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Mali : La malédiction
Publié le mardi 12 fevrier 2013  |  L’Inter de Bamako




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En effet le Mali fait parler de lui. Les évènements qui s’y déroulent, toute réserve gardée traduisent la tension, la calamité, le désarroi. De la désagrégation, l’Etat est passé à la décomposition. L’Adema s’est éclatée par suite d’un règlement de comptes en donnant naissance au MIRIA, RPM, URD. Cette décomposition tangible elle-même est la preuve d’une défaillance, d’une incapacité à s’assumer et à assumer un pouvoir. Le bouleversement spectaculaire a eu comme résultat le vide politique de 1968 à 2012.

Le tableau de la situation politique actuelle devient de plus en plus ambigu. Sa compréhension est aisée par l’homme de la rue qui au-delà des programmes et projets ne voit que la personne des leaders politiques ; pour ceux ou celles qui identifient les différences sur la base des programmes et des formations politiques et de l’orientation économique, politique et sociale de ces formations, il n’y a aucun doute les repères sont brouillés.

Les partis politiques et les grands rassemblements ont l’avantage ou l’inconvénient de concilier le chou et la chèvre ! Ni gauche, ni droite ! La politique c’est la politique ! Pourvu que les ambitions nourries se réalisent.

Qui est l’auteur de la crise ?

Comme si la crise que vivent au quotidien les maliens ne suffisent pas à démontrer l’irresponsabilité, pour ne pas dire l’échec, de la classe politique malienne, voilà que cette dernière se livre à un autre jeu, tout aussi suicidaire : la surenchère diplomatique. Dans ce domaine, chaque jour semble apporter son lot de surprise. Un peu à la manière des manipulateurs qui multiplient les scénarios pour nous faire oublier la crise.

Les protagonistes du conflit ne sont pas en manque d’inspiration en matière de médiation. Feignant d’oublier que le chaos dans lequel se trouve leur pays est davantage le fruit de leurs querelles fratricides et de leur soif démesurée de pouvoir que de l’absence de formules de compromis, ils s’évertuent à multiplier les manœuvres dilatoires. C’est sur ce registre que Dioncounda et son Front uni pour la démocratie et la République (FDR) se jouent des maliens. Ils sont aidés en cela par certains partenaires au développement au Mali.

L’entrée en scène de Dioncounda Traoré et les jacqueries, à peine voilée d’Ibrahima dit Iba N’Diaye n’augurent pas un climat de paix. Dioncounda Traoré a dit sur une chaine étrangère que : «La Coordination des Organisations patriotique du Mali (COPAM) ne gagnerait pas aux élections présidentielles à venir ». Pourquoi gaspiller notre argent lorsque le prochain président est déjà connu ?

Si on se comporte comme l’homme de la rue, on prend les effets on les analyse en s’écartant des vraies causes des problèmes. Le regroupement FDR et la COPAM ont un point commun en ce qu’ils ont été tous aux affaires de l’Etat : soit ensemble dans le même gouvernement ; soit en étant dans des institutions différentes.

Peu importe que les ruptures déclarées entre eux l’aient été sur la base des questions scrypto- personnelles ou claniques. Les différences dans les conceptions et orientations politiques sont si minimes que ce serait superflu de passer à la démonstration.

En fait, c’est Alpha Oumar Konaré qui a passé le flambeau à ATT dans des conditions très controversées en bafouant la volonté populaire. C’est important pour le débat aujourd’hui pour une solution durable à la crise. La leçon à retenir est qu’au Mali le peuple vote (18% de taux de participation depuis 1992 jusqu’en 2002) mais sa volonté n’est pas prise en compte.



La grande délinquance financière

Tout est à refaire au Mali. Toute la couche sociale a subi la corruption. La corruption, ces vingt (20) dernières années a été érigée en un système de gouvernance. Tous les secteurs de l’économie juteux restent dirigés par des délinquants à col blanc. Les conflits entre les deux regroupements politiques vont au-delà de ce que nous lisons dans la presse privée.

Politiquement gravitent autour des deux regroupements des secteurs de la moyenne bourgeoisie et de la haute bourgeoisie issus des rentes de l’Etat. Pourquoi et pour quelle raison Konaré a falsifié ou fait falsifier la volonté du peuple ? Dans cet ordre d’esprit, qui est l’auteur ou quels sont les auteurs de la dérive républicaine ?

Alpha Oumar Konaré et IBK ont participé à la falsification de l’histoire politique du Mali. La seule menace que constitue ATT aujourd’hui, c’est qu’il est le chef de file des secteurs de la moyenne bourgeoisie et de la haute bourgeoisie sur le point d’évincer économiquement le commerce et l’Industrie du circuit des opérateurs économiques. Si les partenaires ont nanti Alpha Oumar Konaré de plus de finance, c’est qu’il a ouvert les secteurs économiques de son pays à ses partenaires.

De même ATT aussi a encore mieux ouvert son pays aux partenaires. L’ADEMA qui a remporté les premières élections générales de 1992 sans difficulté n’avait nullement besoin de gouverner avec Samba ou Demba.

Cependant si Konaré a gouverné avec les autres, c’est parce qu’il savait que ces élections n’étaient pas fiables et pour ne pas être renversé en 1993 tout comme 1997, il s’ouvrit et les intellectuels affairistes de son pouvoir l’ont vaincu. Ces faits sont là, Konaré a pris le pouvoir dans des conditions très ambigües. ATT n’a pas été élu en 2002, plutôt imposé par la France.

Quant à Dioncounda Traoré, il a été nommé par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Safounè KOUMBA

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