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Ministère des domaines de l’état : Hold up des Hauts cadres sur les véhicules de l’ANAC
Publié le lundi 22 aout 2016  |  Le Malien




La mise à la réforme de certains véhicules de l’Etat semble aiguiser les appétits. Des communiqués officiels sont lancés à longueur de journée. Au Ministère de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement, d’aucuns fustigent la publication de deux décisions identiques, à première vue, mais dont l’une s’avère du ”faux”. Un regard est pointé vers le Ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières. Des hauts cadres de ce département auraient, en effet, jeté leur dévolu sur les véhicules de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile, ANAC. Ça chauffe déjà !

Notre confrère, ”Le Sphynx”, avait levé le lièvre dans sa livraison du vendredi dernier. Sous le titre : ”Ministère de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement – Brouille autour des véhicules reformés”, le confrère attirait l’attention de l’opinion publique et des autorités sur ce qui se tramait là-bas. En la matière, on le sait, c’est le Ministère des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières qui s’occupe du patrimoine public. Ici, il est question de parc automobile de l’Agence Nationale de l’Aviation Civile (ANAC). Le service relève donc du Ministère des Transports. Et le sort du parc auto émane du Ministère des Domaines de l’Etat.

A l’ANAC, compte tenu de la vétusté du parc automobile, les travailleurs regroupés derrière leurs dirigeants syndicaux ont demandé le principe de la réforme des véhicules.



Le Ministre des Domaines de l’Etat, en accord certainement avec son homologue chargé des Transports et la CNRBCBE, a autorisé cette réforme et a même pris la décision N° 2016-113 du 11 juillet 2016 libellée ainsi : ”Est autorisée dans l’amiable des véhicules du Ministère de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement, réformés suivant Procès-Verbal N° 2016-033-MEF-CNRBCBE du 08 juillet 2016 au profit des personnes figurant sur la liste …” ci-jointe. Signée de Me Mohamed Aly Bathily, la décision confirmant ainsi les dispositions contenues dans le Procès-Verbal signé avec le personnel. Nos enquêtes nous ont permis de savoir que les responsables syndicaux souhaitaient que les agents et cadres ayant blanchi sous le harnais, et qui étaient admis ou admissibles à la retraite, fussent les acquéreurs des véhicules reformés. Moralement, peut-être professionnellement et dans le cadre de la solidarité syndicale, de la reconnaissance des jeunes aux anciens, cela pouvait être compris.

Mais, voilà d’autres cadres, très loin des dures réalités du fonctionnement de l’ANAC, qui voudraient s’accaparer la ”chose”. D’où la publication d’une autre décision, également signée du Ministre Bathily. Les travailleurs ont immédiatement décelé le faux. Car, l’article 1er était totalement changé. Il y est question des Procès-Verbaux N° 2016-32-MEDAF-CNRBCBE du 1er juillet et N° 2016-03/MEF-CNRBCBE du 08 juillet …

A première vue, les dates et numéros par leurs incohérences divulguent la machination, tout en maintenant la dernière page où est apposée la signature du Ministre. Cela n’a guère échappé à l’attention des travailleurs. Ils l’ont compris et su d’autant plus qu’il y avait une autre liste d’acquéreurs. D’où la vive opposition du personnel, lundi dernier, à toute tentative d’enlèvement des véhicules. Nos enquêtes nous ont également permis de savoir que cette dernière liste comprenait des noms des membres du cabinet ministériel (celui des Domaines de l’Etat) et mêmes des parents de hauts responsables.

C’est dire combien le besoin de changement ressenti au lendemain de l’avènement de la démocratie pluraliste, qui a érigé les principes de la liberté, de droits des populations, de dialogue social, en pilier de l’action publique, n’a aujourd’hui de courant contraire que les freins et (ou) les forces rétrogrades, tapies dans les postes de responsabilité très élevés.

En tout cas, à l’ANAC, les travailleurs se trouvent dans leur rôle de vouloir exprimer la reconnaissance à ceux qui ont rendu à l’entreprise de bons et loyaux services qui font qu’aujourd’hui, en Afrique de l’Ouest, le Mali est une référence. Nos jeunes cadres de l’ANAC, formés par les anciens qui sont ou vont à la retraite, sont une fierté. Car, appel leur est constamment fait pour former leurs homologues de la sous-région.

Aujourd’hui aussi, ils sont dans leurs droits de défendre leur patrimoine. Dans l’affaire des véhicules, on l’aura remarqué, les changements dans l’article 1 de la décision ministérielle et le maintien de la dernière page de cette décision constituent, à n’en pas douter, une manœuvre pour tromper les agents de l’ANAC. Pénalement, il y a faux et usage de faux en écriture.

Le Ministre, avocat de son état, a-t-il pu tolérer ce comportement dans son cabinet ? Avait-il été informé ? En tout cas, tout prouve selon nos enquêtes que le faux et usage de faux ne l’a pas décontenancé. Alors, était-il à la manœuvre par un abus voilé d’autorité ou de pouvoir pour priver les travailleurs de l’ANAC de leurs véhicules ? La question n’a pour l’heure que le silence comme réponse.

Mais, la solution proposée au terme d’une réunion des hauts responsables de départements Transports – Domaines de l’Etat et Direction de l’ANAC a tout simplement décidé de recoudre le tissu. L’article 1er initial a retrouvé sa place mais les noms des cadres de la 2ème liste restent maintenus. En un mot, la réunion a exclu les travailleurs de l’ANAC.

Selon nos infos, seul le nom de Madame le PCA apparaitrait sur la liste. Pourquoi le Ministre Bathily n’a-t-il pas aussitôt sanctionné les membres de son cabinet dont les noms figuraient sur ladite liste ? Ceci n’est-il pas une réponse éloquente à la place du silence ? Les travailleurs de l’ANAC font toujours de la résistance. Ils attendent à ce que le faux et usage de faux en écriture soit sanctionné. Avec cette autre affaire, force est de constater que les couacs du régime IBK semblent tous venir à la périphérie de l’homme qui a été élu avec plus de 70% des Maliens. La part de responsabilité est concentrée, à notre avis, à ”ses hommes” dont les agissements décolorent son œuvre et son image. M. Ibrahim Boubacar Kéïta aurait pu cependant, être un des rares chef d’Etat au pouvoir, au volant de sa voiture sortir seul, tout en faisant acclamer par les populations.

Il est temps que l’on ait ”pitié” du Mali et que les cadres mettent fin à leur voracité, souvent à leur cupidité pour plus de moral, de nationalisme et de civisme. Il est temps aussi que les véhicules réformés fassent l’objet d’une vente aux enchères sous les auspices d’un commissaire-Priseur au lieu des ”magouilles” de bureaux, de cabinets ministériels qui affectent à chaque véhicule rien que le centième de sa valeur réelle. L’on nous parlera certainement des expertises techniques mais l’on sait ce que cela aussi vaut.

B.KONE
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