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Procès destruction des mausolées de Tombouctou : La stratégie du mea culpa va-t-elle payer ?
Publié le mardi 23 aout 2016  |  L'Observateur




Regrets sincères ou simple stratégie de défense… c’est en tout cas en coupable que le prévenu Ahmad Al Faqi al Mahdi a comparu hier lundi 22 août devant la Cour pénale internationale de la Haye (CPI). En effet, l’ex-djihadiste d’Ansar Dine doit répondre des destructions à Tombouctou de neuf mausolées ainsi que de la porte de la mosquée Sidi Yahia. Après le rappel des charges qui pèsent contre sa personne, l’accusé a plaidé coupable, présentant même des excuses de circonstance « à mes frères de Tombouctou, à ma mère patrie, le Mali, ainsi qu’à l’ensemble de l’humanité » pour émouvoir le tribunal qui le poursuit pour crimes de guerre. La réponse dans quelques jours, puisque le procès ne devrait pas excéder la semaine.
Mais en attendant, la communauté internationale en général et les Maliens en particulier continuent de frémir à la seule évocation de ce qui s’est passé en 2012 lorsqu’une région tout entière avait basculé dans le giron des combattants au drapeau noir. Placées sous la coupe des djihadistes, les populations du Nord-Mali ont enduré toutes sortes d’exactions sur les personnes, les biens publics et privés : fermeture de lieux de loisirs, lapidations, amputations, meurtres, actes de vandalisme…
A Tombouctou, l’un des principaux bras armés de cette gouvernance par la terreur était Ahmad Al Faqi al Mahdi, Abou Toubab pour ses intimes. En juin 2012, cet intellectuel touareg, ancien fonctionnaire de l'Education nationale malienne, supervise et participe à la destruction de neuf mausolées de la « cité aux 333 saints » ; des monuments funéraires classés au patrimoine mondial de l'Unesco et qui ont valu à la ville son surnom. À coups de pioches et de burins, lui et ses hommes se sont échinés à faire disparaître toute trace d’un passé pourtant glorieux avant de s’attaquer à un autre symbole de l’identité culturelle de la cité, les portes d’une mosquée du XIIeme siècle.
Ils se sont ainsi attaqués à l’identité culturelle et même religieuse de toute une communauté. Voilà donc un crime qui, selon la procureure, Fatou Bensouda, « affecte l’âme et l’esprit d’un peuple » à l’instar des Buddhas de Bamiyan dynamités par les talibans et des vestiges antiques de la ville de Palmyre détruits par Daesh
C’est dire donc que le procès qui vient de s’ouvrir ce lundi est inédit et à plus d’un titre ; car c’est la première fois sauf erreur ou omission de notre part qu’un procès pour destruction de patrimoine culturel est instruit comme crime de guerre.
On ne peut donc qu’espérer que les juges ne se laisseront pas attendrir par les larmes de crocodile de celui qui, du temps de sa toute-puissance, n’était pas connu pour sa magnanimité. En tout cas, en plaidant coupable, il risque entre 9 et 11ans de prison, voire bien plus, si sa défense ne parvient pas à convaincre le tribunal.
Mais ce ne sera pas non plus la fin des ennuis judiciaires de l’ancien djihadiste, qui se trouve dans le collimateur d’organisations de droits de l’homme comme Amnesty internationale ou la FIDH qui attendent qu’il réponde de bien d’autres crimes, contre l’humanité ceux-là.

H. Marie Ouédraogo
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