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Opération pain : Le prix de l’hygiène ?
Publié le lundi 5 septembre 2016  |  L’Essor
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© La Nouvelle Patrie par DR
Produits de pâtisseries et l’alimentation (du pain)




Les consommateurs ont eu la surprise de constater une augmentation du prix de la baguette dans les points de vente. L’opération « pain propre » a-t-elle viré à la surenchère ?
Très tôt jeudi matin, le sommeil des populations de Kalaban Adekène n’a pas été perturbé par les klaxons des motos des livreurs de paix. Mais les amateurs de café au lait accompagné du pain, au petit déjeuner, ont eu la surprise de constater qu’ils ne pouvaient pas acheter leurs baguettes chez le boutiquier du coin comme d’habitude. Pis, il y avait une augmentation de 50 Fcfa sur les prix au niveau des rares boutiques qui vendaient du pain. Le prix de la baguette de 300 grammes était donc passé de 250 à 300 Fcfa.
Interrogés sur les raisons de cette hausse inattendue, des boutiquiers, mal informés, ont affirmé que les livreurs de pain étaient en grève. Ils ignoraient que ce sont plutôt les syndicats des boulangers et pâtissiers qui avaient décidé, pendant trois jours, à la faveur d’une opération test, de vendre le pain sur les lieux mêmes de sa fabrication. Le but affiché était d’améliorer les conditions d’hygiène dans la fabrication et la livraison du pain aux consommateurs.
Aujourd’hui, la manière dont le pain est transporté par les livreurs, est décriée par tout le monde et constitue un danger pour la santé des consommateurs. Entassées dans des caissons mal couverts, les baguettes de pain traversent la ville sur des motos. Elles ont le temps de prendre la poussière et toutes sortes de germes dangereux pour la santé des nombreux consommateurs du pain.
Mais pour les livreurs de pain, mis en chômage technique pendant quelques jours, cette opération des boulangers n’est qu’une stratégie pour procéder à une augmentation pure et simple du prix de la baguette. Pourtant, précisent-ils, le coût d’acquisition du sac de farine reste inchangé.
Nous avons rencontré un livreur de pain qui se tournait les pouces devant une boutique. L’homme était amer et semblait sceptique par rapport aux raisons invoquées par les boulangers pour déclencher cette opération. Il croit savoir les vraies raisons. L’homme nous a expliqué en effet qu’il payait par exemple la baguette de pain à 200 Fcfa à la boulangerie pour la revendre à 225 Fcfa aux boutiquiers. « Ces derniers commercialisaient alors un pain à 250 Fcfa la miche », précise-t-il. Désormais, nous (les grossistes) acquerrons la baguette à 250 Fcfa, la revendons à 275 Fcfa aux boutiquiers qui sont obligés de la commercialiser à 300 Fcfa contre 250 Fcfa précédemment. Il y a donc une hausse des prix du pain qui ne dit pas son nom, en déduit notre interlocuteur. Le même raisonnement a été développé jeudi par le président du Syndicat national des revendeurs et livreurs de pain, Hamad Touré, au cours d’une conférence de presse (voir L’Essor du 2 septembre). Pour lui, l’opération des boulangers cachent mal une mésentente sur les prix du pain. Le responsable syndical des livreurs de pain exhortait les boulangers à s’asseoir à la table de négociation.
Pour en avoir le cœur net, nous nous sommes rendu dans une boulangerie de la rive droite. Là, quelques baguettes de pains étaient rangées dans une petite armoire non couverte. Le guichetier nous a appris que des boutiquiers sont venus s’approvisionner. Et que les quelques baguettes restantes étaient réservées aux acheteurs au détail. « Nous avons fait une production minimale aujourd’hui », nous ont confié des agents de la boulangerie sans en expliquer les raisons.
Youssouf Zerbo, un des boutiquiers arrivés à la boulangerie, a rebroussé chemin sans mot dire, visiblement en colère, et trainant derrière lui le sac vide qui devait contenir ses achats. La scène s’est déroulée sous les yeux des adolescents et des dames venus acheter du pain pour le petit déjeuner. Les clients de la boulangerie ne cachaient pas leur surprise en apprenant que la baguette se vendait désormais à 300 Fcfa. Des enfants ont dû retourner à la maison pour expliquer à leurs parents la nouvelle situation qui prévalait. Parce qu’avec 1000 Fcfa par exemple, on ne pouvait plus acheter 4 baguettes de 300 grammes. D’autres achetaient quand même, préférant éviter l’aller et retour. Mais tous ne se privaient pas de faire des commentaires peu favorables aux boulangers qui, estimaient-ils, avaient décidé d’augmenter le prix du pain, sans crier gare.
Les consommateurs seront peut-être obligés désormais de débourser 300 Fcfa au lieu de 250 Fcfa pour la baguette de 300 grammes. A moins que les autorités décident d’intervenir pour rappeler aux boulangers que le prix du pain ne peut être augmenté unilatéralement.
Ce ne sera pas le cas si l’on s’en tient aux confidences d’une source à la direction nationale du Commerce et de la Concurrence. « Le prix du pain est compris entre 250 et 300 Fcfa pour la baguette de 300 g et 125 à 150 Fcfa pour la miche de 150 g », nous confie-t-il. Et d’ajouter que ces tarifs sont conventionnels et infranchissables au risque de s’exposer à des sanctions. Ces prix ont été fixés en 2007 par un cadre de concertation réunissant tous les acteurs. Notre interlocuteur précise que le but était d’éviter une augmentation des prix du pain, proportionnelle au coût d’acquisition du sac de farine de blé qui prenait l’encenseur à l’époque mais qui baisse depuis des années.
Notre source juge raisonnable la fourchette actuelle des prix. Au regard des charges fiscales et d’électricité des boulangers. Il attire aussi l’attention sur l’existence de boulangers informels ne disposant ni du Numéro d’identification fiscale (NIF), ni d’autorisation d’installation ou d’exercice du métier. Ces « clandestins » produiraient le pain dans des conditions d’hygiène déplorables et vendraient la baguette à des prix défiant toute concurrence.
C. M. TRAORE

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