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Ce qu’il faut décrypter : Affaire Ras Bath, le gouvernement malien a manqué de clairvoyance
Publié le lundi 22 aout 2016  |  Le Pays
Grand
© aBamako.com par Momo
Grand meeting de la société civile
Bamako, le 25 octobre 2014. La société civile malienne a tenu un grand meeting pour la défense de l` intégrité territoriale du pays.




Chasser le naturel, il revient toujours au galop. Cette assertion sied bien au gouvernement malien. A peine que le président de la République SEM Ibrahim Boubacar Kéita a corrigé la bourde gouvernementale sur l’affaire de l’assassinat barbare de Adama Traoré par les forces de l’ordre française, le gouvernement par son manque de clairvoyance et d’anticipation, a en effet procédé à l’arrestation de Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath. Il n’en fallait pas plus pour déclencher une vague d’indignation d’une frange importante de la population, dont le jeune activiste est désormais l’icône.

Ne soyons pas dupe, les manifestations du mercredi dernier sont loin d’être faites pour la seule libération du jeune chroniqueur. Elles sont la résultante d’un certain nombre de bévues faites par le gouvernement. Cette arrestation est seulement la goutte d’eau qui a fait déborder la vase déjà pleine. En effet, les habitants sont indignés depuis quelques jours par l’affaire de déguerpissement concoctée et exécutée par la gouverneure de Bamako, madame Aminata Kane. Une opération dite bulldozer a suscité une vague d’indignations et d’émeutes dans la capitale malienne. Ces indignations et mouvements de colère sont à peine estompés que le gouvernement à travers le procureur de la République près la cour d’appel de Bamako procède à l’interpellation de Mohamed Youssouf Bathily dit Ras Bath, icône d’une franche importante de la population depuis quelques temps déjà. Cette interpellation a entrainé une levée de bouclier d’une partie de la jeunesse bamakoise qui était massivement sortie pour empêcher la comparution de leur idole et demander purement et simplement sa libération. Elle assimile cette interpellation à une volonté du pouvoir de museler la seule voix qui crie dans le silence du désert. Ras Bath est certes un justiciable comme n’importe quel citoyen y compris votre serviteur. Mais par les temps qui courent le gouvernement devrait s’abstenir d’une telle interpellation. L’interpellation de Ras Bath démontre l’incurie et impéritie de nos gouvernants qui n’ont pas vu venir ce mouvement de colère. Si le gouvernement avait procédé en amont à une analyse froide et objective du climat social dont on savait déjà très volatile depuis l’opération de démolition d’Ami Kane, la situation quasi insurrectionnelle qu’on a vue le mercredi dernier à Bamako n’allait jamais arrivée. C’est pourquoi, nous estimons avec beaucoup d’autres que le décès survenu le mercredi dont nous déplorons est un mort de trop pour la nation malienne déjà meurtrie par la crise au nord du pays. Par ailleurs loin de nous toute idée de cautionner les propos « injurieux » de Ras Bath, mais son arrestation causera beaucoup plus de problèmes que de solutions. Car par ces dénonciations et ses révélations, le jeune chroniqueur a atteint aujourd’hui une certaine notoriété, faisant de lui l’idole d’une jeunesse en quête de repère. Une notoriété que le gouvernement Modibo Kéita a contribuée à forger. En réalité Ras Bath n’est ni plus moins qu’une fabrication « ratée » du gouvernement. Car tout le monde le sait à Bamako, que les propos injurieux dont le gouvernement se prévaut aujourd’hui pour interpeller le jeune Bathily n’ont pas commencé aujourd’hui. Il a commencé par insulter d’autres au profit des membres du gouvernement. Au lieu de le faire stopper dans son opération, ils lui ont laissé faire, jusqu’ à cette nuit fatidique jour du lundi.

Dans ces conditions, l’interpellation de Ras Bath peut être considérée comme une opération suicidaire. Et Ras Bath en fin stratège a surfé sur la vague. En publiant d’abord un communiqué dont il se fait passer comme victime d’un système pourri. Un communiqué qui a été largement répandu sur les réseaux sociaux. Le gouvernement pouvait éviter le triste spectacle survenu le mercredi en faisant preuve d’intelligence et de clairvoyance. En effet, deux choses se présentaient au gouvernement. Laisser Ras Bath faire ses chroniques comme il attend. Il arrivera un moment où ses fidèles auditeurs s’en lasseront et cesseront de l’écouter. La seconde option est beaucoup plus diplomatique. Il consiste à interpeller les promoteurs des radios sur lesquelles Ras Bath tient ses chroniques pour leur mettre en garde des « dérives » du jeune chroniqueur. Charge à ses promoteurs de radio de recadrer leur poulain.



En outre, Il ne nous appartient pas de commenter les propos d’un magistrat mais nous pensons que l’interpellation de Ras Bath doit être faite dans le cadre du strict respect de la loi sur la presse. Cela n’a pas été fait. En tout état de cause, l’affaire Ras Bath a révélé le manque d’autorité de l’Etat. Elle a démontré le manque d’idée de nos autorités. Et pourtant Jean Jacques Rousseau a prévenu« les nations ne périssent jamais par le trop grand nombre de personnes, mais elles périront toujours par le manque d’idée ».

Abdrahamane Sissoko

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