françaises. La suite est connue avec l’affaire madame Françoise Claustre, archéologue qui avait dépassé le parallèle ordonné par le gouvernement tchadien. Elle sera capturée par les forces rebelles et le chef politique de la rébellion, M. Hissein Habré avait fait de cette affaire un moyen pour se médiatiser, avoir des armes et beaucoup de devises en franc français, dollar, etc.



Le commandant Galopin, envoyé par la France pour négocier la libération de Mme Claustre, sera condamné et exécuté. C’est la scissure entre Hussein Habré et Goukouni Oueddeye. C’est la même France qui va par la suite conseiller le général Maloum à négocier avec Hussein Habré des FAN (Forces armées du Nord).Il sera nommé Premier ministre. Quelques mois plus tard, les hostilités reprennent entre Habré et Maloum. Il y avait des troupes françaises stationnées à Ndjamena. Le commandant de ces troupes françaises aidait directement les éléments d’Hussein Habré en munitions et en d’autres armes.

L’OUA (Organisation de l’unité africaine) avait demandé le départ des troupes françaises du Tchad. Elles sont parties. Et l’actuel président du Tchad, le général Idriss Deby Itno faisait partie des éléments d’Hussein Habré qui ont été envoyés en France pour subir une formation militaire et constituer une armée nationale.

A son retour de formation, il avait rejoint le camp d’Hussein Habré et il a été son commandant chef militaire ensuite son conseiller militaire. Ce qui se passe aujourd’hui à Kidal reflète les mêmes événements qui se sont passés au Tchad il y a quarante ans. Pourquoi la France refuse l’entrée des troupes maliennes à Kidal alors que c’est la même France dont les troupes patrouillaient avant avec les forces rebelles du MNLA ?

Elle est une puissance qui foule au pied la souveraineté des autres pays ! C’est encore elle qui a dit haut et fort que personne ne sort ni ne rentre à Kidal et pourtant c’est de Kidal que les troupes de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) sortent pour aller attaquer les forces de l’autre camp (le Groupe d’autodéfense des Touareg Imghads et Alliés-GATIA).Ce qui se passe à Kidal aujourd’hui n’est pas comparable aux événements passés entre le Mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) en été 2012 à Gao, car au moins à l’époque il n’y avait aucune force légale sur le terrain.

Mais aujourd’hui où il y a la MINUSMA, la force Barkhane sur le terrain, la souveraineté du Mali est foulée au pied. Cela signifie que nous Maliens sommes moins que rien aux yeux de la France et de ses amis de l’Union européenne. C’est une honte de souveraineté pour notre pays quand le président mauritanien Mohamed Abel Aziz signe des accords avec les groupes armés à Kidal. Les administrateurs civils maliens assassinés à Kidal sont dans les oubliettes. Il ne reste rien au peuple malien, à l’Union africaine, à la CEDEAO que de demander le départ de la force Barkhane du Mali. C’est ça aussi le rôle de cette opposition qui s’agite dans les rues de Bamako.

Si les opposants trouvent que le président IBK n‘est pas courageux, eux aussi ne le sont pas et nous pouvons les accuser de complicité avec la France. Restez et attendez que la France vienne vous installer au pouvoir car pour le pouvoir, vous avez été jusqu’à imposer un embargo économique et militaire sur votre pays. De là, vous avez perdu toute crédibilité.

Cette situation du Mali, nous allons continuer à répéter que c’est l’œuvre de deux hommes : le professeur Dioncounda Traoré et M. Django Cissoko. Ils sont devenus les «vichystes» du Mali en octroyant Kidal à la France. Aujourd’hui, c’est un autre gouvernement à Kidal.

Jean-Yves Le Drian est comparable au père du capitaine Julien Chanoine de la mission Voulet- Chanoine). Le père du capitaine Chanoine est le général Jules Chanoine qui était le ministre de la Guerre en France en 1898. Le général Jules Chanoine, le Parlement français, le maréchal Marchand et le gouvernement français ont eu à protéger ces deux officiers français (Voulet et Chanoine) qui ont eu à faire les crimes les plus abominables contre l’humanité.

Jean- Yves Le Drian a fait de Kidal son problème personnel et familial car il se proclame plus Touareg que les Touaregs Ifoghas. Son second, M. Laurent Fabius (ancien ministre des Affaires étrangères de la France) est parti et l’a laissé continuer leur projet sur le nord- Mali.

Pour montrer à Deby que seule sa politique sécuritaire intéresse la France, c’est Le Drian qui a représenté la France aux cérémonies de son investiture. Il a eu à déclarer dans cette semaine qu’ils viendront à bout du terrorisme. Mais est-ce qu’ils ont la volonté de mettre fin à un «machin» qu’ils ont créé de leurs propres mains ? Ils ne vivent que du terrorisme.

Des concertations nationales que demandent M. Tiébilé Dramé et M. Soumeylou Boubèye Maïga : pourquoi il n’y a pas eu des concertations nationales sous la transition ? Et pourquoi maintenant ? Maintenant, ils commencent à voir avec la déclaration suivante : «La solution à la crise malienne qui s’aggrave chaque jour n’est ni à Bruxelles, ni à Washington, ni à Paris, ni à New-York. Elle est à Bamako. Elle réside dans les concertations nationales». (Challenger, N°1136 du 11 août 2016). M. Dramé était membre influent du FDR, l’organisation qui avait fait appel à la CEDEAO après la chute de leur mentor (le général-président ATT) dont son parti le Parena était membre de son gouvernement. Aujourd’hui, où sont les troupes de la CEDEAO qui devaient aider les troupes maliennes à reconquérir sa souveraineté sur toute l’étendue de son territoire ?

Ses amis, les Français sont en train d’occuper Kidal par leur duplicité et leur malhonnêteté. Et pourtant, M. Dramé ferme la bouche sur cette illégalité. Attendez que la France vienne vous installer au pouvoir en 2018 ! Il semble bien que vous tirez le bout du fil avec vos amis français. C’est ici au Mali que le ministre Soumeylou Boubèye Maïga avait organisé une conférence pour soutenir le projet de sécurité et de gestion des ressources minières du nord de notre pays que la France et l’Europe veulent voler.

Le Mali est-il un pays indépendant, souverain, reconnu dans les instances internationales dont l’ONU ou non? Mais la gestion des ressources minières du Mali, revient souverainement au Mali sans un diktat de la France et de l’Union européenne ou de n’importe quel autre pays du monde. Ayez le courage de dire la vérité à «vos amis français», si réellement vous êtes leurs amis. Nous, nous disons que ces Français ne sont que des racistes, négriers et voleurs. Voici un passage qui montre leur lâcheté, leurs crimes et leur mépris vis-à-vis des peuples africains : «1er mai 1898: prise de Sikasso par le colonel Audéoud (Soudan)».

En avril 1898, le colonel Audéoud, qui cherchait un coup d’éclat pour sa promotion, a envoyé le capitaine Morisson exiger de Babemba, successeur de Tiéba, le «fama» de Sikasso (Mali actuel), et allié-imprudent- des Français dans leur guerre contre Samory, l’établissement d’une garnison française dans sa capitale. Babemba refusa. C’est la guerre et le siège de Sikasso où les violentes contre-attaques des assiégés mettent à plusieurs reprises en danger les troupes françaises. Mais avec trois enceintes qui ont résisté pendant quinze mois à Samory, «la forteresse ne tient pas deux jours devant les obus modernes», écrit Gilbert Comte.

Sikasso résiste rue par rue. Un officier français, participant à la prise de Sikasso, décrit ainsi la prise de la ville : «Après le siège, l’assaut. Babemba se tue. On donne l’ordre du pillage. Tout est pris ou tué. Tous les captifs, 4.000 environ, rassemblés en troupeau.

Le colonel Audéoud commence la distribution. Il écrivait lui-même sur un calepin, puis y a renoncé en disant: «Partagez-vous cela». Le partage a eu lieu avec disputes et coups. Puis en route! Chaque Européen a reçu une femme à son choix… On a fait au retour des étapes de quarante kilomètres avec ces captifs. Les enfants et tous ceux qui sont fatigués sont tués à coups de crosse et de baïonnette…

Les cadavres étaient laissés au bord des routes. Une femme est trouvée accroupie. Elle est enceinte. On la pousse à coup de crosse. Elle accouche debout en marchant. On a coupé le cordon et abandonné l’enfant sans se retourner pour voir si c’est un garçon ou une fille.

Dans ces mêmes étapes, les hommes réquisitionnés en route pour porter le mil restent cinq jours sans rations; reçoivent cinquante coups de corde s’ils prennent une poignée du mil qu’ils portent.

Les tirailleurs ont eu tellement de captifs qu’il leur était impossible de les loger et de les nourrir.» Sources : «P. Vigné d’Octon, La Gloire du sabre, Paris, Flammarion, 1900; cité par Jean Suret- Canale, Afrique Noire, Occidentale et Centrale, Éditions sociales, 1968, page 274-275; Gilbert Comte, L’empire triomphant, Denoël, 1988, page 85-86».

Pierre NKurunziza, Paul Kagamé, Joseph Kabila sont plus courageux que vous. Les hommes politiques sont en Afrique australe avec Mugabe, Nzuma et ceux que nous venons de citer. Nous avions eu à le dire dans plusieurs de nos publications que toute légitimité qu’on doit chercher, il faut la chercher à l’intérieur de son pays. C’est ce qui avait manqué aux «démocrates maliens et patriotes sincères».

Ils se sont alliés au diable français pour renverser le putschiste de 1968, Moussa Traoré qui n’avait même pas pu payer aux manœuvres maliens de la convention collective qui avaient un salaire mensuel moins de 15.000 F CFA à plus forte raison ceux des autres fonctionnaires de l’Etat, de 1980 à mars 1991. Et c’est lui qui se lamente aujourd’hui que le Mali est en «lambeaux». Il avait oublié que ce sont les conséquences désastreuses de son coup d’Etat du 19 novembre 1968 et son premier accord avec la rébellion (accord de Tamanrasset de 1991) qui étaient le prélude du Mali en lambeaux.

Mais, oublions Moussa Traoré, il est parti il y a plus de 25 ans et si nous avions travaillé sincèrement, nous étions capables de renverser la tendance. Les Maliens aiment toujours une chose et son contraire Ils n’aiment pas le voleur mais ils aiment son argent. Moussa Traoré a été renversé par une insurrection populaire avec à leur tête un groupe d’individus qui avaient compris qu’il fallait associer les amis de Moussa Traoré qui ont changé de veste. C’est cette continuité qui a mis le Mali à genoux. Ceux qui devaient faire avancer le Mali, ont été mis à la touche. Et à la conférence nationale, les choses sérieuses du Mali ont été escamotées.

On ne peut pas organiser une conférence nationale qui doit traiter toutes les questions importantes du pays en quinze jours. S’il faut organiser des concertations nationales, il faut un minimum de trois à quatre mois. Une conférence nationale pour écarter le président IBK ? Nous disons non.

Mais une conférence nationale organisée par des Maliens qui ont une bonne moralité et une conférence qui doit traiter tous les problèmes du Mali avec tout le sérieux qu’il faut pour la dignité, l’honneur et le bonheur du Mali. Toutes les questions sur notre système de sécurité et de défense (avec des officiers intègres et il faut même impliquer ceux qui sont partis à la retraite), les questions de justice, de l’école malienne, de gestion des terres agricoles, d’élevage, de gestion des ressources minières, etc.

Pour cela, il faut parcourir tout le Mali et chercher les hommes honnêtes de la société civile, des associations socio- professionnelles, les grands cadres de l’Etat honnêtes qui n’ont jamais été impliqués dans les affaires de corruption et de vol des ressources publiques.

Aux hommes politiques maliens, amis de la France, ayez le courage de dire la vérité à la France car ni le ciel, ni le soleil, ni la terre n’appartiennent à la France. Moussa Traoré et Hussein Habré, même s’ils ont perdu le pouvoir, ils ont eu le courage de dire la vérité à la France de M. François Mitterrand. Regardez, pour le seul pouvoir, le professeur Dioncounda Traoré et son Premier ministre M. Django Cissoko nous ont mis dans ce «machin».

Il est content quand on lui dit, ancien président par intérim. Mais, le roi du Kénédougou, Babemba Traoré qui n’a pas été à l’école vaut mieux que lui. Parce que ne voulant pas être sujet des Français a décidé de se donner la mort. C’est pourquoi un adage de chez nous dit : «Que plutôt la mort que la honte», telle est la devise des hommes d’honneur et de dignité.

Les Mossis de Ouagadougou qui en novembre 1898 avaient refusé de dire à la mission Voulet- Chanoine, le lieu de cachette du Moro Naba et qui ont été des dizaines à être égorgés, valent mieux que les hommes politiques maliens, valets de l’impérialisme français. «Salaire de la trahison contre l’indépendance et la liberté du peuple malien».

Maliens ! Réveillez-vous !

Yacouba ALIOU


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