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Biram Dah Abeid, Président d’initiative de Résurgence du Mouvement Abolitionniste en Mauritanie IRA-Mauritanie: ‘’ Les pays africains doivent prendre au sérieux la question de l’esclavage’’
Publié le mardi 6 septembre 2016  |  Le Républicain




En tournée Africaine pour la sensibilisation des populations en vu de lutter contre l’esclavage, le Président d’initiative de Résurgence du Mouvement Abolitionniste en Mauritanie (IRA-Mauritanie), Biram Dah Abeid a fait escale à Bamako pour mettre en place la section IRA Mali. Après une conférence de presse qu’il a animé le jeudi 1er septembre 2016 à l’hôtel Radisson Blu de Bamako, l’infatigable défenseur des droits de l’homme a bien voulu nous accordé une interview. Dans cette interview, Biram Dah BEID a fait savoir que l’objectif de son Mouvement est de lutter contre l’esclavage, le racisme et toutes autres formes d’oppressions. Homme politique avec un parcours riche, Biram Dah BEID a invité les pays africains à prendre au sérieux la question de l’esclavage. Lisez !

Le Républicain : pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours ?
Biram Dah Abeid : Je suis un descendant d’esclave. Nous sommes des esclaves des Arabo-berbère, nous représentons les 50% de la population Mauritanienne. Mais nous sommes délaissés. Tous les crimes d’esclavage que nous avons amenés devant les tribunaux Mauritaniens ont été systématiquement refusés par les juges qui sont acquis à l’esclavage. C’est nous les défenseurs des droits de l’homme, les militants anti-esclavagistes qui partons en prisons par des peines lourdes injustes.

Concernant mon parcours, je suis juriste, j’ai obtenu une formation greffier dans les tribunaux de Mauritanie, j’ai fais un cursus universitaire à travers l’obtention d’une maitrise en Histoire à l’université de Nouakchott et d’un DEA (Diplôme d’étude Appliquée) à l’université Cheick Anta Diop de Dakar, je suis militant des droits de l’homme qui est devenu effectif à partir de 2008. J’ai fondé avec mes amis, l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) en Mauritanie, j’ai obtenu beaucoup de distinction internationale. Je suis candidat à l’élection présidentielle en Mauritanie en 2014. Malgré les fraudes massives, j’ai obtenu la deuxième place.

Parle-nous brièvement de votre Mouvement IRA ?
L’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) est un mouvement qui est né en 2008 qui lutte toutes les injustices mais qui met au centre de ses activités la lutte contre l’esclavage qui est toujours pratiqué en Mauritanie et qui est érigé en système d’Etat en Mauritanie. Notre objectif est de lutter contre l’esclavage, le racisme mais aussi pour tous les autres droits, contre la torture et pour la fondation d’une société égalitaire basée sur le droit.
Vous êtes à Bamako dans quel cadre ?

A Bamako comme partout en Afrique, nous sommes en tournée dans le cadre d’une action de sensibilisation des Africains, des élites africains, des sociétés civiles africaines et des décideurs africains sur la question lancinante et dangereuse de la perpétuation de l’esclavage en Mauritanie.

Quelles sont les difficultés rencontrées dans la mise en œuvre de votre Mouvement ?
On a rencontré l’interdiction systématique de notre mouvement par le dictateur Mohamed Abdel Aziz, l’interdiction systématique des politiques qui osent lutter l’esclavage. Le ciblage des défenseurs des droits de l’homme du pouvoir Mauritanien. Le gouvernement de Mohamed Adel Aziz utilise la violence, la répression, qui utilise l’instrumentalisation de la justice.
Selon vous, qu’est ce qui doit être fait par les dirigeants pour éradiquer la pratique de l’esclavage dans le monde ?

Je pense que les africains doivent se mobiliser pour mettre la Mauritanie en demeure, de déconstruire le système d’apartheid raciste d’exclusion dont la construction a été entamé depuis le coup d’Etat militaire de 1978 et qui a été renforcé. Les dirigeants doivent autoriser les organisations anti esclavagistes, anti raciste de s’exprimer et de permettre aux noirs de Mauritanie de pouvoir s’inscrire pour obtenir des pièces d’états civils qui leurs sont refusées par les autorités Mauritaniennes. Je pense que les pays africains doivent prendre au sérieux la question de l’esclavage. Je pense que les pays africains ne doivent pas continuer à prétendre qu’ils ne sont pas concernés par l’esclavage parce que l’esclavage n’est pas seulement Blanc, Européen, il y a aussi l’esclavage Arabo-musulman, esclavage peulh, arabe-berbère, touareg.

Toutes les ethnies africaines ont pratiqué l’esclavage et certaines parmi elles continuent à pratiquer l’esclavage d’une manière ou d’une autre. Donc les élites africains doivent se sentir concernés et doivent balayer leurs portes avant de dénoncer l’occident.
Quelles sont vos relations avec les autres organisations de défense des droits de l’homme ?
On a de bonnes relations avec toutes les organisations internationales des droits de l’homme mais aussi des organisations droits de l’homme déclarées dans les pays africains. Nous pensons que le soutien international est très fort pour notre organisation qui est l’une des organisations internationales les plus connues, les plus respectées et les plus prestigieuses pour la lutte contre l’esclavage.

Votre mot de la fin ?
Je confie la section IRA Mali aux membres de la société civile, aux défenseurs des droits de l’homme, aux journalistes et aux autres compartiments de la société civile et politique. La section IRA Mali vient après la création de plusieurs sections en Allemagne, en Italie, en Belgique, en France, au Canada, au Sénégal aux Etats Unies et en Côte d’Ivoire. La section IRA Mali sera un apport de plus pour la défense des droit de l’homme et pour la recherche de la dignité et du développement pour les africains.

Propos recueillis par Aguibou Sogodogo
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