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Le ‘’grin’’ à Bamako : lieu de détente ou de dépravation ?
Publié le dimanche 28 aout 2016  |  Le Reporter




Avant l’évolution de la science, le ‘’grin’’, chez nous au Mali, était un lieu où tout le monde se retrouvait pour échanger, dialoguer et se distraire. Mais, de nos jours, avec les téléphones et l’accès à la connexion internet, ces bonnes habitudes ont tendance à disparaître, car ‘’le grin’’ est devenu un lieu où chacun est accroché à son téléphone pour ‘’tchatcher’’.

‘’Le grin’’ était un lieu de débats politiques, sociaux et sur toute autre question qui touche à la vie de la Nation ou de la Cité. Ces discussions étaient un moyen de formation et d’instruction pour chacun. Lorsque de grands événements se produisaient, le ‘’grin’’ était le lieu privilégié pour en débattre.

Selon Ballé dit Vieux Niaré, les ‘’grins’’ étaient constitués de jeunes qui ont à peu près le même âge et qui ont subi ensemble les mêmes épreuves d’initiation. De cette façon, ces jeunes prennaient l’habitude de se retrouver autour du thé pour discuter de leurs problèmes, sous la responsabilité d’un chef de groupe. Mais, aujourd’hui, la plupart des ‘’grins’’ sont envahis par des délinquants et sont devenus des lieux de déperdition, voire de dépravation de nos mœurs.



Pour Lamine Kéita, les ‘’grins’’ sont transformés en lieu de manipulation de téléphone portable pour ‘’tchatcher’’. «Quant on vient dans le ‘’grin’’, au lieu de discuter pour échanger les idées, chacun s’accroche à son téléphone. On est dominé par la modernisation occidentale. On a tendance à oublier nos us et coutumes dont le ‘’grin’’ fait partie».

Et à Fatoumata Sidibé d’enchaîner sur un ton amer : «Je pense que le ‘’grin’’ que l’on connaissait n’existe plus. C’est devenu un lieu où les hommes rencontrent leur maîtresse. Vraiment, je suis contre les ‘’grins’’ d’aujourd’hui parce que j’ai vu pas mal de couples se séparer à cause de ces ‘’grins’’».

Aïcha Sogoba abonde dans le même sens : «Echanger avec ses amis sur certaines choses de la vie dans le ‘’grin’’, existait chez nous depuis très longtemps. Mais, avec l’arrivée du téléphone, tout a changé ; tout le monde est devenu dépendant de son téléphone. C’est vrai, il est très efficace et permet à son utilisateur d’être en contact avec le reste du monde en permanence à travers les appels, les messages, la connexion sur les réseaux sociaux (facebook, Twitter, Viber), n’importe où et sans se déplacer. Mais on doit faire attention, surtout sur les réseaux sociaux où chacun est libre de faire ce qu’il veut. Les arnaqueurs et les informations fausses y sont fréquents».

Quant à Balla Tamboura, il avoue que le ‘’grin’’ est un lieu de rencontres pour discuter, échanger les idées et non un lieu de manipulation des téléphones et de ‘’tchatches’’. Ce sont deux choses différentes qui ne doivent pas être confondues. Depuis son apparition (téléphone), dit-il, les modes de vie ont changé et malgré son efficacité, il engendre beaucoup de problèmes dans notre société, tels que les accidents de circulation, les conflits dans les couples, et selon les spécialistes, il aurait un effet secondaire sur la santé.

En clair, nous pouvons dire que le téléphone a facilité beaucoup de chose dans la vie, il faut comprendre qu’il ne peut remplacer les rapports humains directs, car il n’y a rien de plus enrichissant que les contacts à travers des relations humaines directes.

Assétou Y. SAMAKE et Assan TRAORE /Stagiaires
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