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Région de Mopti: Insécurité foncière au cœur de Kounary
Publié le jeudi 1 septembre 2016  |  Le Républicain
Les
© aBamako.com par FS
Les femmes de Mopti
Les femmes déplacées de Mopti affectées par la crise du Mali




En plein hivernage, des chefs de village ont été informés de l’occupation de leurs terres dans sa partie la plus proche de la ville de Sévaré. Objectif : la construction d’un camp militaire sur plus 1100 hectares.

Dans le Cercle de Mopti, les populations des communes rurales de Bassirou, Fatoma et Kounary sont confrontées depuis quelques mois et cela en plein hivernage à un sérieux problème d’accaparement de leurs terres par un département ministériel de l’Etat du Mali. En plus des villages de Souma, Tiaboly, Moussawel, Niakongo et Sassourou qui y perdent leurs champs de case (base de leur récolte), ceux de Daladougou, Diaborki, Badiogo, Saréssana, Dégou, Sougui, Koni et Ouro Néma se retrouvent déposséder également des champs et la zone de pâturage pour tous. Ces populations qui ne vivent que de l’agriculture et de l’élevage vont se voir priver de 1100 Ha de leurs terres les plus fertiles et face à la tendance baissière des rendements des cultures et à la précarisation des pluies quant on sait que la combinaison des activités reste le seul levier pour la lutte contre la pauvreté de ces habitants.

Entre les 13 villages directement concernés il y a un espace total supérieur à 4000 Ha qui sert à la fois de champs de culture, de pâturage, de séjour du bétail avant la transhumance (la zone inondée étant impraticable pendant une partie de l’année), de source de bois de chauffe et de cueillette. L’observation des temps de jachère n’est possible que grâce à cette réserve. L’accaparement de la partie la plus cultivée conduira inévitablement au défrichement de ce qui reste de la forêt et une complète désorganisation des écosystèmes. En fait, la superficie convoitée se trouve être la plus proche possible de Sévaré et en même temps qu’elle s’étire en longueur avec la route Sévaré / Gao sur 4 km (de Souma à Moussawel). Face à la situation, les populations se sont mobilisées et ont entamé des consultations tout azimut.

Décision douteuse dans sa forme
La démarche est d’autant plus douteuse que l’information sur l’accaparement des terres est parvenue aux populations par une délégation spéciale venue de Bamako et délivrée non dans une mairie ou un village mais au poste de péage de Thy (Commune de Kounary). Selon nos sources, seuls le sous Préfet de Fatoma, un conseiller communal de la commune rurale de Kounary et quatre chefs de villages ont assisté à cette séance d’information. Ces mêmes sources ont indiqué que le premier nommé, ignorant l’objet de la convocation, a fait appel au second car seul concerné par les litiges en ces lieux relevant de sa commune. La mise à l’écart des élus locaux des deux autres communes reste une énigme à ce stade de développement de l’affaire.

Les chefs de village présents, impuissants et désabusés, se sont entendus dire qu’ils avaient l’autorisation d’exploiter leurs champs durant cette campagne agricole donc devant une décision arrêtée. Par ailleurs, les raisons qui ont amené les auteurs de cette action à délaisser l’inter land au profit des abords immédiat de la route coupant par ce fait les villages des sites de pâturage et d’approvisionnement du bois de chauffe même dans le cas de compensation des champs de culture paraissent obscures à ce jour.

Cela pour une hypothétique installation d’une institution à 5km des limites réelles de Sévaré en dépossédant des villages plus que bicentenaires. A cela il faut rappeler qu’il y a déjà eu plusieurs tentatives d’occupation des terres dans la zone par des lobbies de Sévaré / Socoura dans un passé récent (villages de Ouro Néma, Koni, Moussawel et Dégou).

Suite à ces informations, des chefs de villages ont entrepris des réunions et démarches. Ainsi, les chefs des différents villages ont tenu plusieurs réunions autour de leur doyen d’âge (le chef du village de Tiaboly) avec comme mission de lutter contre l’accaparement de leurs terres. Ils ont décidé d’aller à la rencontre de leurs élus, des autorités administratives, des services techniques, des autorités religieuses et de la diaspora. En prenant toutes ces initiatives, le Chefs de villages cherchent à éviter l’irréparable car déjà plusieurs jeunes ont renoncé à renter aux bercails pour la saison culturale et d’autres qui étaient de retour veulent repartir devant l’incertitude ainsi créée.

En perspective, les populations des trois communes de Bassirou, Fatoma et Kounary ont tenu à informer les autorités maliennes et à l’opinion nationale de leur profonde indignation et de leur souhait de garder leurs terres. Elles jugent inadmissible l’installation à 40m de leurs maisons d’une institution régalienne de l’état, l’affectation des terres cultivables les plus fertiles, les sites de séjours et de pâturage de bétails y compris les bœufs de labour et l’impossibilité d’accéder à leur source d’énergie en l’occurrence le bois de chauffe sans concertation ni sensibilisation. Aussi, ils se demandent pourquoi avoir retenu la partie de ce vaste espace qui se trouve aux portes de Sévaré avec comme point de départ le poste de péage?

Les populations sont surprises et s’inquiètent de la matérialisation des pressions sur leurs terres de la part des spéculateurs fonciers de Sévaré /Socoura? Autant de questions préoccupent ces populations : Qu’adviendra-il de ces terres si l’institution en question pour quelques raisons que ça soit s’avisait par rapport à cette proximité de la ville à réaliser son projet à cet endroit? N’existe-t-il pas un autre positionnement possible pour une utilisation plus rationnelle des installations prévues dans ce vaste espace ? Des réponses claires et nettes à ces questions lors de débats sincères entre les différents intervenants sont souhaitables pour le retour de la quiétude dans ces villages.

Fakara Faïnké
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