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Art et Culture

Culture : Les maliens moins friands de la création musicale de leur pays
Publié le vendredi 19 aout 2016  |  La Sirène




Le proverbe est sans équivoque qui dit : « Savoir grimper sur l’arbre est une bonne chose, savoir se hisser au dos du cheval est génial, mais se connaitre soi-même est sans doute la meilleure ».

Les guinéens ont été très tôt élevés dans une culture de haute estime envers leurs artistes musiciens. Par la grâce d’un homme, cet enthousiasme plonge ses racines aussi loin qu’à l’aube de la première République de Guinée à l’ère du Président feu Ahmed Sekou Touré. A son rang de chef d’état il trouvait le temps d’assister aux répétitions des célébrités guinéennes et ne tarissait point d’encouragement et d’éloges à leur endroit. Les musiciens qui l’ont vu à l’œuvre gardent de très bons souvenirs de l’homme fort de la Guinée. Ce n’est donc pas rien ni par hasard que l’icône incontesté de la musique malienne Salif Keita lui dédié « Mandjou ». Ce dernier a été tout simplement touché par la marque de simplicité et l’hospitalité qui s’est dégagée lors de sa rencontre à Conakry. Instant à jamais graver dans sa mémoire. Pour lui rendre hommage à la grande surprise de tous avec une inspiration qui lui appartient « La voix d’or du Mandé » a tenu à lui consacré ce titre. A propos de l’ancien Président guinéen le chanteur de renommée Kerfala Kanté nous clarifie par ces mots avec émotion : « Si un pays africain a eu l’opportunité d’avoir un chef de l’Etat artiste dans l’âme c’est bien la République de Guinée Conakry. Le Président Ahmed Sekou Touré, paix à son âme demeurait avant tout un artiste de grand chemin qui n’a jamais caché sa préférence encore moins baissé les bras pour accompagner les hommes de culture et les artistes de tous genres. Il développait une grande considération à leur endroit et un amour sans faille pour son pays et sa culture. Cette illustre personnalité était en avance sur son temps et a très vite compris que le développement de nos pays passait inévitablement par le secteur culturel. Voilà pourquoi il demeurait tant attaché à ce domaine. En son temps, la Guinée a brillé sur tous les fronts avec éclat dans le domaine culturel. Mieux encore il a mis à la disposition des orchestres des lieux propices pour favoriser l’explosion de leur talent dont : la paillote pour l’orchestre « Keletigui », le Club Bembeya pour que le groupe « Bembeya Jazz » s’exprime à cœur ouvert. Il a même offert une villa à feu Kouyaté Sori Kandia en estime pour son savoir-faire. Au-delà de l’homme politique il a laissé un grand héritage et une trace indélébile à la Guinée. Après sa disparition les artistes guinéens tardent à voir venir… ».

Pendant mon bref séjour en République de Guinée Conakry, j’ai mené ma petite enquête dans quelques discothèques de la capitale afin de m’enquérir de l’influence qu’exerçait la musique sur la population. Je me suis vite aperçu que la jeunesse reste solidement attachée à la création musicale issue du terroir. Jusqu’à nos jours ce peuple reste intimement lié à la musique et manifeste du respect à l’égard de leurs artistes musiciens. Je n’ai pu mettre les pieds dans une seule boite de nuit sans être submergé dans l’ambiance du pays. La musique du terroir dans une diversité indescriptible résonnait sans interruption jusqu’à l’aube. Bien qu’ils écoutaient et dansaient aux sons musicaux d’autres pays une priorité semblait être accordée à leur création musicale. De petit Kandia, à Kandia Kora en passant par Sekouba Bambino, Mohamed Azaya, Djeli Kany Fanta Diabaté, Djekoria Fanta, Instinct Killer tout faisait farine au moulin. Ils connaissent mots à mot les chœurs tout comme les textes des chansons et dansaient dans une effervescence inégalable. A travers l’expérience vécu à Conakry, je peux affirmer que les maliens sont moins friands de la création musicale de leur pays. A cette occasion, mes compatriotes feraient mieux de prendre l’exemple sur le peuple frère de la Guinée Conakry. Le proverbe est sans équivoque qui dit : « Savoir grimper sur l’arbre est une bonne chose, savoir se hisser au dos du cheval est génial, mais se connaitre soi-même est sans doute la meilleure ».



Cela n’empêche, j’ai pu également savourer les sons de deux jeunes artistes maliens. La première, du nom de Hadja Fanta Diabaté séjournait dans le cadre de la promotion autour de la sortie de ses singles. Pendant que le second demeure l’un des rares artistes maliens qui fait vibrer les discothèques de la sous-région Ouest africaine. Je veux nommer le concepteur de « Diabatéba Music », le phénomène Sidiki Diabaté, le « Seigneur de la musique sentimentale malienne ». Ce fut pour moi l’ultime plaisir et un grand honneur que de voir des jeunes artistes maliens faire danser la jeunesse africaine loin de leur pays natal.

Actuellement, je rêve d’apercevoir mes compatriotes unis autour de la musique malienne pour célébrer la fête sans complexe. Ce jour-là, non seulement nous allons danser sous les rythmes de la génération actuelle mais nous ferons également un clin d’œil à ceux qui nous ont réjoui le cœur pendant leur existence avant de s’éteindre pour l’éternité. Je veux faire allusion à feu Ali Farka Touré, feu Mangala Camara, feu Ousmane Sacko, feu Mamadou Guitare, feu Kalori Sori, feue Ramata Diakité, et surtout le morceau « Anga tiga woloma » de notre regrettée Bako Dagnon. Otoumana bêbé wili ka donkê ki sèbè koro yougouba.

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