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Des procureurs Somé Théra à Mamadou Lamine Coulibaly: La Justice est-elle au service de la République ou des princes du jour ?
Publié le lundi 22 aout 2016  |  Infosept




Décidemment la démocratie malienne a encore un long chemin à parcourir pour qu’elle soit citée en exemple dans le concert des nations réellement démocratiques. Nul ne pouvait imaginer que 24 ans après une transition bien réussie au terme de laquelle des élections générales transparentes, crédibles et acceptées par tous ont été organisés pour mettre en place la 3ème République, que le Mali puisse connaitre encore des manquements aussi graves aux droits humains. Et cela à cause des décisions inopportunes de la justice dont les conséquences ont été la mort des manifestants à mains nues : à Gao d’abord puis à Bamako. Aujourd’hui, il semble établi que l’une des tares du bon fonctionnement de la démocratie et de l’Etat de droit reste la justice. De l’Affaire de la « maîtresse du Président de la République » sous ATT à celle de Ras Bath sous IBK, les observateurs de la scène politique s’interrogent sur l’indépendance et l’impartialité de la justice malienne. Les Procureurs sont-ils réellement au service de la

République ou à celui des princes du jour ?
Pour rappel, le Procureur de la République sous ATT, Sombé Théra, interpellait trois directeurs de publication pour outrage au chef de l’Etat Amadou Toumani Touré suite à la publication d’un sujet de dissertation dans le journal « Info Matin », alors que son bureau débordait de dossiers sulfureux et d’intérêt public. Parmi ceux-ci on pouvait citer entre autres : les différents rapports du Vérificateur Général qui faisaient état des cas de corruption et des manquements graves à l’orthodoxie financière, les dossiers relatifs aux litiges fonciers et ceux liés aux délits d’initiés, aux conflits d’intérêts et de compétence. Au lieu de se ceindre les reins pour arrêter la corruption et la gabegie financière, le Procureur Général d’alors, Sombé Théra s’était donné en spectacle en interpellant trois directeurs de publication au motif d’avoir fait outrage aux mœurs en exposant sur la place publique la vie privée du chef de l’Etat.

Par son acte, il a non seulement irrité les nombreux citoyens qui ont, depuis belle lurette, cessé de croire en leur justice, mais aussi et surtout, prouvait à la face du monde que la justice malienne restait quelque peu inféodée au pouvoir. Il n’est nullement exagéré d’affirmer que l’injustice et l’inéquitable distribution de la Justice furent quelques-unes des causes de la mutinerie qui a abouti au coup d’Etat du 22 Mars 2012. Ce coup d’Etat qualifié de stupide, a eu comme conséquence l’élection du candidat IBK à plus de 77 % sur la base de sa promesse d’un Mali juste, prospère, démocratique et respectueux des droits humains. Mais, trois ans auront suffi au peuple pour déchanter tant les promesses n’ont pas été tenues. Pire les pratiques décriées et désavouées sous son prédécesseur ont pris une ampleur inquiétante. La corruption, le népotisme, le chômage des jeunes, la cherté de la vie ont pris une proportion jamais égalée dans notre pays.

La menace jihadiste et la partition de fait du pays planent sur la tête du peuple comme une épée de Damoclès. Malgré tous ces dossiers épineux et vitaux pour le Mali, le Procureur Général de la République Mohamed Lamine Coulibaly a jugé nécessaire de clouer le bec à un animateur de Radio, Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath, devenu trop gênant pour le régime. L’arrestation de Ras Bath pour outrage public à la pudeur a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase d’un mécontentement social généralisé et les conséquences ont été lourdes avec un mort et de nombreux blessés. Par l’affaire de la « maîtresse du président » et celle plus récente de Ras Bath, les procureurs Théra et Coulibaly, loin de défendre les intérêts du peuple, semblent plus ternir l’image d’une justice malienne déjà très critiquée. Ne pouvaient-ils pas s’occuper des dossiers plus sulfureux plutôt que de provoquer l’ire d’une population qui en a ras-le bol ?

Youssouf Sissoko
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