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Procès a la CPI : Tombouctou : le pardon du jihadiste Al Faqi divise la Cité Mystérieuse
Publié le vendredi 26 aout 2016  |  L’Indicateur Renouveau
Ahmad
© AFP par ROBIN VAN LONKHUIJSEN
Ahmad Al Faqi Al Mahdi
Ahmad Al Faqi Al Mahdi, transféré dans la nuit de vendredi à samedi au centre de détention de la CPI à La Haye




A l’ouverture de son procès devant la CPI, le 22 août dernier, l’ex-jihadiste malien Ahmad al-Mahdi a demandé pardon pour la destruction des mausolées de Tombouctou. Un repentir auquel les responsables des tombeaux sacrés de la Ville au 333 Saints sont sensibles… sans plus. Reportage de JA.

“Ahmad al-Faqi al-Mahdi est en train de détruire le mausolée de Sidi Mahmoud, lorsque le téléphone de mon père sonne. Au bout du fil, un informateur lui annonce la terrible nouvelle. Le choc était tel que sa tension est montée subitement, et le verre de thé qu’il avait dans sa main est tombé par terre. La moitié de son corps est resté paralysé”, témoigne Mohamed El Moctar Cissé, le responsable du mausolée de Sidi Mahmoud, mais aussi le fils d’Alhakoum Cissé, l’imam principal de la célèbre mosquée Sankoré.

Mohamed El Moctar Cissé aurait dû être à la CPI pour témoigner contre Ahmad al-Mahdi, mais les conditions pour garantir son anonymat n’étant pas réuni, il a préféré rester à Tombouctou et suivre le procès à la télévision, comme la plupart des habitants de la ville. A Tombouctou, l’onde de choc provoqué par la destruction des mausolées a touché beaucoup de gens, pas seulement dans leur identité et leur culture mais jusque dans leurs chair.

“Lorsque j’ai appris la destruction des mausolées, c’était une grande surprise, mais on s’en est remis à Dieu. Les actes qu’ils ont commis, ils les ont commis contre Dieu parce qu’ils se sont attaqué aux cimetières des amis de Dieu”, explique Sane Shirfi Alpha, responsable du mausolée Alpha Moya. “Ce qui m’a fait encore plus mal, c’est qu’on nous a fait un mauvais procès en nous accusant d’idolâtrie, en disant que nous adorions les mausolées”.

Fait exprès

Quatre ans après l’invasion jihadiste, l’Unesco a reconstruit les mausolées détruits, lesquels sont aujourd’hui dans un meilleur état qu’en 2012, année de leur destruction. Mais les cœurs de certains habitants de Tombouctou saignent toujours et le pardon demandé par Ahmad al-Mahdi n’a pas réussi à changer grande chose.

“C’est trop tard pour les excuses maintenant. Aujourd’hui, mon père est certes sauvé, mais les séquelles sont telles qu’il n’arrive plus à écrire un mot avec sa main droite. Je voudrais dire à Al-Faqi d’assumer les conséquences de son acte, parce que lorsqu’il a détruit les mausolées, il était tout content, joyeux. Il a cherché consciemment à nous faire ce mal”, poursuit Mohamed El Moctar Cissé.

A Tombouctou, il y a ceux qui n’acceptent pas les excuses de Ahmad al-Mahdi mais aussi ceux qui pensent qu’elles devront être acceptées par toute l’humanité, car Tombouctou n’est pas la seule à avoir été touchée.

“Les crimes qu’il a commis sont contre l’humanité, et ce n’est pas arrivé par accident, c’est un fait exprès. Si j’accepte son pardon, c’est comme si je me soustrayais du reste de l’humanité, chose que je ne ferai pas”, souligne Sane Shirfi Alpha. Qui se console tout de même en se réjouissant de voir un jihadiste renier publiquement son passé.

Avec JA
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