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Affaire Ras Bath : Le paroxysme d’une défaillance de l’autorité de l’Etat !
Publié le vendredi 19 aout 2016  |  Le Tjikan
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© aBamako.com par Momo
Scenes de violence devant le tribunal de la commune IV ce matin a l`arrivée des forces de l`ordre
Bamako, le 17 aout 2016 Ras Bath ce matin devant le Procureur : Manifestation devant le tribunal de la commune IV ce matin a l`arrivée des forces de l`ordre




« Si l’Etat est fort, il nous écrase, s’il est faible, nous périssons » disait Paul Valery. Cette célèbre maxime sied avec ce que les populations de Bamako vivent depuis le lundi et que d’aucuns appelle désormais l’affaire Ras Bath. Cette affaire qui fera date dans les annales de l’histoire du Mali est la résultante du laxisme des pouvoirs publics. Il fallait être au Tribunal de Grande Instance de la Commune IV dans la matinée du mercredi 17 août pour se rendre compte du degré de gravité de la faiblesse de l’Etat et le risque de péril de la Nation. L’on pouvait se demander dans quel Etat se trouve-t-on alors? Jamais une juridiction de justice, symbole par excellence de l’autorité de l’Etat n’avait fait l’objet d’autant de violation et de mépris dans notre pays. Des jeunes venus protester contre la comparution du jeune animateur et activiste Ras Bath par devant le tribunal de la commune IV avaient fini d’envahir tout le quartier le mercredi mettant le tribunal à feu et à sac. Ce qui est plus étonnant, c’est que l’Etat n’avait pris aucune mesure pour sécuriser le tribunal mettant tout le personnel dans une insécurité totale. Des journalistes aussi en ont fait les frais. Jusqu’au-delà de 09 heures, les manifestants faisaient leur loi dans les locaux du tribunal mettant du feu jusqu’au bureau du premier président du tribunal. Comment est-ce possible ? Mesure-t-on la gravité de telles situations ?

Le laxisme et la faiblesse de l’Etat ont atteint leur paroxysme dans notre pays où la négation de l’ordre public a atteint une proportion inquiétante. La marche du mouvement Yèrè wolo Ton suivie de l’agression du président intérimaire Dioncounda Traoré en 2012 jusqu’au Palais présidentiel reste encore dans les esprits. Le porte-parole du Collectif pour la Défense de la République (CDR) Mohamed Youssouf Bathily, alias Ras Bath quant à lui était devenu depuis 2013 un chroniqueur redoutable sur des radios libres de la place. En plus d’être critique envers le gouvernement, l’homme était plus remarqué dans ses propos injurieux portant atteinte à la pudeur et à l’honneur des personnalités sans jamais être inquiété. Pourtant, ces faits sont incriminés par la loi qui oblige d’ailleurs l’Etat à rendre justice aux victimes. Devenu plus populaire par le laxisme de l’Etat, l’homme qui faisait beaucoup parler de lui-même jusqu’au moment de l’ouverture d’un dossier à son encontre par le parquet général sur instruction du garde des sceaux, était un danger pour la démoralisation de l’armée, notamment par son outrage public à la hiérarchie militaire. Le tout, devant le silence coupable de l’Etat.

Mais, mieux vaut tard que jamais. Avec son interpellation pour « outrage public à la pudeur» et «d’incitation ou de démobilisation des troupes », le Parquet qui agit au nom de société semble prendre ses responsabilités. Mais avec toutes les conséquences du laxisme, les manifestations pro Ras Bath ont dégénéré et causé mort d’homme. Après de longs moments de conjectures malheureuses, le procureur général, pour sa part s’est prononcé sur le dossier de l’arrestation de Mohamed Youssouf Bathily alias Ras Bath. Selon le PG près de la Cour d’Appel de Bamako Mamadou Lamine Coulibaly, si les incriminations à son encontre s’avèrent fondées, la loi s’appliquera dans toute sa rigueur. L’Etat doit donc apporter tout son soutien à la justice pour que force reste à la loi.



Il est à souligner que les vraies menaces, aujourd’hui, contre la République du Mali ne sont pas seulement liées au terrorisme et à la crise du Nord. Mais aussi au manque d’autorité de l’Etat qui sévit au Sud et qui est sur le point de rendre le pays ingouvernable. Avec les troubles consécutifs à l’arrestation de Ras Bath, on peut donc donner de crédit à l’analyse d’Henri Levent selon laquelle, « le plus redoutable des coups d’Etat ne viendra pas de l’armée, il viendra de la rue ».

Daniel KOURIBA
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