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Le Combat N° 551 du 12/2/2013

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Nord du Mali : Le débat national sur les Casques bleus en terrain miné
Publié le mardi 12 fevrier 2013  |  Le Combat




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Faut-il des Casques bleus au Mali ? Troublantes actualités en cette période que ce débat sur les Casques bleus soulèverait en creux, croit-on le dire, sur la conduite pusillanime de nos dirigeants. Avant-hier soir, à «Questions d’actualité», les invités de l’ORTM ont voulu aller à tout prix au fond du sujet tout en évitant les jeux de posture.
Des soldats de l'Onuci

Des soldats de l’Onuci

Les Casques bleus sont-ils un symbole qui assoie la marque de l’ONU ? Posons tout de suite un premier constat après le débat télévisuel de l’autre soir : et si la bonne gouvernance dudit débat autour de l’arrivée des Casques bleus sur le sol national s’organisait autour d’une sorte de commission ou de comité national, respectant les équilibres au sein de la future équipe ? Il leur reviendrait alors de définition ou de nous proposer une politique de l’offre en la matière car tout le monde se dit que la grosse ficelle autour de ce débat sur les Casques bleus est dans ce que tout le monde se demande : le gouvernement malien a-t-il demandé cette arrivée ? Avec quels termes de référence ? Voilà planté le premier décor. Deuxièmement, si ce sont les termes de référence de l’intervention qui importe, à quels financements répondront les besoins des soldats onusiens ? Enfin, une autre question : la MISMA peut-elle glisser de sa position belligérante actuelle à celle d’une gestion de la paix ?

Les téléspectateurs ont passé une soirée tranquille en écoutant les invités détailler leurs priorités

Ce fut un débat comme on en redemanderait. Le pedigree des invités? Parce qu’à leur suite, beaucoup de préjugés tomberont à la poubelle. Nous avons pu faire une différence entre la mission des Casques bleus (Chapitre 6 onusien sur le règlement pacifique), une force d’interposition qui ne prend pas part aux combats. Notons que ces mêmes soldats ont un statut de personnes civiles, c’est-à-dire protégées. Au contraire de la MISMA qui est une force d’intervention (Chapitre 7 onusien) et qui sont des combattants. Cette MISMA n’ayant pas encore fini son travail sur le terrain, que ferait-on avec des Casques onusiens sur le même terrain ? La question interpelle les Africains. Une lenteur de la MISMA aurait-elle motivé cet appel aux Casques bleus ? Si elle est souhaitée, la force d’interposition africaine n’est pas prête. Nos invités se demandaient aussi si, avec leur logistique, les Casques bleus auraient à être cantonnés dans les villes. Ne faudrait-il pas plutôt aller vers les frontières ? Le problème essentiel étant d’apporter la paix ne suffit pas, il faudrait la garantir. Les invités du plateau sont revenus sur les différentes missions des Casques bleus depuis la création d’Israël, en passant par le Congo, le Rwanda, etc. Me Koné nous dira que nous avons un Conseiller de sécurité et de la paix à Addis Abeba, mais pas de forces combattantes de ce nom. Se souvient-on du massacre des camps au Soudan par les rebelles ? C’est la MISMA qui colle aujourd’hui à nos réalités de terrain. Des vérités furent distribuées sur le plateau entre Me Koné des droits de l’homme, le Pr AKORY, représentant des communautés de Kidal, M. Filifing Sako, ex-fonctionnaire onusien, et le Pr Dicko, historien. On entendra pourquoi le MNLA s’est auto-attribué telle victoire miliaire sur le terrain, qui a véritablement donné l’ordre de lapidation du premier couple à Aguel’hok (cet homme vivrait au Sud et il est connu). On apprendra que des milliers de tenues militaires ont été vendues au marché de Kayes, et last but not least le Pr Dicko nous dira que les politiciens ne se sont jamais donnés la peine de connaître le Mali, un vieux pays si divers. Concernant le dialogue à poser entre les communautés, on se heurterait à un premier niveau d’appellation (le mot «libération» dans MNLA). Avec qui peut-on discuter et qui fait quoi ? Qu’a-t-on fait du Nord depuis si longtemps ? Laxisme partout et les invités n’ont pas eu tort de chercher à «remastériser» nos références identitaires de ce pays. Il est difficile aussi de ne pas voir qu’on évolue dans un espace-temps du cinquantenaire de l’OUA (1963-2013), cette forge de nos grands principes directeurs africains. La longévité des propos du Pr Dicko nous parlera de cette histoire unique sur cette terre du Mali qui a survécu à tout ou presque. Lui et M. Sako mènent-ils un combat à l’ancienne ou sommes-nous en face de la désuétude de certains critères moraux ? Ces hommes du plateau d’un soir de télévision incarnaient sans désemparer cette phrase sentencieuse qui veut qu’on s’inquiète de ce que nous sommes.

S. Koné

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