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Le Point : Pourquoi ne pas dialoguer avec les djihadistes de Mopti ?
Publié le mardi 16 aout 2016  |  La Boussole
Combattants
© Autre presse par DR
Combattants du groupe Ansar Dine près de Tombouctou au Mali, avril 2012




La zone inondée de la région de Mopti s’embrase d’avantage. Chaque jour apporte son lot de cadavres de soldats ou de populations civiles. Le dernier événement en date est l’embuscade qui a eu lieu contre le convoi de ravitaillement des forces armées maliennes, parti de Sévaré pour Tenenkou. Ce convoi de militaires est tombé dans une embuscade, le dimanche 7 Août dernier aux environs de 17 heures, à 7 Kilomètres de Diafarabé peu après le village de Kera. Ainsi, 5 à 6 véhicules de l’armée ont été détruits et plusieurs soldats ont été blessés. Du Mardi 9 Août, dans l’après-midi, au lendemain matin, les corps de cinq soldats maliens, précédemment portés disparus ont été repêchés et enterrés surplace. Selon des sources concordantes, des véhicules de l’armée, équipés d’armes lourdes, ont été emportés par les assaillants. L’heure est donc critique dans toute la zone inondée de Mopti. Et des mesures urgentes doivent être prises rapidement. Comment ? En négociant avec les assaillants !
Or, « On ne négocie pas avec des terroristes », clame depuis un certain temps les autorités maliennes. Mais qui sommes-nous alors? Des européens, américains, asiatiques ? Non ! Nous sommes des africains, en sommes des maliens. Nous devons alors avoir la faculté de négocier avec nos djihadistes (locaux) pour pouvoir asseoir une paix durable dans le Delta intérieur du Niger (la zone inondée de Mopti). Même en Europe, Amérique, etc., il existe des canaux pour dialogue avec leurs terroristes. Alors, pourquoi pas au Mali ? Certainement, il y a des canaux dans notre pays qui peuvent faire plier ces terroristes, sans faire la moindre guerre. Mais comment ? En effet, il faut utiliser les canaux de dialogue traditionnel, composés essentiellement de tissus ethniques, communautaires, des regroupements sociaux, etc. Dans ce cadre, il y a plusieurs éléments qui peuvent favoriser la paix : le cousinage à plaisanterie, la parenté éloignée, l’histoire des sociétés, etc. Actuellement, si Amadou Kouffa veux créer l’Etat Peulh du Macina à l’intérieur du Delta du Niger, c’est parce qu’il s’est focalisé sur l’histoire de cette zone. Pourquoi le gouvernement n’anticipe-t-il pas sur lui ? Pourquoi ne pas redonner à cette zone, des valeurs qui lui sont propres ? Pourquoi ne pas en faire une entité engagée dans le développement de l’élevage et de la pêche au Mali ? Pourquoi ne pas lui donner un nouveau statut ? Car, ces djihadistes ne sont pas des étrangers. Ce sont des autochtones que l’on peut bien convaincre avec les moyens de dialogue traditionnels. Si selon la Communauté internationale, il faut amener surplace des forces d’interposition (qui sont toujours dépassées par les événements), nous, Maliens, pouvons régler nos différends autrement. Les associations culturelles comme Ginna-Dogon, Tapital-Poulakou, etc. ont leur importance dans l’avancement du processus de négociation au Mali. Mais sont-elles réellement impliquées ? Sinon, à qui la faute ?
Quoi qu’il en soit, ça va de mal en pis et la zone inondée ne connaîtra jamais d’accalmie si nous ne changeons pas de mode d’opération. Il faut fortement impliquer les communautés dans la gestion de cette crise. L’équation Kidal n’a pas encore trouvé sa solution et le cas Mopti dépasse actuellement tous les commentaires.
Ainsi, même si la Minusma et Barkhane ont leurs utilités dans la résolution de cette crise, nous maliens sommes les seuls acteurs, les seules victimes et les seuls à pouvoir y remédier concrètement. Notre position est donc à considérer en première instance. Ne dit-on pas que « La France n’a pas d’ami, mais que des intérêts? ». Ce pays, comme les autres pays occidentaux, défend âprement ses intérêts de la façon la plus indépendante. Profitons alors de nos propres réalités socioculturelles et économiques pour nous sortir d’affaire. Cela est pourtant bien possible. Mais faudrait-il que nous y croyons !

Alfousseini Togo
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