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Le président de la jeunesse URD, Abrahamane Diarra : “Le Mali a beaucoup reculé durant les trois ans d’IBK à Koulouba”
Publié le samedi 3 septembre 2016  |  Aujourd`hui
Conférence
© aBamako.com par Momo
Conférence de presse de Soumaila Cissé
Bamako, le 24 mai 2016 Soumaila Cissé a organisé une Conférence de presse sur l’affaire des 27 milliards de L’UEMOA a la maison de la presse




Dans une interview qu’il a bien voulu nous accorder, le président de la Jeunesse du parti Union pour la République et la démocratie (Urd), Abrahamane Diarra, nous donne son point de vue sur la gestion des trois ans du président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK) à Koulouba. Pour le premier responsable des jeunes de la principale formation politique d’opposition du pays, depuis l’arrivée aux affaires de l’actuel président, le pays a reculé sur le plan économique, mais aussi sécuritaire…Lisez plutôt l’interview.

Aujourd’hui-Mali : Quelle appréciation faites-vous de la gestion des affaires publiques durant les trois ans d’IBK au pouvoir ?

Abdrahamane Diarra : D’abord sur le plan sécuritaire, l’aspect sur lequel les Maliens ont plébiscité IBK à Koulouba en 2013, nous n’avons pas connu une grande avancée. Pour la simple raison que lors de son élection on parlait de l’insécurité au nord du pays, mais aujourd’hui cette insécurité s’est implantée au Centre avec des attaques à répétition dans la cinquième région et la plus récente c’est Tenenkou… Cette insécurité, faut-il le rappeler, arrive aussi tout doucement au sud du pays.

Il a été aussi demandé d’équiper notre armée nationale et une Loi de programmation militaire a été votée à l’unanimité depuis 2 ans, laquelle loi devrait permettre au pouvoir en place de procéder aux acquisitions de matériels militaires pour permettre à nos forces armées et de sécurité de jouer pleinement leur rôle. Le Gouvernement devrait aussi s’atteler à former suffisamment nos troupes afin de les préparer physiquement et mentalement aux défis actuels. Mais nous constatons que les dépenses que le gouvernement est en train de faire sont des dépenses de prestige. Des véhicules, un avion présidentiel…

Ce qui est plus grave, le président de la République, l’année dernière au camp Babemba de Sikasso, a tenu des propos qui ne rassurent ni les militaires, ni les civils. Parce qu’il a dit clairement qu’on l’empêche de payer des avions de combats, des hélicoptères. C’est vrai que ces équipements ne se trouvent pas sur le marché comme des bonbons, mais pour un Etat souverain comme le Mali, pour un régime qui a une vision claire, qui sait entretenir de bonnes relations avec les partenaires utiles, je pense que le Mali a suffisamment d’arguments pour se procurer des avions de combat. Donc sur ce plan, le Gouvernement a failli. Cela s’explique par l’instabilité même au niveau de l’instance dirigeante des forces armées. Quand vous preniez le ministère de la Défense, de l’arrivée du Président IBK aux affaires à nos jours, le pays se trouve à son troisième ministre de la Défense car il y a eu Soumeylou Boubeye Maïga, Ba N’Daou et Tieman Hubert Coulibaly.

Je pense que pour un pays comme le Mali qui veut sortir des problèmes, il faut mettre du sérieux dans le choix des hommes. Mais malheureusement, pour des détails, des questions d’orgueil, on fait sauter un ministre. Au-delà de cela, nous voyons une substitution du président de la Commission Défense, l’Honorable Karim Kéïta et fils du président de la République au ministre de la Défense.

Mais comment ?

Nous entendons, par voie de presse, que le président de la Commission Défense fait des déclarations selon lesquelles il va chercher des avions pour l’Armée (ndlr : information démentie par la suite). Bref, je n’ai pas d’autres preuves. Mais si cela s’avérait vrai, ce n’est pas de nature à arranger les choses car on connait les attributions du président de la Commission Défense, mais aussi, celles du ministre de la Défense. Nous devons prendre conscience de la gravité de la chose qui, au-delà du Nord, menace l’instabilité même du pays. Quand il y a la sécurité, un bon climat des affaires, les investisseurs vont affluer vers le pays. Et aujourd’hui, dans le contexte de globalisation et de mondialisation, tout pays a besoin des investisseurs étrangers pour asseoir sa croissance.

Au plan économique, il y a énormément de problèmes. Je commencerai par l’opération dite Ami Kane, à savoir l’opération de déguerpissement. Dans le fond, si toute la forme est observée, c’est une opération qui peut être la bienvenue dans un pays comme le nôtre car tout le monde aimerait voir sa capitale jolie, attrayante. Mais nous sommes dans un pays où le chômage des jeunes est récurrent, le gouvernement n’arrive pas à résorber le chômage des jeunes. Nous sommes aussi dans un pays où il y a très peu de lettrés. Dans ces conditions, si les gens n’ont pas de qualification requise, ils se débrouillent pour vivre. On appelle cela l’économie informelle. La plus grande part de cette couche de la population se débrouille dans les kiosques, les étals. Quand on nomme un gouverneur qui ne trouve d’autres tâches que de casser ces kiosques-là, je pense qu’il faut faire extrêmement attention car l’Etat a des droits, mais l’Etat a aussi beaucoup plus de devoirs.

Pour moi, cette opération de déguerpissement aurait pu procéder d’une vraie planification. C’est-à-dire qu’on approche les personnes concernées pour leur expliquer le bien-fondé de cette initiative. Un exemple, quelqu’un qui se trouve dans un kiosque, qui paye de l’argent à la mairie et aux impôts, quelque part, il va se dire qu’il a le droit de s’asseoir, pour la simple raison que l’Etat fait des prélèvements sur ses revenus.

Quand l’Etat décide que ces gens-là déguerpissent, il doit aussi s’assurer de leur trouver un site de recasement. C’est pour dire que ce qui manque à ce régime, c’est un dialogue franc car pour prendre des initiatives de ce genre, il faut dialoguer avec la bonne personne, la bonne cible. Il ne s’agit pas de rendre visite aux familles fondatrices de Bamako, ce ne sont pas les concernés. Les principaux concernés sont les jeunes hommes, les jeunes femmes qui gagnent leur vie à la sueur de leur front en vendant divers produits dans ces kiosques-là. S’il y avait un dialogue franc, les intéressés eux-mêmes allaient comprendre le bien-fondé et l’intérêt de cette opération.

En plus de cela, nous sommes dans un pays sahélien, on ne peut pas aussi demander aux boutiquiers d’enlever les hangars devant leur boutique. A mon avis, l’Etat devrait réglementer cela et faire en sorte que les hangars devant les boutiques ne dépassent pas un certain seuil car il fait très chaud ici au Mali. On se demande où les clients vont-ils trouver de l’ombre en attendant d’être servis car les boutiques sont exigües. Je pense que le régime actuel a du mépris pour le peuple malien.

Du coup, cette économie informelle va jouer sur l’économie. Si l’économie marche dans un pays, on va le sentir sur le pouvoir d’achat des ménages. Aujourd’hui, combien sont ces chefs de familles qui souffrent de stress, d’hypertension, par ce que pour trouver à manger trois fois par jour c’est un véritable problème ? Donc sur le plan économique, ça ne va pas du tout.

Mais si on vous demandait de résumer en un seul mot le bilan de ces trois ans, que diriez-vous ?

C’est un bilan négatif car quand vous prenez l’aspect politique aussi, nous sommes dans un pays de 1 241 238 km2 pour 15 millions d’habitants avec 200 partis politiques. Ceci n’est pas normal. Le gouvernement devrait œuvrer à la consolidation des formations politiques valables. Qu’est-ce que j’appelle formation politique valable, ce sont des formations politiques qui ont une représentativité sur l’étendue du territoire national, des élus au niveau des différentes institutions, des formations politiques qui mènent des activités politiques allant dans le sens de la sensibilisation des populations sur les questions d’actualités et d’intérêt national. Mais nous voyons que le gouvernement encourage plutôt la formation d’autres partis politiques pour dire que nous avons un tel nombre de partis dans la majorité présidentielle. Aussi, le gouvernement considère l’opposition comme son ennemi, l’opposition est certes l’adversaire, mais pas l’ennemi. Dans une démocratie, il faut au moins ces trois piliers, à savoir une majorité qui gouverne, une opposition qui veille au grain et une société civile qui joue également son rôle pour le bien-être des citoyens.

Quand vous voyez tout ce qui a échoué dans le pays, l’opposition a eu toujours à tirer la sonnette d’alerte en l’occurrence le cas de l’Accord car au début des négociations, l’opposition a demandé qu’il y ait des concertations avec l’ensemble des parties prenantes, société civile, opposition, majorité. Si ces concertations avaient été faites, la mise en œuvre de l’Accord n’allait pas piétiner de la sorte. Ce sont tous ces aspects qui expliquent l’insécurité aujourd’hui au nord, au centre et au sud du pays. En un mot, ce gouvernement a échoué. Une chose est sûre, le gouvernement formé par le président de la République ne peut pas aussi réussir tant que le Président n’a pas de vision claire. Nous pensons qu’il a toujours le temps de se ressaisir car son mandat est sur 5 ans et il lui reste deux ans.

Vous ne trouvez aucun domaine où il y a léger mieux ?

C’est une question difficile. Mais quand on regarde tous les secteurs d’activités, on se rend compte qu’il y a des problèmes. Vous savez, l’improvisation ne mène pas loin. Et nous avons l’impression que ce régime décide les choses le lundi soir pour les mettre en œuvre le lendemain mardi. Comme ça, c’est très difficile. En un mot, je suis désolé, je suis au regret de vous dire que je ne vois aucun domaine où ce régime a fait du progrès. Donc pour conclure, le Mali a beaucoup reculé durant ces trois ans d’IBK.

Entretien réalisé par Kassoum THERA
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