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Art et Culture

Tour de Lassa: La vérité en panne de références
Publié le mercredi 17 aout 2016  |  Le Matin




L’habitude est une seconde nature ! Ainsi, malgré une fine pluie et l’humidité ambiante, nous n’avons pas pu nous empêcher de grimper sur les hauteurs de Lassa pour prendre possession de notre Tour de réflexion aussi convoitée par une végétation luxuriante.
Nous y sommes restés longtemps débout pour admirer la Cité des Trois Caïmans (Bamako) sous la brume hivernale avec des nuages qui se chevauchaient et semblaient se pourchasser sous diverses formes. Force doit rester à la nature. Elle doit aussi rester à la loi car, de là- haut, difficile de ne pas voir des artères principales de la capitale, notamment l’Avenue Cheick Zayed et celles de l’ACI 2000, redevenues subitement larges.
Il nous semblait ce jour que même si l’horizon est sombre pour beaucoup, il y a moins de fumée sur Bamako, donc moins de pollution parce que moins d’embouteillages sur les voies de la circulation urbaine libérées de leurs occupants encombrants.
La pilule est amère, donc difficile à avaler pour des gens qui voient leurs sources de revenus menacées. Mais, pour la bonne cause, c’est-à-dire la salubrité d’une ville où tout le monde est commerçant dans l’informel, c’est un sacrifice à consentir. Un mal nécessaire face à un statut flou (informel) qui permet de «grandir dans l’ombre», surtout d’échapper au fisc en soudoyant les agents de la mairie et des impôts. Comment d’ailleurs imposer quelqu’un qui n’a pas une comptabilité ?
Perdu dans nos idées pour pouvoir mieux aider la brave et courageuse gouverneur Sacko Aminata Kane dite «Commissaire Ami Kane» (la Tata est aujourd’hui Contrôleur Général de Police) ou la terreur des délinquants sexuels et d’autres prédateurs dont les enfants constituent le fonds de commerce, nous ne pouvons nous empêcher de ruminer le discours de combat prononcé par la Première Dame. C’était le 1er août 2016 à l’occasion de la célébration de la Panafricaine des Femmes.
«Nous devons nous adapter aux règles de la ville et cesser que nos villes ne soient des villes-villages», avait martelé la Tata Kéita Aminata Maïga. Décidément, les «Aminata» sont déterminées à offrir à Bamako un lifting total.
Au moins, les mauvaises langues ne pourront pas reprocher à «Tanti Ami» Maïga d’avoir attendu la prochaine arrivée du plus Hollandais des Français (François Hollande) pour se lancer dans l’assainissement et la protection de l’environnement. C’est la raison d’être de son ONG Agir depuis plus de deux décennies.
«Nous en avons la capacité, une capacité qui ne demande pas de financement», a assené Mme Kéita Aminata Maïga pour davantage interpeler les citadins que nous voulons être sans nous départir de nos comportements de Villageois qui crachent ou jettent les peaux de banane ou des épis de maïs voire les sachets d’eau ou les bidons de boisson par les «fenêtres» des Sotrama dans la circulation. Hé sikéyi ! Et pourtant, nous voulons tous que Bamako puisse se moderniser pour ne plus être ce «Gros Village» où nous aimons plus recevoir nos hôtes.
«C’est notre comportement quotidien, des petits gestes pour éviter de produire beaucoup de déchets, des petits gestes pour jeter mieux les déchets qui rendront notre environnement sain. C’est une question de volonté. C’est vrai que les habitudes sont têtues mais quand on veut on peut», nous rappelle Aminata Maïga Kéita.
Au lieu de s’en offusquer et de la condamner ou pousser les victimes à la révolte, nous devons encourager cette prise de conscience des autorités qui veulent enfin agir pour permettre au Mali de trouver un nouveau souffle. Et Bamako, la capitale du Mali, doit être le symbole de cette belle image que nous voulons donner de ce «Mali nouveau».
Même si certains objecteurs de conscience s’offusquent qu’on ait attendu le sommet Afrique-France de 2017 pour faire le ménage au niveau de la vitrine du pays, il faut aussi souvent des prétextes pour ouvrir des grands chantiers.
Ce sommet nous offre une occasion à ne pas manquer car synonyme de nouvelles structures qui ne peuvent qu’améliorer la vie des Bamakois, donc des Maliens. L’organisation de grands événements est partout une opportunité de lancer des grands chantiers de modernisation urbaine, de développement national. Ce fut par exemple le cas de la CAN «Mali 2002». Et cela n’est pas propre au Mali seulement, mais à toutes les nations du monde. Le développement, la modernisation est une question de prétexte, d’opportunité.
Surtout que ce n’est même pas vrai ces allégations mensongères car cette opération de déguerpissement a été décidée à plusieurs reprises et pendant des années, avant d’être chaque fois reportée sous la pression des commerçants.
La mauvaise foi noie les bonnes initiatives
Aujourd’hui, la résolution de la crise que nous traversons, l’assainissement de nos cadres de vie et de travail… nécessitent, comme l’a dit la Première Dame, «une sensibilisation communautaire opérée par des personnes qui sont des exemples dans leurs comportements quotidiens».
Le vrai défi est aussi à ce niveau : Trouver des références pour sensibiliser et guider les communautés vers l’adoption des comportements nouveaux !
Hypocrisie, égoïsme et mauvaise foi caractérisent le Malien d’aujourd’hui ! La vérité n’est plus une valeur sociétale car sacrifiée par tous ceux qui devaient en faire une pierre angulaire de leur leadership.
Le leader religieux a peur de dire la vérité aux fidèles de crainte de se retrouver isolé dans sa chapelle, donc privé de la manne financière des ceux qui croient naïvement qu’il a la clef du paradis !
Les dirigeants politiques sont connus pour leur démagogie et leur discours cousu de mensonges pour se faire passer pour des anges aux yeux de la nation. Les dirigeants mentent pour se maintenir au pouvoir.
Même dans nos familles, les chefs n’osent pas tenir le même langage de vérité à tous leurs enfants pour ne pas frustrer ceux qui font bouillir la marmite. Le mensonge, la démagogie et l’hypocrisie sont devenus des abris confortables pour ceux qui sont supposés être nos leaders d’opinion, nos guides moraux et spirituels.
«Au Mali, la mauvaise foi est une tasse de thé que nous sirotons volontiers», rappelaient tristement un brillant confrère connu pour son franc-parler. Les déguerpis affirment qu'ils n'ont jamais été avertis.
«Incroyable ! Cela me rappelle le cas de l'AMO (Assurance Maladie Obligatoire). Tous les acteurs avaient été impliqués (syndicats, partenaires sociaux...). Au moment de l'application, les gens se sont débinés… Même les députés qui ont voté la loi, n'étaient pas au courant, d'autant qu'ils ont demandé à une équipe de la CANAM d'aller les former sur l'AMO…», se rappelle-t-il.
Et notre confrère de conclure, «si les commerçants disent qu'ils n'ont pas été informés, moi je n'en crois pas un mot. Bamako doit être propre. L'anarchie qui y règne doit prendre fin. Et immédiatement» !
«Les hommes certes, en perdition, sauf ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres, s'enjoignent mutuellement la vérité…», peut-on lire dans la sourate Al-Asr ou «Le temps» (103e Sourate révélée avant l'Hégire. Il y a 3 versets dans ce chapitre) du Saint Coran.
Ces charlatans, faux Dévots enrubannés qui incitent depuis quelques jours les citoyens à s’opposer à l’ordre public et poussent les forces de sécurité à désobéir à leur hiérarchie savent pertinemment ce qui est écrit dans ce Livre Sacré par rapport au respect de l’autorité hiérarchique voire à l’importance de la salubrité dans la religion.
Tout comme ces politiciens en quête de pouvoir, mais en manque de popularité qui poussent la foule dans la rue pour pousser le régime à réprimer et en récolter les dividendes en termes de mécontentement.
Des hypocrites convaincus de la pertinence de cette mesure appliquée par Mme Sacko Aminata Kane, mais qui s’y opposent pour paraître plus proches des préoccupations du peuple.
La déflation, les ajustements structurels, les privatisations… ont mis plus de gens en chômage que le déguerpissement des occupants de nos artères et trottoirs. Et qui a piloté l’essentiel de ces programmes ? A-t-il démissionné pour protester contre cette politique qui a ruiné des vies entières, brisé des foyers, perverti notre système éducatif et déshumanisé notre politique sanitaire ?
Curieusement, c’est le même qui s’érige aujourd’hui en donneur de leçons parce que tout simplement il a misé sur l’échec d’un rival politique et est disposé à lui glisser des peaux de banane pour précipiter sa chute.
Nous l’avons dit et nous le redisons, personne ne peut aimer le Mali et souhaiter aujourd’hui que le régime actuel échoue sur toute la ligne car les conséquences de cet échec sont périlleuses pour la nation, pour notre patrie.
Les signes sont déjà visibles parce que la sécurité est loin d’être maîtrisée, la défense est en balbutiement et l’économie continue toujours à ne profiter qu’à des clans qui détiennent les monopoles.
Si nous aimons réellement notre pays, acceptons de bon gré les sacrifices indispensables au changement !

Moussa Bolly
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