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Emeutes à Bamako :Un avertissement ?
Publié le jeudi 18 aout 2016  |  Le challenger
Manifestation
© aBamako.com par A S
Manifestation devant la tribunal de la commune IV pour soutenir RAS Bath
Manifestation devant la tribunal de la commune IV pour soutenir RAS Bath, le 17 Août 2016




L’interpellation de l’animateur de radio, Youssouf Bathily dit Ras Bath, par les services de la Brigade d’Investigation Judiciaire du Camp I de la Gendarmerie nationale suite à une plainte du Procureur général près la Cour d’appel de Bamako, a donné lieu à des scènes d’émeutes en commune IV du District. Si la situation était calme en début d’après-midi, de nombreuses voies publiques étaient jonchées de barricades avec des pneus brûlés, dégageant de la fumée. Les scènes d’émeutes d’hier interviennent après celles de la nuit du lundi au mardi. L’annonce de l’interpellation de Ras Bath avait subitement donné lieu à des scènes à Darsalam et à Djicoroni Para. La voie principale empruntée chaque jour par le Président de la République pour se rendre au Palais de Koulouba, a été barricadée par des jeunes gens qui ont déversé des ordures et brûlé des pneus. Ils voulaient, dit-on, empêcher le Président de la République de se rendre à Koulouba. Depuis l’élection du Président IBK, c’est la première fois que son régime soit soumis à une telle épreuve de force dans le District de Bamako.
Hier, une grande fébrilité et une certaine nervosité ont gagné les forces de maintien de l’ordre qui se sont livrées à de nombreuses exactions contre les familles voisines.
Pourquoi maintenant ? Pourquoi déclencher l’action publique en ce moment particulièrement caractérisé par certaines frustrations au sein de l’opinion suite au déguerpissement des voies publiques ? Pourquoi avoir laissé le jeune Ras Bath continuer son émission ? L’Etat a-t-il d’autres moyens de faire taire l’animateur ? L’autorité de régulation ne dispose-t-elle pas d’instruments légaux pour mettre fin à cette dérive ? Voilà, quelques interrogations qui peuvent susciter des débats sans pour autant occulter une négligence, voire une incompétence notoire à certains niveaux de responsabilité.
« Gouverner, c’est prévoir », dit un adage. Les services de l’Etat ont sous-estimé l’électrochoc que l’interpellation de Ras Bath pourrait susciter au sein de l’opinion. Il est clair que l’animateur de l’émission « Cartes sur table » s’est forgé un auditoire devenu ses fervents supporteurs. Il y a une catégorie de citoyens qui, en désespoir de cause, aime entendre de tels propos. Il y a un sentiment général de déception, voire de frustration qui s’est emparé d’une frange importante de la population. C’est pourquoi, il ne faut pas voir seulement le cas Ras Bath derrière les violentes manifestations. Celles-ci constituent un avertissement pour les plus hautes autorités. Le fait que le gros lot des manifestants étaient composés de jeunes n’est pas à négliger. Le risque de récupération d’un tel mouvement est réel.
Si l’Etat dispose de la capacité et de la force nécessaire, il peut engager l’épreuve de force en poursuivant la procédure judiciaire contre le jeune Rasta qui s’est rendu célèbre par ses propos accablants contre certains responsables du pays. Si cela passe, l’autorité de l’Etat sortira très renforcée. Mais un éventuel échec aura des conséquences imprévisibles sur la stabilité des institutions de la République.
On saura dans les jours à venir si les émeutes d’hier étaient des feuilles de paille ou pas.
Chaka Doumbia
Source : le challenger
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