Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Institut d’économie rurale : Les raisons d’une grève
Publié le mercredi 14 septembre 2016  |  L’Essor
Visite
© aBamako.com par Momo
Visite du Ministre Mahamene Baby à l’institut d’économie rurale
Bamako, le 03 decembre 2015 le Ministre Mahamene Baby a rendu une visite à l’institut d’économie rurale (IER)
Comment


Les revendications portent notamment sur la régularisation de la situation administrative du personnel fonctionnaire détaché mis à la disposition de l’IER, le recrutement du personnel contractuel dans la Fonction publique, la régularisation des indices des fonctionnaires détachés à leur départ à la retraite et la sécurisation définitive des parcelles d’expérimentation de l’Institut

Les travailleurs de l’Institut d’économie rurale (IER), notre vénérable centre de recherche agricole de renommée internationale et qui s’est affirmé comme le creuset du savoir et savoir faire agricole s’apprête à aller en grève de 48 heures du 15 au 16 septembre. C’est-à-dire demain jeudi et vendredi. Le mouvement est conduit par la section syndicale du Syndicat national de la production (SYNAPRO) de l’IER.

L’information a été donnée dimanche dernier au Centre régional de recherche agronomique de Sotuba (CRRA) par le secrétaire général adjoint de la section syndicale, Dr Bamory Diarra. Ce dernier était entouré de ses camarades syndicalistes pour animer un point de presse dans les locaux du Centre brésilien de recherche sur le coton, un des fleurons de la recherche cotonnière en Afrique.

Les syndicalistes avancent 5 points de revendications pour motiver leur mouvement de grève. Au nombre desquels, l’on retient, en premier lieu, l’annulation, pour ce qui concerne le personnel fonctionnaire détaché de l’IER, des arrêtés N°2016-0699/MTFP-SG-DNFPP-D1-3 du 5 avril 2016 et N°2016-0700/MTFP-SG-DNFPP-D1-3 du 5 avril 2016 portant licenciement de leur emploi de fonctionnaires pour non renouvellement de disponibilité ou expiration de la durée légale de la position de détachement.

Le syndicat demande en conséquence la régularisation de la situation administrative de tout le personnel fonctionnaire détaché mis à la disposition de l’IER, le recrutement du personnel contractuel de l’IER dans la Fonction publique, la prise en compte et la régularisation des indices des fonctionnaires détachés de l’IER à leur départ à la retraite. Et enfin, il souhaite la résolution définitive de la pression foncière sur les parcelles d’expérimentation de l’IER.

Les syndicalistes sont particulièrement remontés contre les arrêtés incriminés qu’ils trouvent discriminatoires et injustes. Selon le secrétaire général adjoint de la section syndicale, Dr Bamory Diarra, la direction générale de l’IER avec l’appui de la section syndicale du SYNAPRO et le ministère de l’Agriculture, a attiré l’attention, à travers de nombreuses correspondances, sur les irrégularités et injustices constatées dans les arrêtés pris par le ministère du Travail et de la Fonction publique.

Traitement administratif différencié. La section syndicale du SYNAPRO de l’IER se dit « amère en constatant que malgré toutes les démarches entreprises et toutes les preuves matérielles envoyées au ministère du Travail, de la Fonction publique, la question reste entière ».

A la suite du programme d’ajustement structurel qui a touché notre pays dans les années 1980, l’IER et d’autres structures ont connu des réductions de personnel et/ou des changements de statut des agents fonctionnaires. C’est ainsi que 550 fonctionnaires de l’IER à défaut d’être licenciés ont été versés dans le statut de détachement. Ils restent fonctionnaires de l’Etat, mais en position de détachement auprès de cette structure étatique qui s’est muée en établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST). Comme fonctionnaires en détachement, ils ont été régulièrement contrôlés comme tous les autres fonctionnaires. Aussi, en raison de ce statut, ils bénéficiaient d’un indice de salaire plus élevé que la moyenne des fonctionnaires de l’Etat. En conséquence, ils cotisaient plus que la moyenne des fonctionnaires de l’Etat restés dans le giron de la Fonction publique.

Les fonctionnaires en détachement ont tous déposé leurs demandes individuelles de rappel à l’activité en 2010, autrement pour passer dans le giron de la Fonction publique. A cette demande individuelle, la section syndicale du SYNAPRO de l’IER a constaté que seuls 53 des travailleurs concerné ont reçu une réponse favorable. Entre temps, ce sont 38 autres qui ont été licenciés parce qu’ils n’ont pas été rappelés à l’activité au terme de leur détachement.

Malgré, les multiples tentatives engagées pour corriger ce que le syndicat considère comme injustice, le département du Travail, de la Fonction publique serait resté sourd aux revendications malgré toutes les preuves matérielles apportées par les travailleurs, a dénoncé le secrétaire général adjoint.

« La situation des 459 autres fonctionnaires est incertaine. Beaucoup d’entre eux sont proches de la retraite. C’est le flou total sur leur sort. Nous ne savons pas à quel saint nous vouer quand la Fonction publique applique un tel traitement administratif différencié », a ajouté le syndicaliste.

les larmes de la colère. Toujours selon Bamory Diarra, les 459 autres sont dans la détresse et le désarroi car ils voient toutes leurs carrières (entre 20 et 40 ans d’activités exclusives au service de l’IER) bafouées.

« Aujourd’hui, l’inquiétude se lit sur le visage de tout le personnel de l’IER qui voit avec ces licenciements et le refus de rappel à l’activité, tant d’efforts et d’années de recherche passés au service de la Nation, passer par la trappe. C’est inadmissible », a martelé Bamory Diarra.

Un syndicaliste frappé par la mesure de licenciement à 2 ans seulement de la retraite avait des larmes aux yeux en évoquant sa situation qu’il n’a même pas osé révéler à sa famille. « Comment voulez-vous que je puisse expliquer à ma famille, à ma femme et à mes enfants qu’après 29 ans passés au service de l’IER, je suis licencié et que je ne pourrai plus faire valoir mes droits à une retraite ? », a-t-il déclaré les larmes aux yeux.

Par ailleurs, l’incertitude demeure pour ceux des travailleurs concernés qui vont à la retraite. Ils ne pourront pas non plus bénéficier des avantages que pouvaient leur conférer leurs cotisations salariales grâce aux indices qui leur étaient appliqués. Devant de telles incertitudes, la section syndicale du SYNAPRO de l’IER exige la régularisation administrative de tous les fonctionnaires en détachement.

Une autre revendication est le recrutement du personnel contractuel de l’IER dont le nombre s’élève à 200. Ceux-ci sont utilisés pour faire fonctionner les programmes de recherche. Ces agents qualifiés ont bénéficié de solides formations au sein de programmes de recherche qui les utilisent et sont aptes à assurer la relève des fonctionnaires, dont le nombre diminue drastiquement en raison des nombreux départs à la retraite.

Enfin la section syndicale du SYNAPRO de l’IER dit compter sur le gouvernement pour mettre définitivement à l’abri des convoitises insidieuses sur les terres agricoles de l’IER, particulièrement celles de Sotuba. En effet, les parcelles de ce Centre font l’objet de façon régulière de convoitises de la part de particuliers qui exhibent des titres de propriété sur un espace qui, du point de vue des chercheurs, doit être inaliénable.

C’est ainsi que tout récemment, les travailleurs ont été surpris par une visite inattendue d’une délégation du ministère de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable qui voudrait construire sur les terres de Sotuba une station de traitement de déchets provenant du District de Bamako.

Les syndicalistes rappellent que c’est le colonisateur français qui a délimité en 1926 les terres de Sotuba réservées pour la recherche agricole. Ces terres s’étendaient jusqu’au site l’actuelle Unité malienne des produits pharmaceutiques et englobait tout l’espace compris entre le site de l’UMPP et le fleuve Niger. Un autre domaine sir lequel sont érigés le Centre international des conférences de Bamako (CICB), le Mémorial Modibo Kéita, l’hôtel Azalaï Salam, la Cité administrative abritaient l’une des meilleures collections d’agrumes, d’avocatiers, d’orangeraies, de goyaviers et de manguiers en Afrique. Aujourd’hui, ce domaine comme celui de Sotuba s’est réduit comme une peau de chagrin.

Les syndicalistes évoquent les cas des stations de recherche agricole d’autres pays où il est impensable qu’un particulier prétende à un seul centimètre carré de l’espace dédié à recherche. Pour eux, les motifs ainsi énumérés sont suffisants pour déclencher un mouvement de grève qu’ils disent avoir décidé « contraints et forcés ». Le coup de semonce sera-t-il entendu ?

M. COULIBALY

Commentaires